A partir du mois de mars 2018, notre collaboratrice Ana Catarina Trindade, l’une des rares préparatrices physiques de haut niveau installées à Doha, va animer sur notre site une chronique régulière consacrée au fitness et le lifestyle. Diplômée es-sports de l’Institut Polytechnique de Guarda et de l’Université de Porto, ancienne championne de taekwondo, elle a entre autres activités collaboré avec la Fédération qatarie de tennis. Nous repubions ci-dessous l’entretien qu’elle nous avait accordé il y a un an.
Dans un entretien exclusif, elle nous parle des spécificités de la préparation physique et de son expérience au Qatar.Le pays de la célèbre Aspire Academy.
– Vous avez travaillé en Andorre, au Portugal (Sporting Lisbonne?) En Espagne et aujourd’hui vous êtes à Doha: qu’est-ce qui vous a amené à faire cette choix professionnel?
Mon grand père, infirmer et masseur diplômé dans les années 50 à 70, qui avait travaillé pour l’un des plus grands clubs portugais, le FC Porto, a été pour beaucoup dans mon choix de carrière. C’était un excellent professionnel dont les dirigeants et beaucoup de fans du club s’en souviennent encore. D’autant qu’il s’occupait de plusieurs disciplines, du football au basket en passant par le hand, le cyclisme, le Hockey et même le roller… Récemment encore, il dirigeait une clinique de rééducation physique; Mon attirance pour le sport et l’éducation physique vient de là et des histoires qu’il m’a racontées lorsque j’étais jeune.
Cet intérêt et celle passion se sont concrétisés de quelle façon ?
Après les années de collège, je n’ai pas tardé à m’intéresser aux questions des dispositifs de récupération liés au sport ainsi que les questions de réhabilitation et de rééducation physique. En suivant une formation dans le massage et la réadaptation par le sport notamment à la Faculté de médecine de Porto. Par ailleurs, j’ai toujours pratiqué le Taekwondo avec une bon niveau. J’ai même été troisième du championnat du Portgal dans la catégorie ses 57 kg.
Le Qatar est également connu pour son centre de préparation sportive de renommée mondiale, Aspire Academy, collaborer avec lui?
Pour le moment, non . Mais a À Doha, avec mon expérience, j’ai l’occasion de montrer ce dont je suis capable. Je me sens très bien ici Mon travail est respecté, Les athlètes et mes employeurs reconnaissent eux-mêmes cette valeur. Et puis, surtout, j’apprends a m’adapter dans une société très différente de l’Occident; C’est une composante très importante dans ma profession? Pour le moment, je suis intégré dans un centre de remise en forme, le Where I Projet, réputé à Doha. Collaborer ave Aspire ? Pourquoi pas si mon niveau le permet.
Sur le plan sportif, ça bouillonne à Doha
Qu’est-ce qui différencie le travail que vous faites à Doha de celui que vous faisiez dans les clubs que vous avez connus en Espagne et au Portugal en particulier?
Ici ça bouillonne. Le Qatar est en train de s’installer dans le paysage sportif international. De nombreux événements sportifs y sont organisés. Et puis, il y a ce Mondial de football à préparer Cette manifestation sportive à venir et bien d’autres suscitent un intérêt nouveau pour les gens.Lesquels découvrent parfois de nouvelle disciplines et une nouvelle de mener une vie saine grâce au sport. Et si l’ont doit absolument tenir compte de la culture intrinsèque, très différente de celle où j’ai grandi, je dois avouer que les gens sont trés disciplinés dans ce qu’ils ont à faire. Et cela est très gratifiant pour un professionnel.
Quand on est une professionnelle de la préparation physique on trouve facilement sa place dans un environnement essentiellement masculin comme le sont les clubs de football?
Pour ma part, cela ne pose pas de problème. Personnellement, je n’ai aucun préjugé. Il y a de bons exemples de femmes qui préparent physiquement et mentalement des sportifs bien connus. Je peux dire que dans ce cas les hommes sont même très respectueux et conciliants. C qui facilite le travail de la préparatrice physique.
La Préparation physique signifie également de bonne connaissances scientifiques: biologie, anatomie, physiologie. Cela exige d’avoir de «gros bras», une bonne constitution physique mais aussi un cerveau bien rempli ?
Absolument. C’est pour cela que j’ai suivi plusieurs formations qui me permettent de faire face à toutes les situations et cas de figure. Aujourd’hui, un bon préparateur physique doit être l’avant-garde du savoir en mettant sans cesse à jour ses connaissances afin qu’il puisse les appliquer à bon escient et au moment qu’il faut. Tous les cas ne se ressemblent pas et nous devons être capable d’adapter la bonne thérapie. Cette formation passe aussi par la participation à des colloques où des intervenants très compétents débattent des nouvelles avancées dans ce domaine. Cela nous aide à mettre à jour nos procédures.
