Depuis hier, 2022mag consacre une nouvelle série aux grands gardiens de but du football arabe. Deuxième étape : l’Egypte avec l’immense Shoubeir, icône du Ahly cairote et des Pharaons.
Forcément, les plus jeunes ne connaissent aujourd’hui d’ Ahmed Shoubeir que sa silhouette un peu enrobée et son phrasé de commentateur-analyste du football actuel. Pourtant, et bien avant d’être une figure respectée de la télévision et des plateaux de sport, l’homme a d’abord été un formidable gardien de but. Et uniquement sous deux maillots, celui du Ahly du Caire, son club durant toute sa carrière, et celui des Pharaons d’Egypte, l’équipe nationale.
Né à Tanta, Shoubeir est doté d’une taille impressionnante (1m86) qu’il accompagne d’une belle détente. Mais il est en concurrence avec IKramy et surtout Thabet El-Batal, qui le précède au Ahly entre 1972 et 1991 mais aussi en sélection. Doté de qualités naturelles impressionnantes, Shoubeir apprend à vivre avec la concurrence de son aîné. Mais ce dernier perd de sa superbe à mesure que Shoubeir impose sa fraîcheur, sa jeunesse et ses qualités de leader. Batal dispute les CAN 84 et 86, remportant cette dernière au passage. Deux ans plus tard au Maroc, Shoubeir (28 ans) lui chipe le poste de titulaire, qu’il retiendra en 1992 et 1994.
Surtout, c’est avec Shoubeir que les Pharaons se qualifient pour la CDM 1990 en Italie. Signe qu’il fait désormais partie du gotha continental, il termine 7e du Ballon d’or africain de France Football en 1989. Lors du Mondiale 1990, Shoubeir ne commettra qu’une seule erreur, lourde de conséquences : ce but encaissé sur une sortie aérienne ratée face à l’Angleterre (0-1), consécutif à un coup franc et repris de la tête par Wright. Les jurés du BO africain ne lui en tiendront pas rigueur puisqu’il finit cette fois à la 5e place du référendum 1990. On parle de lui pour rejoindre des clubs anglais mais Shoubeir ne partira pas.
Au contraire, il continue de remplir l’armoire à trophées avec le Ahly : sept championnats nationaux, 5 coupes d’Egypte, une coupe des clubs champions en 1987, 4 coupes des vainqueurs de coupe, une coupe arabe des champions (1996). Au Ahly, il est devenu indéboulonnable durant toutes les années 1990. En sélection malheureusement, il ne remporte qu’un trophée majeur, la CAN 1986, mais en tant que doublure d’El-Batal. Il décroche aussi l’or à Nairobi aux Jeux Africains 1987. Au total, il accumulera 107 capes officielles. Sur le plan individuel, il recevra à trois reprises le titre de meilleur gardien du football arabe (1987, 1989, 1996). Il raccroche les gants justement en 1996, à trente-six ans, sans avoir connu le professionnalisme en Europe ou dans le Golfe.
Très vite, Shoubeir se reconvertit comme analyste du foot. On le côtoiera ainsi un après-midi de victoire finale au stade de Ouagadougou, quand son successeur Nader El-Sayed aide les Pharaons à gagner la CAN 1998. Bavard et passionné, il a trouvé sa voie… et sa voix ! Par la suite, « captain » Shoubeir sera élu vice-président de la fédération égyptienne (EFA). Il sera également appelé en qualité de dirigeant de la sélection olympique égyptienne.
Sur le plan personnel, le natif de Tanta sera élu au Parlement égyptien, sous les couleurs du NDP, le parti alors au pouvoir avec Hosni Moubarak, pour représenter sa ville de naissance entre 2005 et 2010. Mais aujourd’hui, il est surtout réputé et écouté en tant qu’analyste télé du foot, sur Nile Sport notamment.
A la manière du Tunisien Attouga comme on l’a vu hier lors du premier épisode, Shoubeir a pavé la voie à de nombreux gardiens de qualité dans son pays, de Nader El-Sayed aux deux El-Shennawi, en passant par Awad et Essam El-Hadary, dont la carrière internationale a justement basculé en 1996… l’année de la retraite de Shoubeir. El-Hadary, par son palmarès (37 titres !) autant que par sa longévité (il a disputé la CDM 2018 à 45 ans), aura fini par doubler l’icône du Ahly, club qu’il a rejoint en 1995 au moment où l’étoile de son idole commençait à pâlir…
@Samir Farasha