Nous concluons notre série sur les héros d’un jour avec le Saoudien El-Otaïbi, qui termina co-meilleur buteur de la défunte Coupe des Confédérations en 1999. Un exploit qui doit beaucoup à son quadruplé contre l’Egypte.
L’AVANT-MATCH. De ses débuts dans le championnat saoudien en 1997, on ne sait pas grand-chose concernant Marzouk Al-Otaïbi. Il a 22 ans lorsqu’il commence au Shabab de Riyadh. Il ne sera pas non plus de l’expédition de sa sélection nationale à la Coupe du monde en France l’année suivante. Juillet 1999 le voit intégrer la sélection coachée par le Tchèque Milan Macala, et qui se rend au Mexique pour y disputer la quatrième phase finale de la Coupe des Confédérations. Il a 23 ans et porte le numéro 9. Le groupe a été rajeuni à l’extrême par le sélectionneur puisqu’il n’y a que deux éléments de plus de 28 ans sur les vingt joueurs appelés. Les Saoudiens débutent le tournoi par une gifle monumentale reçue aux dépens du pays hôte. Le Mexique s’impose 5-1 à l’Estadio Azteca de Mexico. Nawaf Al-Temyat, l’attaquant du Hilal, sauvera l’honneur d’une sélection asphyxiée sur penalty. Deux jours plus tard, les Saoudiens tiennent en respect la Bolivie (0-0) qui a partagé les points avec l’Egypte lors de la journée précédente (2-2). Pour espérer se qualifier pour les demies, l’Arabie Saoudite compte sur une défaite des Boliviens contre le Mexique, et surtout sur un gros match contre les Pharaons Egyptiens, champions d’Afrique 1998.
LE MATCH. Nous voici justement le 29 juillet à l’Azteca de Mexico. Macala aligne Marzouk Al-Otaïbi et il ne va pas être déçu. Déchaîné, ce dernier marque très rapidement face à Essam El-Hadary (8e). Il récidive juste avant la mi-temps (2-0, 38e). En face, ce sont pourtant les cracks du football égyptien, avec Ibrahim Hassan, le jumeau de Hossam, Samir Kamouna, Medhat Abdel-Hady ou encore Hany Ramzy ! Ibrahim Al-Shahrani triple la mise à l’heure de jeu (3-0, 64e). Piqués au vif, les joueurs du madré Mahmoud El-Gohary sauvent l’honneur grâce à Samir Kamouna (3-1, 70e). Mais les Saoudiens, qui attendent le résultat de la Bolivie contre le Mexique (qui se jouera après eux) doivent soigner leur différence de buts et combler le déficit né de leur défaite contre les Mexicains. Al-Otaïbi, qui a déjà réalisé un doublé, conclut une nouvelle percée (4-1, 78e) avant de sceller le résultat (5-1, 85e). Cette victoire avec la manière permet à l’Arabie Saoudite de terminer deuxième de son groupe avec 4 points, juste devant la Bolivie (2 points) qui sera battue 1-0 par le Mexique. Al-Otaïbi, du jour au lendemain, devient une petite vedette grâce à ce quadruplé historique. Pendant quelques jours, il va planer sur son petit nuage et sa sélection aussi, d’autant qu’elle va affronter le grand Brésil, vice-champion du monde.
L’APRES. L’atterrissage de Marzouk Al-Otaïbi va être très agité, et c’est le moins dire. Le 1er aout au Jalisco de Guadalajara, le Brésil inflige une raclée monumentale aux Verts saoudiens : 8 à 2 ! Un match totalement dingue en vérité puisque les deux formations sont à égalité à la 32e minute (2-2). La « Seleçao » présente il est vrai une équipe de monstres : Dida, Ronaldinho, Emerson, etc. Retour sur ce match au scenario incroyable. Joao Carlos et Ronaldinho donnent vite deux longueurs d’avance au Brésil. 2-0 à la 11e, ça part comme un cauchemar. Mais Al-Otaïbi, sur sa lancée du match précédent, sort le grand jeu. Il égalise en l’espace de dix minutes (2-2, 22e et 31e), portant son total à six réalisations. Zé Roberto puis Alex portent l’estocade dans la foulée (3-2 puis 4-2, 33e et 36e). Deux buts de retard à la pause. Les Saoudiens suffoquent, ils ont tout donné pour recoller au score et ont payé cher leurs efforts. Ils vont totalement s’effondrer, collectivement -et donc, défensivement- après l’heure de jeu. Roni (62e), Ronaldinho encore (65e), Alex (85e) et Ronaldinho (90e +2) pour un coup du chapeau portent le score à 8-2. Plus qu’une défaite, une déroute. Le seul à sauver l’honneur sera encore Al-Otaïbi. Le match de classement perdu contre les Etats-Unis (0-2) ne changera rien à l’affaire. Après cette compétition, Al-Otaïbi reste encore un an à Al-Shabab. Il enchaînera ensuite les clubs : Ittihad Djeddah (2000 à 2007) entrecoupé d’une pige à Riffa SC (2001 BAH), Al-Nasr (2007-2008) avant de revenir à Ittihad (2008-09), puis Al-Wahda (2008-10), Al-Jabalain (2010), Al-Watani (2010-11), Al-Markhiya (QAT, 2011-12), Al-Rabea (2012-13) et Al-Najmah (2013-14). Il met fin à sa carrière à 39 ans en D2 saoudienne. Il est à noter qu’il rejouera avec la sélection après ce tournoi au Mexique et marquera deux autres buts contre l’Ouzbékistan et la Mongolie. On le retrouvera avec la sélection lors des Coupes d’Asie des Nations 2000 et 2004, mais son temps de gloire est passé. Il remportera quand même plusieurs titres : deux Ligue des champions asiatiques avec Ittihad en 2004 et 2005 sans oublier trois championnats (2001, 2003 et 2007).
@Samir Farasha