Depuis une semaine, 2022mag consacre une série originale aux grands gardiens de but du football arabe. Le onzième et avant-dernier épisode de cette saga est aujourd’hui consacré à l’icône saoudienne Mohamed Al-Deayea, quadruple mondialiste et champion du monde U16 avec son pays.
C’est l’histoire d’un joueur qui, à l’instar de son frère aîné Abdullah, a voulu porter tout en haut de l’affiche le football saoudien. Et qui y est parvenu, certainement au-delà même de ses rêves les plus fous. Né en 1972, Mohamed Al-Deayea a débuté dans le handball où sa carrure athlétique et sa taille (1m92) étaient évidemment un atout considérable. A douze ans, il assiste à la télévision à la victoire historique de son pays -parce que la première- en finale de la Coupe d’Asie des Nations à Singapour. Un succès 2-0 sur la Chine, qui doit beaucoup à un gardien, Abdullah Al-Deayea, son propre frère ! Abdullah sera d’ailleurs désigné meilleur gardien du tournoi. Et il rééditera sa prestation en 1988 lors de la CAN asiatique suivante, remportée aux tirs au but devant la Corée.
Adolescent, Mohamed rejoint le club d’Al Ta’ee. Il participe à la Coupe d’Asie U16 en Thaïlande, qu’il remporte d’ailleurs sous la direction du Brésilien ivo Wortmann, et qui lui ouvre les portes de la Coupe du monde U16 en Ecosse en juin 1989. L’Arabie Saoudite se qualifie pour les quarts en terminant deuxième du groupe derrière le Portugal de Luis Figo. Elle élimine à la surprise générale le Nigeria aux tirs au but (0-0, 2 tab à 0). En demie, elle écarte Bahrain (1-0) et se qualifie donc pour la finale face à l’Ecosse, pays hôte. Etonnamment, les jeunes Saoudiens dominent les locaux (2-2, 5 tab à 4) avec un Al-Deayea toujours décisif !
Durant une décennie (1989-1999), il va fidèlement garder le but d’Al-Ta’ee tout en prenant le relais de son frère dans le but de la sélection A à partir de 1993. L’année suivante, il envoie son pays en Coupe du monde aux Etats-Unis, une première ! Pour l’anecdote, il est le seul champion du monde U16 en 1989 à faire partie du groupe des Mondialistes 1994. Ce tournoi marquera l’entrée des Saoudiens dans le concert international avec des victoires 2-1 sur le Maroc et 1-0 sur la Belgique, qui suivent un court revers 1-2 face aux Pays-Bas. Sous la direction de l’Argentin Jorge Solari, Al-Deayea dispute et perd le huitième de finale contre la Suède (1-3) mais le voici parmi les Grands du football, lui qui n’a alors rien gagné au pays. Deux ans plus tard, il remporte à son tour la Coupe d’Asie des Nations aux Emirats face aux Emiratis, tournoi dont il est élu meilleur gardien. Quatre ans plus tard, il sera finaliste de cette même AFC Cup mais se consolera avec le titre de meilleur portier.
Sur le plan mondial, la Coupe du monde 1998 pour laquelle son pays s’est qualifié va tourner au désastre. Et pourtant, il avait été élu Homme du match lors d’un amical contre l’Angleterre à Wembley (0-0) juste avant la CDM, en réalisant une quinzaine de parades décisives… En France donc, et après une courte défaite 1-0 contre le Danemark, il s’incline quatre fois contre la France future championne du monde. Un nul 2-2 face à l’Afsud complète le tableau. Après de longues années passées à Al-Ta’ee, Mohamed rejoint le Hilal de Riyad où il va accumuler les titres jusqu’à sa retraite en 2010 : Ligue des champions asiatique 2000, Coupe d’Asie des vainqueurs de coupe 2002, Super Coupe d’Asie 2000, champion national 2002, 2005, 2008 et 2010, Coupe nationale 2000, 2003, 2005, 2006, 2008, 2009 et 2010.
En sélection, il va encore disputer deux phases finales de Coupe du monde, en 2002 puis 2006. L’édition 2002 en Asie, où il porte le brassard, sera la pire avec douze buts encaissés et zéro marqué, dont un terrible 0-8 subi contre l’Allemagne… D’Allemagne, il sera encore question pour lui en 2006 même s’il ne sera pas aligné. Les Saoudiens résistent à la Tunisie (2-2) et à l’Espagne (0-1) mais sont étrillés par l’Ukraine (0-4). La sélection (les Faucons verts) lui aura tout de même permis de disputer quatre phases finales de CDM (4 matches en 1994, 3 en 1998, 3 en 2002, 0 en 2006) pour 178 capes officielles entre 1993 et 2006 (record national), de remporter une CAN asiatique, trois Coupes du Golfe (1994, 2002 et 2003), deux Coupes arabes des Nations (1998, 2002) sans oublier trois participations à la Coupe des Confédérations. En 1999, alors au faîte de sa gloire internationale, Mohamed Al-Deayea a été élu Gardien asiatique du Siècle par l’IFFHS. A 48 ans, celui qui jouait toujours avec un pantalon de survêtement noir goûte une retraite discrète et méritée. En 2012, il eut droit à un jubilé entre le Hilal et la Juventus de Turin.
@Samir Farasha
Demain, dans le dernier opus de cette saga qui s’est déroulée au cours des deux dernières semaines, nous évoquerons la génération actuelle des gardiens du football arabe.