Au lendemain de la séparation d’un commun accord entre Milovan Rajevac et la Fédération algérienne de football (FAF), Mohamed Raouraoua est intervenu sur la chaine publique pour donner son point de vue. Le président de l’instance dirigeante du football algérien a tenté de désamorcer un début de polémique qui pointait du doigt la responsabilité des joueurs dans l’éviction du technicien de 62 ans. Il tenu à préciser que la décision de quitter son poste appartenait exclusivement au Serbe.
Quatre jours après la première rencontre des éliminatoires à la coupe du monde 2018 en Russie, ponctuée par une triste production des Fennecs face au Cameroun (1-1), Mohamed Raouraoua est donc monté au créneau pour tenter de calmer le jeu et donner sa version des faits sur les événements qui ont animé les vestiaires. Pour sa seule sortie médiatique, le président de la FAF a voulu défendre ses joueurs, injustement accusés selon lui dans les médias et sur les réseaux sociaux, d’avoir été à l’origine du renvoi sélectionneur.«Il se passe des choses dans les vestiaires entre les joueurs et l’entraineur, cela arrive partout..Il y a eu des échanges mais cela n’a rien d’inhabituel. Les joueurs ne sont pas responsables du départ de l’entraineur Milovan Rajevac », a tempéré le dirigeant de l’instance de Dély Ibrahim.
Un peu plus loin dans l’ interview, le premier responsable du ballon rond algérien a justifié cette séparation à l’amiable en précisant que c’était le natif de Cajetina qui avait demandé a être déchargé de ses fonctions. Ce dernier ne supportant plus un climat devenu trop lourd pour ses épaules : « C’est l’entraineur qui a estimé qu’il avait des relations difficiles avec le groupe et qu’on lui mettait trop la pression, qu’on lui demandait trop ». On a peine à imaginer un coach, qui s’est vu offrir sur un plateau une des plus belles et prometteuses sélection que compte le continent africain, jeter l‘éponge au bout de deux rencontres disputées sous sa férule, et aucune défaite à son actif. Ce scénario est d’autant plus surprenant que le parfum unique d’une Coupe du monde n’était pas étranger à Milovan Rajevac. Ce dernier avait atteint avec les Black Stars ghanéennes les quarts de finale de cette compétition en 2010. Abandonner aussi rapidement sa mission alors que la campagne venait tout juste de débuter demeure par conséquent incompréhensible.
Éviter une nouvelle erreur de casting
Toujours est-il que ce couac qui ne dit pas son nom soulève deux interrogations. La FAF s’est-elle précipitée l’été dernier en misant sur le profil de l’ex-défenseur de l’Etoile Rouge de Belgrade ? La réponse est patente. Le renvoi express du coach, après trois petits mois d’activité, confirme qu’il s’agissait bien d’une erreur de casting. Ce choix avait-t-il été fait en concertation avec certains cadres de l’équipe? Visiblement, non. Après seulement deux rassemblements, le vernis entre le groupe et le sélectionneur a volé en éclats entrainant dans son sillage le départ du Serbe. Dans le football moderne, l’avis des tauliers qui forment l’identité d’une équipe doit être pris en considération. On voit mal les présidents de Barcelone ou du Real Madrid ne pas consulter Lionel Messi et Gérald Piqué ou Cristiano Ronaldo et Sergio Ramos avant de prendre une décision qui aura un fort impact sur l’effectif. Les joueurs de très haut niveau qui composent l’équipe d’ Algérie attendent de leur fédération qu’elle leur propose un technicien d’un calibre autrement supérieur avec lequel ils devront cohabiter.
On peut lire dans la mutinerie de dimanche comme un message indirect adressé au président de la fédé pour qu’il ne se trompe pas dans ses prérogatives. En ce qui concerne les Vert et Blanc, l’enjeu d’une nomination au poste de sélectionneur doit aussi intégrer l’idée de progression collective d’éléments qui n’ont pas encore donné leur pleine mesure. Etant les premiers joueurs à avoir franchi le premier tour d’une phase finale de coupe du monde, les camarades de Riyad Mahrez rêvent également d’être la génération qui offrira à l’Algérie sa troisième qualification d’affilée pour un mondial. Et pourquoi pas atteindre un historique quart de finale?. De cela dépendra celui qui sortira du chapeau de Mohamed Raouraoua.
@ Mansour Fodil