En l’espace d’un match de Coupe du monde au Mexique, en 1986, l’attaquant des FAR a eu droit à une reconnaissance internationale avant de retourner à l’anonymat.
L’AVANT-MATCH. Natif de Rabat, Abderrazak Khairi a intégré l’équipe première des Forces Armées Royales (FAR) avant ses vingt ans. De taille moyenne (1m76) mais extrêmement rapide et efficace devant le but, il remporte la couronne nationale en 1984 sous la direction du Brésilien José « Mehdi » Faria. La première des Militaires depuis 1969-70. La formation est emmenée par de grands talents comme Mohamed Timoumi. En 1985, les FAR disputent la (défunte) Coupe d’Afrique des champions, dont ils atteignent la finale après avoir écarté les Gambiens de Ports Authority, le CA Bizerte (TUN), Kaloum Star (GUI) et le Zamalek en demie aux tirs au but. Les FAR et Khairi affrontent en finale l’AS Bilima, un club de la RDC basé à Kinshasa. A l’aller, Khairi inscrit le premier des cinq buts du triomphe marocain (5-2). Trois semaines plus tard, il lève le trophée dans le ciel de Kinshasa : il est champion d’Afrique ! Quelques semaines plus tôt, contre la Libye (3-0), il a fêté sa première sélection A chez les Lions de l’Atlas, en éliminatoires du Mondial 1986. En mars 1986, il part disputer en Egypte la phase finale de la CAN. Son coach Faria, il est vrai, a été nommé sélectionneur et il l’aligne au 1er tour contre l’Algérie et la Zambie. Il sera titularisé également en demie contre l’Egypte mais n’entrera pas en jeu lors du match de classement perdu face à la Côte d’Ivoire (3-2). Fort de ce statut, Khairi conforte en avril sa place dans le groupe des 22 lors d’un match de préparation perdu à Belfast contre l’Irlande du Nord (défaite 2-1).
LE MATCH. Voici donc les Lions de l’Atlas à Monterrey, pour disputer leur deuxième phase finale de Coupe du monde, après Mexique 1970. Khairi n’est pas titularisé le 2 juin pour le premier match contre la Pologne (0-0) où il n’entre en jeu que dans le temps additionnel. Il l’est en revanche quatre jours plus tard pour affronter l’Angleterre aux côtés des frères Merry Krimau et Mustapha (0-0). Pour espérer figurer au second tour, le Maroc doit absolument réaliser un grand coup à Guadalajara contre le Portugal, un grand d’Europe qui fut demi-finaliste de l’Euro 1984. Titularisé, il ouvre la marque dès la 19e minute sur une frappe à l’extérieur de la surface qui surprend le gardien Damas au premier poteau. Numéro 17 dans le dos, il s’élance alors dans une course effrénée pour fêter le premier but des siens dans cette compétition. Mais pour lui, le plus beau reste à venir. 27e minute : Krimau, dans le couloir droit, sert en retrait Khalifa Labied, qui centre instantanément au second poteau. Khairi, qui est embusqué dans la surface, propulse le ballon d’une frappe croisée puissante et à ras de terre. 2-0, le Portugal est à terre et ne s’en relèvera pas. En seconde période, Krimau corse l’affaire (3-0). Le but de consolation signé Diamantino ne changera rien : le Maroc est en huitièmes de finale de la CDM et Khairi est son héros, âgé de 23 ans !
L’APRES. Six jours plus tard, de retour à Monterrey, le Maroc dit adieu à la CDM mexicaine, battu 1-0 par la RFA, éliminé à la 87e par Lothar Matthäus. Khairi a encore été titularisé. Il mettre un an à revenir en sélection nationale, en juin 1987. Sa seule cape cette année-là. Et pourtant, il termine meilleur buteur -à égalité certes avec Hassan Nader) du championnat national ! De retour en 1988 pour la CAN chez lui au Maroc, il dispute quatre des cinq matches et perd le match de classement contre l’Algérie. Après cette compétition, il ne portera pratiquement plus le maillot national. Il termine sa carrière internationale en septembre 1990 à Dublin contre l’Irlande. Sa 25e et dernière cape, à seulement 27 ans ! En club, il poursuit avec les FAR jusqu’en 1995. A 32 ans et en bout de carrière, il s’offre une saison à l’étranger, au Club Souiq d’Oman (1995-96) avant de rentrer au pays pour boucler la boucle. Il devient rapidement entraîneur avec la réputation d’être un spécialiste des montées en D1. L’Union de Touarga, le MAS de Fès, le FUS Rabat, le Wydad de Fès peuvent en témoigner. Il a coaché à Oman brièvement (Saham Club, 2011-12) et on l’a même retrouvé sur le banc des FAR, son club de toujours, d’abord en 2012-13, puis lors de la saison 2017-2018, son dernier poste connu en Botola 1. Il est définitivement associé à deux évènements importants : la conquête de la C1 africaine par les FAR en 1985 et surtout, la qualification pour les huitièmes en CDM 1986 contre le Portugal.
@Samir Farasha