Alors que Karim Benzema est toujours mis à l’écart de l’équipe de France par son inflexible sélectionneur Didier Deschamps, l’ancien international tricolore ( également écarté), Samir Nasri, a eu des mots forts pour défendre l’attaquant du Real Madrid mais aussi le Franco-Tunisien Hatem Ben Arfa.
Pour l’actuel milieu offensif d‘Antalyaspor (Turquie), il n’ y pas vraiment de doute: ces mises à l’écart ont bien une connotation raciste. Les origines de ces joueurs y sont pour beaucoup. Sur Benzema, Nasri avoue sa totale incompréhension: » Faire neuf ou dix ans d’affilée au Real, en éliminant toute la concurrence, qui que ce soit, avec six entraîneurs différents… Il faut savoir s’incliner, a-t-il confié lors d’un long entretien accordé à l’émission hebdomadaire Le Canal Football Club de Canal+, je suis désolé pour lui. Il a vraiment envie de rejouer en Bleu et je trouve que c’est injuste ce qui lui arrive. Il a répété haut et fort, il a clamé qu’il voulait jouer la Coupe du monde. C’est bête de se priver d’un joueur comme ça. Quand on voit l’éclosion de Mbappé, on pourrait avoir une attaque Mbappé-Griezmann-Benzema-Dembélé. C’est une bêtise sans nom pour moi. »
Sans élever le ton, le natif de Marseille, rappelle qu’il a également « payé » en quelque sorte le prix de ses origines maghrébines : « Les origines… C’est clair. Je l’ai vécu aussi. Je peux dire la même chose. Hatem Ben Arfa aussi. Je suis désolé, la saison que Hatem fait à Nice, il doit être à l’Euro. Qu’on me dise que Karim a un contentieux avec Deschamps sur le passé je veux bien, mais André-Pierre Gignac aussi et il a fait l’Euro. Karim a eu des déclarations malheureuses, je ne sais plus si c’était dans AS ou dans Marca, et on (ndlr Didier Deschamps dont la maison a été taguée) après l’interview du Merengue) a décidé de dire « c’est pour ça, les murs de chez moi ont été tagués, je ne lui pardonne pas, c’est tout ‘. Ce n’est pas une question de valeur sportive, ce n’est pas vrai, ce n’est pas possible. Normalement un entraîneur doit prendre les meilleurs joueurs ou les joueurs qui vont le faire gagner. On ne peut pas me dire qu’une équipe avec Benzema est moins forte qu’une équipe sans Benzema, ce n’est pas possible ».
Dans cet entretien plein de dignité et de franchise, Samir Nasri, qui a paru très apaisé et un tantinet détaché des affaires de l’équipe de France, a néanmoins relancé le pavé dans la mare concernant la mise à mort lente et cachée de la carrière internationale de l’un des plus brillants joueurs français de ces vingt dernières années.
@Cheikh Mabele