L’équipe d’Algérie se trouve depuis lundi à Doha pour préparer la phase finale de la Coupe d’Afrique des nations prévue en Egypte du 21 qui au 19 juillet. Ce sera le baptême du feu pour son sélectionneur. Une première CAN en tant que sélectionneur que Djamel Belmadi aborde avec un sérieux indiscutable et surtout une vraie ambition.
Le natif de Paris veut tout simplement la gagner. En tout cas, lui et ses hommes vont tout faire pour y arriver. Et s’ils n’ arrivent ps, ils auront au moins eu le mérite d’avoir essayé. Dans un entretien brut de décoffrage qu’il avait accordé à la Chaine francophone de la radio nationale algérienne, la veille du voyage des Fennecs, il a abordé tous les sujets. Y compris ceux qui fâchent. Comme lorsqu’il fait l’état des lieux qu’il a trouvé à son arrivée en juillet 2018, une certaine pression médiatique malsaine où la mauvaise foi remplace souvent l’objectivité. Extraits.
L’ambition en Egypte ? Remporter le titre
«Je ne veux pas aller faire de la figuration. Lorsque je sillonne le pays et des gens me disent : « Ramène-nous la Coupe d’Afrique », je ne peux pas être indifférent. Certains diront : « Djamel t’a placé la barre très haut ». Je ne vois pas les choses sous le même angle. Je ne vois que de l’enthousiasme. La CAN est une compétition de valeur, qui va pousser les joueurs à aller vers l’avant et tout donner pour réussir. Après, si on ne réussi pas à remporter la Coupe, vous pensez que les Algériens vont nous tomber dessus ? Je suis sûr qu’ils vont comprendre. Je veux créer un état d’esprit qui rejette toutes les barrières de l’ambition. Il faut être positif, où alors il faut rester chez soi. Il ne faut pas avoir peur de la pression. Je prends tout sur moi. Nous n’allons pas à la guerre à ce que je sache ? Nous allons faire de notre mieux. On ira là-bas pour gagner. En tout cas, on va essayer d’y parvenir ».
Une règle : défendre ses joueurs et ses cadres
» Quant on tire à boulets rouges sur des éléments qui donnent tout pour le pays, tous les jours, cela s’appelle de l’acharnement. Du coup, on a établi un règlement intérieur avec l’accord des joueurs. Je leur ai demandé d’éviter de regarder les plateaux télé, les réseaux sociaux.. On a même tendance à tirer sur Mahrez, qui a pourtant gagné quatre titres ». Belmadi a par ailleurs à nouveau invoqué l’injustice du jugement qui frappe depuis un certain temps Islam Slimani.
Son modèle d’entraîneur ? Jurgen Klopp
« J’estime que la proximité avec les acteurs principaux que sont les joueurs, c’est très important. Je les place avant tout le monde, avant le président de la FAF, avant l’entraîneur. J’essaye de les responsabiliser, leur donner cette importance. Nous, nous sommes là pour les entourer et leur donner la possibilité de s’exprimer dans les meilleures conditions. La proximité est la clé de Jurgen Klopp, qui est différent de José Mourinho. C’est une question de personnalité: Klopp respire le football de façon naturelle et il se comporte de façon naturelle avec ses joueurs. Il ne se déguise pas. C’est un génie par excellence. Sa connaissance de situation de jeu de manière inné. Il est en avance sur les situations de jeu ».
L’Algérie ? Le choix du coeur, l’envie de relever le défi
» Pourquoi j’ai choisi de prendre la sélection ? Peut-on refuser l’équipe d’Algérie, surtout quand elle traverse une situation d’échec et qu’elle se trouve dans la difficulté ? Ma décision de dire oui, je l’ai faite sans prendre l’avis de qui que ce soit. J’ai discuté avec le président de la FAF pendant sept heures de football et nous avons réglé l’aspect contractuel en trois minutes ».
L’état des lieux en juillet 2018: un groupe au bord de l’abîme
L’ancien coach d’Al Duhail est particulièrement revenu sur l »état des lieux trouvé à son arrivé en juillet 2018. Une description sans filtre : » En arrivant en sélection, j’ai découvert un groupe au bord de l’abîme. Le mal était profond. Lorsque vous arrivez au sein d’une sélection qui reste sur des défaites face au Cap-Vert, à l’Iran, à l’Arabie Saoudite, c’est sûr que c’est compliqué. J’ai trouvé des joueurs très affectés ». Et l’on apprend que les hommes qui formaient l’équipe nationale dont il a hérité n’étaient pas tous exempts de reproches. Loin s’en faut. «Il n’y avait pas un état d’esprit d’équipe sain. Il y avait une mainmise de certains cadres de l’équipe qui contrôlaient tout. Il y avait une pseudo-équipe. Il n’y avait pas de compétition interne pas de concurrence. C’était pratiquement de la débandade et il fallait tout refaire. Devant cette situation, je ne devais me fixer aucune limite. Je devais refaire tout. Je voulais faire passer le message et croyez-moi cela n’a pas été aussi facile que cela puisse paraître ».
La critique médiatique ? Malsaine quand elle est subjective !
Dans le même entretien, l’ancien joueur de Manchester City n’a pas été tendre avec certains médias et nombre de consultants : « J’ai voulu faire passer un message à tout le monde, mais je crois que je ne me suis pas bien fait entendre ou bien certains ont fait exprès de ne pas vouloir entendre. Je ne comprends pas pourquoi certaines personnes passent leur temps à chercher la faille sur les plateaux de télévision. Ces gens ne font pas grand-chose pour aider et leurs interventions et analyses sont dictées par des règlements de comptes. Il y a de la haine qui se dégagent dans leurs analyses et croyez-moi je ne comprends pas pourquoi on ne veut pas être en paix au quotidien ».
Djamel Belmadi a certainement les épaules solides et capable d’affronter l’adversité mais il doit certainement s’attendre à affronter un tsunami en cas de résultats négatifs en Egypte.
@Cheikh Mabele