Des cinq équipes nord-africaines engagées dans les éliminatoires, l’Algérie est avec la Libye celle qui a le lus déçu après deux journées. Nonobstant les déclarations de Nabil Bentaleb qui affirmait avant le match face au Nigeria que l’Algérie faisait peur et qu’elle avait un statut à assumer, force est de constater que les Fennecs ne sont plus ces joueurs qui font trembler leurs adversaires. Petite histoire d’une grosse panne.
La réalité du terrain avec la défaite au Nigeria, précédée du match nul de Blida face au Cameroun, a rattrapé la réputation « d’équipe à battre » acquise par Mahrez et ses camarades sous l’ère de Vahid Halilhodzic. Cette époque semble donc bel et bien révolue. Depuis le fabuleux mondial brésilien, où l’Algérie a réussi à atteindre un historique huitième de finale, le niveau des Verts ne cesse de régresser et la cohésion qui avait prévalu à ce moment là s’est quelque peu délitée. Le dernier classement FIFA confirme la rétrogradation d’ El Khadra qui passe de la troisième à la cinquième position des nations en Afrique derrière la Tunisie et l’Egypte qui lui sont passées devant.
Une instabilité dans l’encadrement préjudiciable
Pour mieux comprendre pourquoi la sélection continue de s’enfoncer au point de devenir une nation qui n’est plus crainte sur le sol africain, il faut analyser la politique de la fédération algérienne de football à l’aune de sa gestion des techniciens qui se sont succédé, ces six dernières années, à la tête de la sélection. Vahid Halilhodzic demeure une exception dans ce panorama de coaches ayant drivé l’Algérie. Si le Bosnien a réussi à construire un groupe suffisamment solide pour réaliser un fantastique parcours au mondial 2014, il le doit à ses trois années passées à la tête des Fennecs. Cette stabilité, sans laquelle nul résultat sur la durée n’est possible, a porté les Verts à un niveau jamais atteint par le passé puisque le pays, en plus d’une qualification pour les huitièmes dans sa poule au Brésil, a longtemps dominé l’Afrique au classement FIFA. Malheureusement pour les millions de supporters algériens, depuis cette période, et en l’espace de deux ans, la sélection a connu trois entraineurs successifs. Si Cristian Gourcuff a presque tenu deux années, la météorite Rajevac a été éjectée au bout de trois mois – suite à une mutinerie des joueurs qui ne croyaient pas que le Serbe était l’homme de la situation – tandis que son successeur Georges Leekens, nommé fin octobre, pourrait connaitre pareille mésaventure si l’objectif assigné des demis-finales à la CAN 2017 au Gabon n’était pas rempli.
La mauvaise gestion du cas Gourcuff
On se souvient de la course emplie d’émotions de Sofiane Feghouli venant se jeter dans les bras de Cristian Gourcuff, après son but marqué face à l’Ethiopie (7-1), pour signifier l’attachement du groupe à son entraineur et pour tenter de le dissuader de revenir sur sa décision de quitter la sélection. Malheureusement pour le Hammer, le Breton, qui est têtu de nature, n’allait pas faire marche arrière. C’est quelques semaines après ces effusions publiques que l’ex-entraineur de Lorient allait donner sa démission. Cette douloureuse et inepte séparation, pour des raisons liées à l’environnement malsain autour de l’équipe, est intervenue au moment même où le natif d’Hanvec semblait avoir trouvé une identité de jeu plaisante et efficace. Les mauvais résultats accumulés depuis la fin de l’ère Gourcuff trouveraient-ils en partie leur origine dans ce divorce non admis par les joueurs? La révolte contre Milovan Rajevac, emmenée entre autres par Sofiane Feghouli, pourrait aussi avoir signifié inconsciemment à Mohamed Raouraoua, le président de la FAF, le désaccord à posteriori du groupe avec la décision de se séparer de l’ancien sélectionneur. Il ne serait dès lors pas étonnant que ces séquelles continuent de perturber les Fennecs.
Un manque de concurrence dans le groupe
Si l’instabilité prévaut à la barre technique d’El Khadra, c’est en revanche tout le contraire en qui concerne le onze de départ qui est aligné depuis plusieurs années. Malgré les résultats en dent de scie depuis le départ de Cristian Gourcuff, les joueurs convoqués, à de rares exception près, sont pratiquement toujours les mêmes. Et ceux qui ont le bonheur de débuter les rencontres ou d’entrer en cours de jeu sont invariablement ceux qui étaient là du temps de Vahid Halilhodzic. Qu’ils soient titulaires, en méforme, remplaçants ou relégués avec leurs équipes réserves, les places semblent relever du domaine réservé. Est-il normal qu’un gardien comme Rais M’bolhi, qui ne joue pas avec Antalyaspor, soit assuré de garder les bois algériens? Ou que Sofiane Feghouli, Yacine Brahimi – non titulaires en club – ou bien que des éléments évoluant dans des championnats ou divisions mineurs (Cadamuro, Tahrat avant son transfert pour Angers ou Belkaroui) soient appelés pour représenter le pays au plus haut niveau? Pourtant des solutions de rechange existent tant en Algérie qu’en Europe. Quelques jeunes pousses qui ont participé aux J.O (Benguit, Bendebka, Ait Atmane…) ou qui n’ont pas eu la chance de connaitre cette compétition (Bensebaini, Salhi) auraient pu se voir offrir une opportunité de porter le maillot lors des rencontres amicales proposées aux dates FIFA. D’autres éléments de valeur en Europe (Mehdi Terki, Idriss Saadi, Alexandre Oukidja ) mériteraient également d’avoir leur chance et d’honorer leur première cape. Hervé Renard n’hésite pas à faire une revue d’effectif avec le Maroc. Pourquoi l’Algérie se priverait-elle de ces dates FIFA pour tester des joueurs qui pourraient apporter un sang nouveau et instiller une saine concurrence qui ne peut qu’être profitable à tout le monde?
A quelques semaines du début de la CAN au Gabon, il serait salvateur que les dirigeants, à commencer par son premier responsable, remette un peu d’ordre dans cette maison Algérie. Il en va de l’avenir d’une sélection qui ne cesse de dégringoler. Et le plus dur n’est pas la chute mais la réception…
@ Nasser Mabrouk