A partir d’aujourd’hui et durant quinze jours, 2022mag consacre une nouvelle série aux grands gardiens de but du football arabe. Première étape : la Tunisie avec son monument Sadok Sassi, alias « Attouga ».
Pour ce premier épisode, 2022mag a choisi de se pencher sur l’histoire d’un « titi tunisois », ainsi que notre confrère Faouzi Mahjoub l’a baptisé dans son ouvrage consacré à « Trente ans de CAN (1957-1988 ». Issu du quartier populaire de Bab Jedid, le fief clubiste, Sadok Sassi est enrôlé dès ses treize ans par le Club Africain de Tunis. Le gamin formé au foot des ruelles de la capitale démontre assez vite de réelles qualités naturelles au poste de gardien de but. Un rôle qu’il endosse et qu’il ne quittera plus. A 17 ans (1962), le voici même international juniors, lui qui a débuté au CA l’année précédente après avoir été repéré par l’Italien Fabio Roccheggiani.
Quelques mois plus tard à Accra (1963), sa progression naturelle et ses qualités le conduisent directement à l’équipe nationale A engagée en Coupe d’Afrique des Nations, où il passe devant le titulaire, Mohamed Kanoun (Etoile du Sahel).
Malheureusement pour lui, le jeune gardien encaisse but sur but, contre le Ghana et l’Ethiopie. Il n’empêche, le staff technique continue de l’appeler, conscient qu’il va continuer à s’améliorer et à gagner en gestion des grands matches. Deux ans plus tard, la Tunisie est de retour en phase finale de CAN, un tournoi qu’elle abrite d’ailleurs et dont elle va atteindre la finale. Face à Sadok Sassi, alias « Attouga » (le poussin en dialecte tunisien), l’immense Ghana qui finira par s’imposer 3-2. Encore un mauvais souvenir…
Sur le plan national, Attouga est de tous les sacres en championnat (5) et en coupe nationale (9). En 1972, la CAF le sélectionne pour participer au Brésil à la Taça Independencia (sorte de mini Coupe du monde) au sein de l’équipe d’Afrique dirigée par Rachid Mekhloufi. Voilà bien le signe qu’il est considéré comme un grand à son poste. Il y a affronté notamment l’équipe de France dont il portera souvent ensuite le maillot bleu en championnat comme on le voit sur certaines images d’époque.
Indéboulonnable dans le but clubiste comme en sélection, il est évidemment de la « traversée du désert » de la Tunisie qui ne refait surface sur le plan international qu’en 1978. D’abord, en disputant sa première CAN depuis 1965. Eliminé en demi-finale lors de cette CAN au Ghana par le pays organisateur, il incite ses coéquipiers à quitter le terrain lors du match de classement. Ce qui provoquera la suspension de la Tunisie pour deux ans.
Il est ensuite de l’expédition de la Tunisie en Coupe du monde du côté de l’Argentine, une première historique pour son pays et sa génération. Mais, âgé de 33 ans, Attouga a nettement perdu de sa prestance et de son efficacité. Chetali, le sélectionneur, ne l’alignera pas, lui préférant le jeune Mokhtar Naïli -sa doublure en club- après la claque reçue à Tunis contre les Pays-Bas (0-4) peu avant la CDM.
Déjà retraité de la sélection, sa carrière en club prend fin un an plus tard en championnat contre la JS Kairouan, en juin 1979, à 34 ans. Attouga porte plusieurs records : outre ses 16 années sous le maillot national (116 capes), il a joué pour un seul club, le CA entre 1958 et 1979, et aligné 415 officiels sous le maillot clubiste où il est sans égal.
Il est devenu par la suite manager général dans son ancien club, le Club Africain de Tunis. Il y a quelques jours, le CA a révélé son onze type du siècle après une consultation sur ses réseaux sociaux. Sans surprise, Attouga fait partie de l’équipe type et rejette sa doublure Mokhtar Naïli sur le banc des remplaçants. Encore aujourd’hui, il est considéré comme le meilleur gardien de but de tous les temps dans son pays, réconciliant clubistes et espérantistes autour de lui. Il est en quelque sorte le « Père » de la génération spontanée de gardiens qui ont ensuite balisé le football tunisien depuis la moitié des années 1980, de El-Ouaer à Ben Cherifia et Ben Mustapha, en passant par Bourchada, Boumnijel, Bedoui, Jeridi ou encore « Balbouli » Matlouthi.
@Samir Farasha
Demain, le 2e épisode de la saga des grands gardiens de but du football arabe sera consacré à l’Egyptien Ahmed Shoubeir.