Apparu tardivement sur la scène internationale, il est l’homme d’une CAN (2010) et d’une finale. Sa carrière en sélection n’aura pas duré cinq ans et il est vite retourné à un presque anonymat par la suite.
L’AVANT-MATCH. Qu’est-ce qui a bien pu pousser Hassan Shehata, le sélectionneur des Pharaons doubles tenants de la CAN (2006, 2008) à faire appel à Mohamed Nagy « Gedo » au début de l’hiver 2009 ? Natif de Damanhour, Mohamed a déjà 25 ans et évolue depuis plusieurs saisons à l’Ittihad Alexandrie après avoir débuté au Ala’ab Damanhour, en D2 nationale. Il n’a pas la réputation d’un grand finisseur. Et pourtant, le « Maalem » voit en lui un joueur de complément offensif. Il lui offre sa première cape fin décembre 2009 contre le Malawi. Dans la foulée, Gedo (le grand père, son surnom) marque lors d’un nouveau match de préparation contre le Mali lors du stage aux Emirats Arabes Unis (1-0). Anecdote qui aura toute son importance par la suite, Gedo est entré en jeu avant de marquer. Contre toute attente, Gedo est sélectionné pour la CAN 2010 en Angola, en lieu et place d’un certain Mido. Il apprendra sa convocation sur le net !
LE MATCH. Lorsque la CAN débute, Shehata continue de le maintenir sur le banc, en joker offensif. Lors du premier match contre le Nigeria, il entre en jeu et inscrit le dernier but de la victoire (3-1) à Benguela. Quatre jours plus tard, au même endroit, il récidive, toujours en qualité de remplaçant, face au Mozambique (2-0). Shehata, qui fait confiance à son équipe type contre le Cameroun en quart de finale, n’a aucune raison de modifier ses plans et le fait entrer en jeu. Comme il en a pris la bonne habitude, Gedo signe le troisième but (3-1) de la qualification pour les demies. Il connaîtra la même réussite lors du match suivant, en demi, contre l’Algérie (4-0). Il inscrit son quatrième but face à une équipe qui a sombré mentalement et qui terminera d’ailleurs à huit. Le 31 janvier au stade du 11 Novembre de Luanda, voici donc les Pharaons opposés au Ghana, pour un triplé historique. Aux avant-postes, Mohamed Zidan est aligné avec Emad Meteab. La défense des Black Stars résiste très bien à ces Pharaons qui commencent à perdre patience à force d’échouer sur un défenseur ou sur le gardien et capitaine, Richard Kingson. A la 70e, Shehata décide de lancer son joker, en lieu et place de Meteab. Une inspiration qui va s’avérer décisive puisque Gedo marque le but de la victoire à la 85e. Un but pour une septième couronne, la dernière en date, de l’Egypte. Au total, Gedo est entré en jeu à six reprises, ne jouant que 173 minutes pour cinq buts ! Il est désigné meilleur buteur de l’épreuve, révélation de la CAN mais ne figure pas dans le onze type de la compétition…
L’APRES. Très rapidement, le Ahly du Caire décide de recruter le « super sub » des Pharaons, moyennant 1,5 ME. Mais la réussite, globalement, n’est pas au rendez-vous. Il jouera peu (une soixantaine de matches en cinq ans), sera souvent sur le banc et marquera trop peu, hormis en Ligue des champions. En sélection en revanche, Gedo continue d’aligner les buts. Huit en 2010, trois en 2011, cinq en 2012, deux en 2013 et un seul en 2014. L’Américain Bob Bradley, propulsé sélectionneur, le convoque parfois. Mais la magie a disparu, le temps de jeu aussi, sa (courte) carrière internationale prend fin en 2014. Prêté en janvier 2013 à Hull City, il s’acclimate assez vite et marque 5 buts en une douzaine de matches, ce qui lui vaudra d’être rappelé en prêt, cette fois-ci sans aucune réussite.
A l’issue de son contrat au Ahly, il rejoint El-Entag El-Harby (2015-16) pour une saison mitigée. Il passe les deux saisons suivantes (2016-2018) aux Arab Contractors où il marque trois et cinq buts. A 34 ans révolus, ses belles années sont derrière lui mais El-Gouna lui offre un beau contrat. C’est justement avec ce club que la crise sanitaire l’a trouvé, en mars dernier. Il a joué une quarantaine de matches au total sous ce dernier maillot mais n’a pas marqué en 2019-2020. Prendra-t-il sa retraite à l’issue de cette saison si particulière ? Rien n’est moins sûr pour celui qui demeure à jamais le héros d’une finale, et plus largement, d’une CAN, celle de 2010.
@Samir Farasha