De gré ou de force, les présidents de clubs de football en France sont devenus des acteurs incontournables de la médiatisation croissante de leur sport. Si Jean Michel Aulas, franc-twitter invétéré, aime se prêter aux jeu des questions-réponses, la majorité de ses confrères préfère rester à l’écart du buzz médiatique.
Pour remédier à cette méconnaissance de l’opinion publique du rôle d’un dirigeant de club, les éditions Hugo&Sport ont décidé de publier Secrets de présidents .Une série d’entretiens avec quatorze personnalités du football français et international qui aide à mieux comprendre un quotidien jalonné d’événements parfois heureux mais surtout très stressants.Si le boss de Lyon peut se targuer d’avoir construit avec son Parc OL une formidable machine à cash qui suscite l’admiration de ses pairs, la majorité de ses collègues se débattent pour ne pas finir dans le rouge, et subir les foudres de la direction national de contrôle et de gestion (DNCG). Ce passage obligé est ainsi particulièrement redouté par tous les acteurs. Waldemar Kita (Nantes) ou Said Chabane (Angers) rappellent combien fût difficile ce premier face à face avec le gendarme financier du foot français. Une impitoyable instance qui contraint à apporter des garanties pécuniaires, y compris sur ses deniers personnels, alors que la présidence vient tout juste de débuter. Une fois intronisés, nombreux sont ceux qui, entrepreneurs ayant réussi dans le monde des affaires, constatent que le microcosme du football est un brin particulier.
Un job chronophage
Un milieu chronophage qui exige beaucoup d’énergie et de sacrifices selon Michel Seydoux (Lille). Josep Bartomeu (Barcelone) quant à lui admet qu’une des choses les plus difficiles est la « gestion de l’impatience de l’environnement et des supporters ». Un contexte unique qui fait dire à Jean Pierre Caillot (Reims) que « le président passe vite du chaud au froid » car il faut « prendre beaucoup de décisions en un temps court » dixit Said Chabane. Cette suractivité présidentielle ne va pas sans une médiatisation de tous les instants. Une réalité que Jean Pierre Rivère (OGC Nice) juge envahissante mais qui confère au patron de club un certain statut. Le Niçois concède d’ailleurs que ce rôle a un impact fort grâce à sa capacité à répandre du bonheur. Le président rémois reconnait de son coté qu’un dirigeant de foot, objet de toutes les attentions, dispose d’un vrai pouvoir politique à l’échelon de sa ville.
Si localement le football français pèse d’un certain poids, il n’en demeure pas moins qu’il commence également à s’ouvrir aux investisseurs étrangers. Et cette tendance pourrait s’étendre dans les années à venir. C’est ce que prévoit Michel Seydoux qui estime que la France du ballon rond évolue vite et tend à redevenir attractive. Alors que sera le paysage footballistique français dans les 10 prochaines années? Une bataille entre milliardaires venant d’ailleurs avec comme unique résistant un village gaulois nommé OL ?
@Nasser Mabrouk