Il aura suffi d’une finale de Coupe d’Asie des Nations l’an dernier pour qu’Akram entre définitivement au panthéon des grands joueurs arabes. Retour sur l’homme dont les inspirations ont offert le titre au pays hôte de la CDM 2022.
L’AVANT-MATCH. Comme pour la plupart des joueurs que nous avons déjà évoqué dans cette série, Akram Afif était déjà connu, identifié comme un grand talent depuis bien longtemps avant d’avoir ce moment de gloire le 1er février 2019 à Abu Dhabi. Né à Doha en 1996, il est le fils d’une Yéménite et d’un ancien joueur d’origine somalienne, Hassan Afif, qui est né et a évolué en Tanzanie avant de repartir en Somalie puis d’émigrer au Qatar. Akram a également un frère footballeur, Ali Afif. Son parcours de jeune en club est des plus mouvementés puisqu’il évolue successivement avec Al-Markhiya, de huit à dix ans. Ensuite, il rejoint Al-Sadd jusqu’à ses 13 ans, avant d’être repéré puis recruté par l’Académie Aspire. Il y grandit sportivement jusqu’à 18 ans. Il éclot justement au grand jour en 2014, en remportant la Coupe d’Asie des nations U19 avec le Qatar. Un succès qui va permettre à sa génération de disputer la Coupe du monde de la catégorie en Nouvelle-Zélande, en 2015. Entre temps, il a goûté au football occidental lors d’un prêt au FC Séville puis à Villarreal, avant de rentrer à Al-Sadd. En 2015, il est recruté par le KAS Eupen, club belge devenu la propriété du Qatar, le temps d’une saison. Il est ensuite recruté par Villarreal, qui l’a connu plus jeune. Mais le club espagnol décide de le prêter chaque saison, à Gijon, Eupen. Il rejoint Al-Sadd en 2017, qu’il n’a plus quitté depuis. En sélection nationale, il a débuté en 2015 mais n’a accumulé qu’une poignée de sélections jusqu’à cette CAN asiatique aux Emirats.
LE MATCH. Disputé au stade Al-Zayed d’Abu Dhabi, il met aux prises le Japon et le Qatar. Très vite, Almoez Ali ouvre la marque pour les Qatariens d’un retourné acrobatique, consécutif à une passe d’Akram Afif (1-0, 12e). Les Samourai Bleus sont sonnés. Ils sont presque assommés quand le Qatar marque le deuxième par Hatem sur une nouvelle passe d’Akram Afif (2-0, 27e). Mais on connaît l’état d’esprit des Nippons qui ne s’avouent jamais vaincus et vont d’ailleurs tout faire pour rester dans le coup et éventuellement, réduire l’écart. Ce sera le cas en milieu de seconde période par Minamino (2-1, 69e). Le Qatar réagit cependant à ce sursaut d’orgueil et finit par obtenir un penalty consécutif à une main dans la surface commise par le capitaine Maya Yoshida. C’est à Akram Afif, associé aux avant-postes à Almoez Ali (9 buts dans le tournoi !) que revient la lourde responsabilité de le convertir, ce qu’il ne se prive pas de faire (3-1, 82e). Son premier but dans le tournoi ! Les hommes de l’Espagnol Felix Sanchez ne vont plus desserrer leur étreinte et remportent la CAN asiatique si convoitée. Akram est désigné meilleur joueur de la finale par l’AFC. Au total, il a délivré dix, oui dix passes décisives dans cette compétition sur 19 buts inscrits par le Qatar ! Il aura été l’un des hommes clés de son équipe tout au long de l’épreuve.
L’APRÈS. Un an et demi après cette CAN remportée, Akram Afif continue de prendre toujours plus de poids et d’importance en club comme en sélection. 26 buts et 15 assists la saison dernière, 12 buts et 9 passes décisives cette saison en 17 rencontres, juste derrière la « machine » à buts, l’Algérien Baghdad Bounedjah. C’était déjà le cas la saison précédente même si Bounedjah (39 buts) le reléguait à treize unités. Buteur décisif en équipe nationale contre Oman et l’Afghanistan en éliminatoires du Mondial 2022, il a également inscrit trois buts (2e meilleur réalisateur) lors de la dernière Coupe du Golfe des nations en novembre-décembre 2019 à Doha terminée à la quatrième place. A 23 ans révolus, le prodige qatarien n’en est qu’aux débuts prometteurs d’une carrière internationale (55 matches, 17 buts). En sélection, il est déjà entré dans l’histoire avec le titre asiatique. En club en revanche, il n’a pas totalement convaincu lors de son passage en Europe, en Belgique puis en Espagne. Une poignée de buts, quelques passes décisives. Et le sentiment qu’il n’était pas encore arrivé à maturité dans son jeu. Reste que sa palette technique est immense : fluide et élégant, il utilise prioritairement le pied gauche mais ne dédaigne pas le droit dans la dernière passe ou la finition. Il incarne évidemment les espoirs les plus fous du football de son pays, en vue de la CDM 2022. Il aura alors 25 ans, l’âge de raison.
@Samir Farasha
Retrouvez demain le 7e épisode, consacré à l’Emir de Mascara, l’Algérien Lakhdar Belloumi, qui mit à genoux la RFA lors de la CDM 1982 en Espagne.