Champion du Rwanda 2013 avec le Rayon Sport. Champion du Cameroun 2014 et 2015, vainqueur de la coupe nationale du 2014 et demi-finaliste de la Coupe de la Confédération 2014 sur le banc du Cotonsport de Garoua. Sauvetage du CS Constantine avec une 3e place lors de la phase retour 2016. Didier Gomes s’est taillé une carte de visite impressionnante en l’espace de quelques années. Cette saison, le Français a décidé de mettre son vécu et ses compétences au service de la JSM Skikda, en D2 algérienne. Relégable à son arrivée en novembre, le club est aujourd’hui en lice pour la montée. Rencontre avec un technicien HEU-REUX qui joue la montée dès ce vendredi contre Saïda.
« Didier, quelle mouche vous a piqué de venir diriger la JSM Skikda en D2 Mobilis, alors que vous sortiez d’une mission terminée abruptement au CS Constantine, où vous avez entamé la saison 2016-17 ?
J’aurais pu signer ailleurs en Afrique après le CSC et d’ailleurs j’avais reçu des propositions en ce sens. Le président de la JSMS m’a alors fait cette offre de mener ce projet d’accession en D1 sur deux ans avec une équipe alors moribonde. J’ai accepté…
…Et vous avez eu raison !
Effectivement, puisque quatre mois plus tard, Skikda joue l’accession. Paradou a déjà validé son ticket pour la D1. On reste donc quatre clubs pour deux places : Blida, Bejaia, Biskra et nous. Nous revenons de loin mais maintenant que nous sommes positionnés pour réaliser l’objectif, faisons preuve d’ambition !
D’autant que vous êtes suivi par une base populaire très forte…
Ecoutez, depuis plusieurs mois le stade accueille régulièrement 30 000 spectateurs par match. Ce public extraordinaire qui nous porte me rappelle celui que j’ai connu au Rwanda lors de mon passage au Rayon Sport. C’est quelque chose de très positif.
Comment expliquez-vous le sursaut de votre club au classement ?
On a mis en place un projet de jeu que l’on travaille au quotidien : la possession. Conserver et déséquilibrer. Certains supporters m’ont dit que je leur rappelais le coach soviétique de l’équipe dans les années 1980. On a énormément bossé pour ça. A la trêve, on est partis en stage à Sétif où on a effectué 19 séances en l’espace de treize jours, plus des matches d’application. Dans la foulée, on réalise une belle phase retour.
Quels sont les atouts de votre effectif ?
Je ne possède pas d’individualités exceptionnelles. Mais le projet de jeu les met en valeur. Le bloc défensif est solide et l’équipe est très disciplinée sur le terrain. On a juste recruté deux éléments, un dans le compartiment défensif, et un meneur de jeu au MC Oran pour donner plus de liant au milieu de terrain. Au total, on ne dispose que de vingt joueurs.
Vous jouez gros ce vendredi, avec un déplacement à Saïda…
C’est exact, et face à une belle équipe. On regrette notre défaite il y a dix jours contre Bejaia, un concurrent, alors que l’on s’était créé énormément d’occasions. Maintenant, à quelques journées de la fin, ça passe ou ça casse. J’ai eu une réunion avec mes joueurs juste après ce revers pour « redynamiser » les têtes.
Personne ne vous a vu venir !
C’est pour ça que je dis que l’on doit jouer notre chance à fond. Les commentateurs disent que nous sommes l’équipe surprise de la saison. Je suis arrivé après douze journées et on était loin de tout ça. Aujourd’hui, à quatre matches de la fin, il faut continuer à surprendre. On peut le faire !
On vous a connu sur d’autres bancs africains et on vous sent épanoui depuis le début de cette mission à Skikda…
C’est le cas Je suis vraiment très heureux ici, le challenge proposé m’a reboosté, tout autant que la chaleur de notre public, et des supporters skikdis.
Le niveau du championnat (D2) ne vous a pas rebuté en tout cas…
Pas du tout. C’est un championnat très homogène avec de belles individualités, et des clubs qui jouent bien. C’est le cas du Paradou, emmené par son entraîneur espagnol, et qui aura largement sa place en D1.
Parlez-nous un peu de votre encadrement technique…
J’ai trouvé sur place des gens honnêtes dans le travail et très fidèles. Mon adjoint Messaoud Khellout m’apporte beaucoup de sérénité. J’ai plaisir à travailler avec ce staff !
Votre effectif, vous l’avez dit, est homogène…
Oui, avec uniquement des joueurs algériens, pas de joueurs étrangers ou originaires de France. Et beaucoup de garçon de la région. J’ai un excellent gardien, Khiter, taillé pour la D1. Et un défenseur axial, Ziad, de qualité.
En cas de montée d’ici quelques semaines en D1, le club pourra-t-il justement changer de statut ?
Tout est réuni à Skikda pour faire de la JSMS un très bon club de D1. La wilaya est attentive à nos résultats et le wali lui-même ne cesse de nous encourager. La ville vit pour son club. Je sens aussi que les gens aimeraient que je reste ici quelle que soit la suite. J’aime la ville qui me rappelle un peu Antibes (Gomes Da Rosa est originaire de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur, NDLR).
Et ?
Je me suis engagé jusqu’à la fin de la saison avec comme premier objectif d’enrayer la chute au classement. Surprise ou pas, on a mérité de nous mêler à cette lutte pour l’accession, même si on a eu un petit passage à vide en février.
Votre nom continue de circuler ailleurs en Afrique…
Je n’ai pas de regrets d’avoir accepté Skikda par rapport à d’autres propositions. Je fais le job que j’aime tous les jours avec un public passionné qui nous pousse. Nos conditions d’entraînement sur le terrain synthétique du stade sont bonnes. Et on m’a raconté l’anecdote suivante, que même les grands-mères ici parlent désormais du club et de coach Gomes ! »
Propos recueillis par @Samir Farasha