– Vous êtes également un coach personnel, mais vous avez sans doute envie de rejoindre un grand club afin de travailler avec des athlètes de très haut niveau ?
Mon expérience a déjà atteint un niveau appréciable même si je cherche toujours a améliorer mes performances Je n’ai que 26 ans et je suis intimement convaincue qu’un jour cela arrivera. Je travaille pour cette reconnaissance. Un jour, je rejoindrai une grande équipe pour aider de grands joueurs dans leur quête de la performance. A Doha, je bénéficie de beaucoup de soutien et j’ai la chance de faire mon travail dans la plus grande liberté.
Existe-t-il une typologie des différentes blessures selon que l’on pratique le sport dans une région côtière à climat tempéré ou dans une région chaude ou même brûlante comme le Golfe arabe ?
Cette question est très importante. Dans le Golfe arabe, le climat est brûlant. Même dans le « présumé » hiver, les jours sont chauds et quand il pleut, le temps est souvent orageux. Quand je suis arrivé, c’était le premier problème à affronter. Avec cette chaleur excessive qui excède les 38 degrés qui vous stupéfie. Mais avec le temps, on finit par s’y habituer. En vérité, tous les facteurs du climat obligent un athlète à s’adapter. Exemples: l’altitude dans les Alpes ou les Pyrénées donne un climat froid et sec, alors que dans les Andes, ce climat peut aussi être froid et chaud mais avec une humidité terrible. Dans ce car, pour se prémunir de différentes blessures essentiellement provoquées par des problèmes respiratoires en raison de l’altitude et de l’humidité, l’athlète a besoin d’une préparation spécifique. Ce n’est pas un hasard si par exemple dans les championnats du monde de football – impliquant des équipes originaires de cinq continents – les équipes se déplacent à l’avance sur le lieu de l’événement. Histoire de voir les joueurs s’acclimater. D’où la présence dans les délégation de préparateurs physiques, de techniciens de la santé, de nutritionnistes avec la charge de mettre les joueurs dans les meilleures conditions avant le début de la compétition.
Un athlète peut avoir le sentiment d’être « volé » par une blessure
– Vous préparez votre athlète seule où collaborez-vous avec d’autres spécialistes: nutritionniste, omnipraticien, diététicien, entraîneur de fitness du club?
La coopération avec les autres spécialités est essentielle si l’on veut mettre les joueurs dans les meilleures conditions avant le début d’une compétition. Il est crucial d’essayer d’illustrer nos cours, avec quelques notions de nutrition voire de régimes correctement préparés et / ou conseillés avec l’aide de techniciens de différents domaines. Cependant, l’athlète doit avoir un esprit de collaboration et suivre à la lettre le programme qui lui est tracé.
– Vos services sont-ils demandés avant et / ou après une blessure? On suppose que le contenu de la préparation est complètement différent alors?
Bien sûr, il doit y avoir beaucoup de soins après la récupération d’une blessure.Pour cela, j’applique la méthode que m’a enseignée mon grand père : proposer des exercices contraignants mais moins longs et correctement orientés vers la récupération de la blessure. Nous pouvons nuire à l’athlète si nous n’avons pas une parfaite connaissance de la nature de la blessure et/ou du niveau de sa condition physique.
– A l’exception de la maîtrise technique de la préparation, quelles sont les qualités supplémentaires requises dans la profession: patience, écoute, psychologie …?
Quand un athlète s’arrête, parce qu’il est blessé, son corps est susceptible d’être un peu plus paresseux et plus lourd. Il y a donc différentes façons de remédier à ça. Cependant, on attend de lui qu’il soit coopératif. L’athlète doit être prêt à faire face aux problèmes auxquels il sera confronté. Notre écoute est très importante. Par exemple, s’il a perdu un titre ou un trophée ou qu’il a le moral au plus bas parce qu’il a eu un souci physique à un moment où il allait être appelé à rejoindre son équipe nationale. La blessure subie lui a volé tout ce pourquoi il s’est battu et sacrifié pendant des mois ou des années. Le choc est encore plus grand selon l’âge du sportif. Il aura plus de raison de s »inquiéter s’il a déjà 28 ou 29 ans. Tout le monde le sait, le temps du sportif de haut niveau est limité. Alors, notre mission consiste à le soigner bien sûr, mais aussi à lui faire accepter la patience et parfois à admettre les conséquences négatives possibles.Le préparateur doit être en mesure de l’encourager et lui faciliter un retour à son meilleur niveau le plus rapidement possible. Il doit lui donner la force et lui faire sentir qu’il est en mesure de s’en sortir.
@Fayçal CHEHAT