Titulaire indiscutable dans le onze lavallois, Foued Chafik s’est imposé comme une valeur sûre en Ligue 2. Avec plus de 110 matches au compteur, le défenseur franco-marocain a même attiré l’œil du sélectionneur des Lions de l’Atlas , Badou Zaki, qui l’a inclus dans sa liste des 23 sélectionnés pour le premier match des éliminatoires de la CAN 2017. Agréablement surpris par cette annonce, le natif de Pierrelatte (Drôme Provençale) prend cette première convocation avec beaucoup de philosophie. Dans cet entretien, il nous parle de son parcours et de son bonheur de pouvoir exercer sa passion.
Après avoir été présélectionné, vous faites désormais partie des 23 convoqués par Badou Zaki. Quelles sont vos premières impressions?
Hamdoulilah je suis sélectionné avec les lions de l’Atlas un rêve qui devient réalité… Un grand merci à ma famille, mes ami(e)s qui ont toujours cru en moi. Merci aux autres pour les appels, textos et messages de soutien, ça fait chaud au coeur. Maintenant place au travail. Le plus dur commence. Il va falloir représenter et faire honneur à tout un peuple.
Vous évoluez à Laval, un club peu médiatisé. Avez-vous été surpris d’y figurer?
On ne sait jamais à quoi s’attendre. Il y a toujours une part de doute. Dans ce cas là, on peut dire que c’est une très bonne surprise (rires).
Sentiez vous que vous pouviez faire partie des plans de Badou Zaki?
Le coach et l’entraineur adjoint sont venus me voir jouer un match en championnat, à Laval. Par conséquent, je savais que j’étais suivi. Après la rencontre, nous avons discuté avec le sélectionneur et son adjoint, Mustapha Hadji. Le contact s’est très bien passé. Je ne peux toutefois pas savoir si je fais partie de ses plans.
Quel discours Zaki vous a t il tenu lors de votre rencontre ?
On a discuté de la sélection et de ma prestation, sans trop rentrer dans les détails. Je connais le coach. J’avais suivi la CAN en Tunisie où le Maroc était arrivé en finale. Je sais que c’est un meneur d’hommes. Le projet est de préparer au mieux l’équipe pour se qualifier pour la CAN 2017.
Ne craignez vous pas une campagne de certains médias marocains alors que évoluez en Ligue 2 dans un club qui ne joue pas les premiers rôles ?
Pas du tout ! J’ai l’habitude. J’arrive du monde amateur. Je sais qu’au départ, pour jouer en ligue 2, le club avait quelques craintes. Ce que je comprends. Mais une fois que tout le monde voit que vous réussissez à vous imposer, il n’y a plus de doute. La vérité reste le terrain. Cela ne me fait pas peur.
Pouvez vous nous décrire votre parcours ?
Il est très atypique. J’ai commencé le foot dès l’âge de six ans à Pierrelatte (Drôme Provençale). Ensuite, je suis passé par tous les niveaux régionaux en équipe Seniors : trois ans avec Pierrelatte (PHR), trois ans avec Montélimar (DH), un an de CFA2 et un an de CFA avec Valence. Après cette dernière saison, Istres m’a offert mon premier contrat professionnel à l’âge de 25 ans. J’y ai joué deux ans. Je viens de boucler cette année, avec Laval, ma troisième année en ligue 2.
Le foot ne semblait donc pas être une perspective professionnelle au départ ?
C’était un rêve de gamin. J’ai préféré privilégier des études pour avoir un bagage scolaire. Mes parents m’y ont beaucoup poussé dès le début. Une fois celles-ci terminées, j’ai décidé de me donner deux ans pour atteindre le monde professionnel. Avec du travail, de l’abnégation, du respect, j’y suis arrivé. El Hamdou Lilah.
Quelles sont vos qualités, et sur quels aspects pensez-vous avoir une marge de progression ?
Je suis milieu de formation. Cela fait quatre ans que je joue latéral droit. Je suis un joueur très calme. J’essaye de défendre proprement. Je suis rapide et assez porté vers l’avant. J’ai encore pas mal de choses à apprendre sur le poste. Je dois m’améliorer sur mes centres et sur la dernière passe.
Avez-vous des amis au sein de la sélection ?
Je connais pratiquement tous les joueurs de nom. J’ai aussi eu l’occasion d’en rencontrer certains durant la saison de ligue 2. J’ai ainsi pu échanger avec Houssine Kharja et Jamel Ait Ben idir. Ils ne m’ont dit que du bien de la sélection. J’en parle aussi souvent avec un ancien international, qui joue avec moi à Laval, Hassan Alla. Il m’a tenu le même discours. C’est une motivation pour se donner à fond.
La réintégration des Lions de l’Atlas suite à la décision du TAS d’annuler les sanctions de la CAF a été un soulagement au Maroc. Comment avez vous vécu toute cette affaire ?
Je suis le premier supporter des Lions depuis tout petit. Ce fût donc pour ma part un réel soulagement. L’annulation de la CAN au Maroc fût normale au regard des arguments avancés par la fédération concernant l’épidémie Ebola. J’ai trouvé les sanctions vraiment disproportionnées. Ne pas pouvoir participer à deux CAN aurait été un vrai coup dur pour le football marocain.
Le Maroc a du mal à s’imposer sur la scène africaine alors qu’il a un potentiel joueurs énorme avec toute sa diaspora. Comment expliquez-vous cette anomalie ?
Je ne sais pas du tout. Je n’ai jamais été dans le groupe. Il faut en faire partie d’un groupe pour pouvoir expliquer certaines choses.
Jouer dans un grand club marocain peut il être envisageable ?
Tout est envisageable dans le foot. Il ne faut fermer la porte à aucune proposition. La Botola PRO 1 est un championnat avec un bon niveau, voire un très bon niveau pour les grands clubs. Ce n’est pas pour rien que dans les compétitions africaines, les équipes marocaines arrivent à avoir de bons résultats.
Cette première convocation en sélection est-elle une source de motivation pour viser un club plus huppé ?
Il faut savoir qu’il me reste deux ans de contrat avec Laval. Je ne me prends pas la tête avec ça. Je me concentre sur le dernier match qu’il me reste à jouer avec mon club. Je laisse mon agent travailler. Pour l’instant, il n’y a rien de concret. Je suis un compétiteur. J’ai des ambitions. Je souhaite pouvoir un jour évoluer au plus haut niveau. On verra bien ce que l’avenir me réserve, incha’Allah.
Propos rcueillis par Nasser Mabrouk