Suspendu pendant près d’une semaine par la FIFA, l’un des quatre pays fondateurs de la CAF s’est payé voici peu une petite crise. Il a surtout perdu deux clubs qui étaient en passe de se qualifier pour les quarts de finale des Coupes des clubs. Mais Hilal et Merreikh seront dans quelques jours en Egypte pour la Coupe de l’UAFA.
C’est la BBC, le 29 juin dernier, qui la première a révélé l’affaire : la fédération soudanaise était alors sur le point d’être suspendue pour l’instance faîtière du football internationale en raison d’une ingérence gouvernementale dans les affaires fédérales. Quelques jours plus tard, la FIFA suspendait effectivement le Soudan.
A l’origine de cette crise, une décision du Ministère de la Justice, à Khartoum, qui ordonnait que Mutasim Gaafar Sir Elkhatim, président élu de la Fédération et reconnu par la FIFA, soit immédiatement remplacé par Abdel Rahman Sir Elkatim. Ce dernier avait remporté les élections de la SFA en avril dernier, alors même que la FIFA avait précisé qu’aucune élection ne pourrait avoir lieu avant la toute fin de l’année 2017.
Immédiatement, le président en exercice, Mutasim Gaafar, alertait la FIFA sur la tenue de ces élections jugées « illégales ». A Zurich, la FIFA observait à distance la suite des évènements, prête à intervenir. Début juin, une nouvelle décision du sous-secrétaire du Ministère de la Justice donnait à la police le droit d’évacuer les locaux de la Fédération afin de faire place nette au président élu en avril. Il n’en fallait pas plus pour provoquer la colère de la FIFA. Qui dépêchait une délégation le 13 juin dans la capitale soudanaise afin de trouver une solution et pacifier le climat entre les deux factions et le Ministère de tutelle. En vain.
Le match justice soudanaise – FIFA
Le 27 juin, le Bureau de la FIFA accordait un délai de trois jours à la Justice soudanaise pour annuler cette décision et réinstaller le Dr Mutasim Gaafar, sans quoi « le Soudan serait automatiquement suspendu avec effet immédiat ».
Dans un passé récent, les suspensions décidées par la FIFA ont souvent eu des conséquences fâcheuses pour les fédérations récalcitrantes. Dans le cas du Soudan, ce n’est ni plus ni moins que la suspension des sélections nationales et des clubs engagés en Coupes d’Afrique qui était en jeu.
Ce que les clubs soudanais redoutaient a fini par arriver. Alors que El-Merreikh, engagé en Ligue des champions, jouait sa qualification à Sousse contre l’Etoile du Sahel, la Confédération africaine suivait la suspension décidée par FIFA. Match annulé. Quant au Hilal d’Omdurman, engagé lui aussi en LDC et supposé affronter les Mozambicains de Ferroviario Beira, son match était également annulé.
Deuxième club soudanais déjà qualifié en Coupe de la Confédération, le modeste Hilal de Obeid voyait lui aussi son dernier match contre les Zambiens de Zesco gelé. Résulat, Merreikh et Obeid étaient disqualifiés.
La déception des clubs, des dirigeants aux joueurs en passant par les encadrants était immense, à l’image du Français de Merreikh, Diego Garzitto, qui espérait cependant une levée de la sanction avant la fin du week-end. Peine perdue.
Prémices d’un exode des étrangers ?
Il a fallu attendre près d’une semaine avant que la justice soudanaise ne se décide à annuler la décision qui avait conduit à la suspension et subséquemment, à la disqualification des clubs. Malheureusement pour eux, les clubs soudanais n’ont pas bénéficié d’une quelconque clémence et la CAF a entériné sa décision.
Le week-end dernier, le Soudan devait se déplacer à Bujumbura, dans le cadre du premier tour des éliminatoires du CHAN 2018. Programmée à l’origine le samedi 15 juillet, la rencontre a finalement été reportée au 22. « A la suite des contraintes de temps qui ont empêché l’équipe soudanaise de prendre les dispositions organisationnelles et logistiques pour voyager à Bujumbura, le comité d’urgence de la Confédération Africaine de Football a décidé de décaler le match, dans un geste de compréhension.
C’est donc l’équipe composée de Mutasim Gaafar qui effectue le déplacement à Rabat (Maroc) pour l’AG de la CAF programmée les 20 et 21 juillet.
Parmi les conséquences directes de cette courte suspension, certains joueurs ont décidé de quitter le Soudan. On pense à l’attaquant ivoirien Cheick Moukoro, qui avait été prêté à Hilal Obeid, et vient de rejoindre le El Masry de Port-Saïd, où il retrouvera le goleador burkinabè Aristide Bancé.
Certains encadreurs, comme Diego Garzitto et son fils, paraissaient ces derniers jours tout proches de quitter El-Merreikh. Mais la levée de la suspension va permettre à Merreikh de disputer le championnat arabe des clubs UAFA qui commence en Egypte le week-end prochain. Les Garzitto devraient accompagner leur groupe au Caire et à Alexandrie, où le Hilal soudanais doit également participer.
@Samir Farasha