A partir d’aujourd’hui, 2022mag débute une longue série consacrée aux héros d’un jour, entrés dans la légende à l’issue d’un match historique, en club comme en sélection. Nous nous arrêtons aujourd’hui en février 2004 pour retrouver à Radès Ziad Jaziri, quelques instants avant la finale de la CAN contre le Maroc.
L’AVANT-MATCH. Natif de Sousse, Ziad Jaziri émerge très vite des rangs des équipes de jeunes de l’Etoile du Sahel. A 20 ans, il fait déjà partie des meubles pour ainsi dire, à une époque où son club occupe le haut de la hiérarchie africaine et arabe. Rablé (1m71) mais puissant, il débute en sélection en 1999, juste avant sa première CAN au Nigeria. Efficace et spectaculaire, il ne tarde pas à s’installer dans le onze de l’ESS et des Aigles de Carthage. 2001 le voit briller justement en éliminatoires de la CAN 2002 (3 buts) et de la CDM 2002 (4 buts). Le championnat turc et Gaziantepspor lui ouvrent les portes quelques mois plus tard. Arrivé sur le banc de la Tunisie à l’automne 2002, le Français Roger Lemerre l’incorpore au groupe chargé d’offrir une victoire à la Tunisie à la CAN 2004, disputée en terre tunisienne. Il l’associe à son ami Francileudo Santos, fraîchement naturalisé, avec lequel Jaziri a cassé la barraque quelques années plus tôt à l’Etoile…
LE MATCH. Premier buteur de la CAN lors du match d’ouverture remporté 2-1contre le Rwanda, Ziad Jaziri participe à l’épopée magnifique des Aigles de Carthage. Le groupe, soudé et très discipliné, donne pleine satisfaction quels que soient les joueurs alignés dans le secteur offensif. Le 14 février au matin, Jaziri apprend qu’il est aligné pour disputer la finale l’après-midi même à Radès contre le Maroc. Lemerre, qui connaît la complémentarité naturelle unissant Ziad à Santos, fait le pari de ce binôme d’attaquants qui se reniflent et surtout, vont fatiguer la solide défense des Lions de l’Atlas. Dès la 4e minute, Santos place un coup de tête victorieux sur un centre de Nafti (1-0). Juste avant la pause, Mokhtari égalise d’une jolie tête plongeante. Tout est à refaire. En début de seconde période, José Clayton, l’autre Brésilien naturalisé, monte depuis son couloir gauche en une-deux. Il frappe du gauche vers le centre du but mais Khalid Fouhami, le longiligne gardien marocain, trop court, ne peut capter le ballon. Numéro 5 sur les épaules, Jaziri a bien suivi et surgit pour pousser ce ballon relâché du plat du pied gauche. Un « tap in » facile comme disent traditionnellement les Britanniques. La Tunisie repasse en tête et ne va plus se laisser rejoindre d’ici à la fin de cette finale. Jaziri sort à vingt minutes du terme du match remplacé par Imed Mhadebi. Son but, décisif, offre le premier titre africain de son histoire à la Tunisie, devant un stade de Radès qui explose de bonheur. Les festivités seront à la hauteur de l’évènement.
L’APRÈS. Jaziri participera encore à trois tournois internationaux avec les Aigles de Carthage : la Coupe des Confédérations 2005 en Allemagne, la CAN 2006 en Egypte, enfin la CDM 2006 en Allemagne. Contre l’Arabie Saoudite (2-2), il inscrit d’ailleurs le premier but des Tunisiens dans le tournoi. Après Gaziantep, c’est à Troyes, en L1 française, qu’il s’est arrêté, pour deux saisons très moyennes sur le plan des statistiques.
Il jouera la dernière saison de sa carrière au Koweit SC dans un relatif anonymat en 2007-08 avant de rentrer au pays, où il deviendra dirigeant à l’Etoile du Sahel, là où tout avait commencé pour lui dix ans plus tôt. Jaziri reste évidemment associé à tous les succès de l’ESS et de la Tunisie des années 2000-2006. Sélectionné à plus de soixante reprises chez les Aigles de Carthage, son bilan reste maigre : 8e meilleur buteur avec 15 réalisations, loin d’Issam Jemâa (36), Santos (21), Adel Sellimi (20) et même Wahbi khazri (19 et toujours en activité). Désormais âgé de 41 ans, Ziad fait désormais couler beaucoup d’encre à travers ses positions tranchées et certaines déclarations en tant que consultant sportif. Fâché avec le président central de l’Etoile, il ne faisait plus partie du bureau exécutif aux dernières nouvelles mais certaines voix aimeraient que Jaziri retrouve une place au sein du directoire de l’ESS. Un club qu’il aime viscéralement mais dont il a fustigé le président en raison de décisions qu’il juge inopportunes, en particulier des transferts, dans le sens des départs mais aussi des arrivées manquées…
@Samir Farasha