La CAN 1976 en Ethiopie aura permis à l’attaquant des Lions de l’Atlas d’atteindre son Everest, en se montrant décisif lors du match « finale » contre la Guinée un 14 mars entré dans l’Histoire du football marocain.
L’AVANT-MATCH. Ahmed Faras, ainsi que l’écrivait notre aîné Faouzi Mahjoub, n’aura connu qu’un seul club, le Chabab de Mohammedia. C’est naturellement sous le maillot de cette équipe qu’il débute en sélection en 1964. Il n’a alors que 19 ans, et déjà un bel avenir devant lui. Mais le poste d’avant-centre appartient au Rajaoui Houmane Jarir,. Faras devra donc patienter quelques années avant de s’installer comme un titulaire. Pourtant, il est de l’expédition au Mexique avec les Lions de l’Atlas, une CDM où il n’apparaitra qu’à une reprise, à Leon, face à la Bulgarie où il entre en jeu (1-1). A partir de 1971, Ahmed ne laisse que des miettes à la concurrence. Titulaire lors de la CAN 1972 au Cameroun, il inscrit un but à chacune des sorties de la sélection, contre le Soudan (1-1), le Congo (1-1) et le Zaïre (1-1). Mais la formation dirigée par l’Espagnol Sabino Barinaga quitte le tournoi, invaincue certes, mais éliminée dès la fin du premier tour… par tirage au sort. Consolation, Faras sera convoqué pour disputer le Mundialito1972 avec l’équipe d’Afrique au Brésil mais un empêchement ne lui permet pas de répondre à cette convocation. Le Maroc, absent de la CAN suivante, revient donc en Ethiopie avec de grandes ambitions. Entre temps, Faras a été récompensé du Ballon d’or africain par l’hebdomadaire France Football en 1975 où il devance le Camerounais Roger Milla, vainqueur de la 1re Coupe des coupes avec le Tonnerre de Yaoundé. Faras, qui aime la CAN, va démontrer pourquoi en Ethiopie en ce mois de mars 1976. Que ce soit face au Soudan (2-2), contre le Zaïre (1-0), Faras reste d’abord étonnamment muet. Il se réveille lors du 3e match de poule contre le Nigeria (3-1) quand il ouvre la marque dès la 8e minute. Sa CAN est lancée !
LE MATCH. Dans ce tournoi un peu particulier puisqu’il n’y a pas de demies et de finale mais une poule finale, le Maroc du Roumain Georghe Mardarescu est bien décidé à faire le plein. Ce sera le cas face aux Pharaons d’Egypte (2-1). Une fois de plus, il ouvre la marque puis donne le ballon de but pour la victoire à Zahraoui. Pour espérer remporter la CAN, le Maroc doit absolument tenir en échec le grand Syli national de Guinée. Longtemps, la Guinée sera en tête grâce à un but de Cherif Souleymane (33e, 1-0). La défaite est toute proche, mais capitaine Faras, dans les derniers instants, met sur orbite Baba, qui s’en va égaliser (86e, 1-1). Cette fois, le Maroc tient sa première CAN, et Faras aura été instrumental dans la conquête de ce titre continental. Il termine deuxième meilleur buteur de cette CAN (3 buts) derrière le Guinéen Mamadou Aliou Keita « Njo Léa ». Il fait partie de l’équipe type de la compétition. Ses performances lui vaudront l’hommage de très Grands comme Larbi Benbarek : « Il est le grand monsieur du football national. Il a la classe ». Rachid Mekhloufi, qui s’y connaît aussi en talent, dira : « Il est le meilleur avant-centre du Maghreb. » Modeste et timide même, selon certains témoignages de l’époque, Ahmed est un finisseur silencieux reconnu partout sur le continent.

L’APRES. Le rideau va tomber pour lui lors de la CAN 1978 au Ghana. Les Lions de l’Atlas, avec leur buteur, sont giflés par l’Ouganda (3-0). Le nul contre la Tunisie (1-1) et le court succès devant le Congo (1-0) sont insuffisants. Malgré quatre points, Faras est éliminé par l’Ouganda, et n’aura même pas marqué. L’heure de la retraite semble avoir sonné pour lui après la perte du titre africain. On le retrouve une dernière fois sur une scène africaine, face à l’Algérie, en éliminatoires des Jeux Olympiques à Casa. Rappelé à 33 ans, il ne peut empêcher l’humiliation subie devant son public (5-1) ! Par la suite, Faras, qui met fin à sa carrière en 1982, devient entraîneur et dirigera d’ailleurs son club de toujours, le Chabab de Mohammedia. A 73 ans, il vit au Maroc. Son bilan est des plus élogieux : vainqueur d’une CAN, il a participé à la CDM 1970, à trois phases finales de CAN (1972, 1976, 1978), aux Jeux Olympiques 1972. Il a amassé une centaine de sélections, A ou avec l’équipe olympique, inscrit 42 buts sous le maillot des Lions de l’Atlas. Homme d’un club, Mohammedia, il a aussi remporté deux Coupes du Trône (1972, 1975), un championnat (1980) et deux titres de meilleur buteur du Maroc (1969, 1973). Sa légende demeure intacte dans le cœur des supporters qui entretiennent la flamme de ses exploits, accomplis sans jamais avoir fait carrière ailleurs que dans son pays. En 2006, la Confédération africaine l’a sélectionné parmi les 200 meilleurs joueurs qui ont fait l’histoire du football africain depuis cinquante ans.
@Samir Farasha