Depuis le début de la semaine, 2022mag consacre une nouvelle série aux grands gardiens de but du football arabe. Troisième étape : l’Algérie et son premier Mondialiste dans le but, l’inoubliable Cerbah qui mit en échec la RFA en 1982…
Pour des dizaines de millions d’Algériens présents sur le sol national ou depuis leur exil français, il demeure à jamais celui qui mit en échec la RFA lors du Mondial 1982, un 16 juin au stade El-Molinon de Gijon. C’est ce gardien, de taille moyenne (1m74) mais au placement parfait qui empêcha tout simplement les champions d’Europe 1980 d’égaliser devant la maestria algérienne qui avait repris l’avantage à la 69e minute (2-1) pour ne plus le lâcher. La légende Mehdi Cerbah n’est pas née cependant à l’issue de ce match. Elle faisait son chemin depuis un certain déjà, comme on va le découvrir.
Algérois de naissance, Cerbah a d’abord fait ses gammes à l’USM Alger où il est barré par son aîné Zebaïri. En 1972, alors qu’il a 19 ans, il prend une décision importante en rejoignant la JS Kabylie. Trois ans plus tard, alors qu’il effectue son service national auprès de l’EMEPS à Alger, il se transforme peu à peu en un gardien plus mûr, dans son jeu et dans sa façon de commander la défense. Il est appelé en équipe nationale pour la première fois cette année-là, après avoir participé à la conquête des championnats 1973 et 1974. D’autres suivront avec la JSK (également connue comme JET Tizi Ouzou) en 1977 et 1980.
Avec la « Verte », il remporte les Jeux Méditerranéens d’Alger 1975, un tournoi où il bat la France à deux reprises : en poule (2-0) puis en finale (2-1) ! En passe de devenir indéboulonnable à ce poste, Cerbah continue de conquérir les lauriers avec la JSK /JET, comme cette coupe d’Algérie 1977. En 1978, il est également de l’épopée de la sélection victorieuse des Jeux Africains d’Alger, avec un succès (prémonitoire) contre le Nigeria 1-0. 1980 sonne la fin de son aventure avec la JSK / JET, puisqu’il répond favorablement à l’appel du Raed Kouba (RCK), un club algérois qu’il va aider à décrocher le championnat 1981. Mais entre-temps, Cerbah et ses frères disputent la finale d’une CAN, la première pour l’Algérie, contre le Nigeria à Lagos. Certes, la défaite est lourde (0-3) mais Cerbah a démontré qu’il faisait partie du gratin continental à son poste. Son aîné Boubekeur, le taulier de l’équipe du FLN, a trouvé un héritier de qualité.
Lui et ses coéquipiers vont tirer les leçons de cet échec pour écarter un an plus tard le même Nigeria lors du dernier tour des éliminatoires de la Mondial 1982. Naturellement, le calme et la solidité de leur gardien vont peser (2-0, 2-1). Sans surprise, Cerbah sera titulaire lors des trois matches de la sélection en Espagne, quelques mois après une CAN en Libye mitigée (4e). A l’issue de cette Coupe du monde espagnole où il sera apparu sous un jour très favorable, il quitte le Raed Kouba pour sa seule expérience loin de l’Algérie, pendant environ un an et demi en Amérique du Nord où il a rejoint le Manic Montréal (Canada, NASL). Là-bas, il participe notamment au championnat indoor (en salle) lors de la saison 1983 où il sera désigné parmi les meilleurs joueurs défensifs. L’année suivante, Cerbah, qui a déjà 32 ans, retrouve le RC Kouba où il va terminer sa carrière nationale en 1987. Entre temps, sa carrière internationale a déjà pris fin dès février 1986 avec un ultime match amical contre l’Arabie Saoudite, et les chiffres ne s’accordent pas sur le nombre de ses matches en sélection, puisqu’ils varient de 62 à 73 capes… Certains spécialistes l’ont aussi désigné meilleur gardien de but de l’Histoire pour l’Algérie. Il deviendra par la suite entraîneur national chargé des gardiens pour les différentes équipes du pays.
Agé aujourd’hui de 67 ans, Cerbah, pour l’histoire, n’est pas le premier gardien du monde arabe à avoir disputé une Coupe du monde puisqu’il fut devancé par le Marocain Allal (1970) puis par le Tunisien Naïli (1978). Mais il demeure à jamais le premier Algérien. Dans sa foulée, ses jeunes compatriotes El-Hadi Larbi et Nacer Drid disputeront la CDM 1986 au Mexique. Ce sera ensuite au tour du fantasque Faouzi Chaouchi (2010) puis de Raïs Mbolhi (2010, 2014), certainement celui qui se rapproche le plus de Cerbah en termes de régularité et de sobriété. Un bel héritier, dont on aura l’occasion de reparler…
@Samir Farasha
Demain, on retrouvera le 4e épisode de cette saga consacrée aux gardiens, avec un épisode consacré au Marocain Allal.