2022mag a profité de la dernière trêve internationale pour rencontrer Kodjo Fo-Doh Laba. Coéquipier en club du talentueux Marocain Ayoub El-Kaabi, récemment élu meilleur joueur (et meilleur buteur) du CHAN 2018, l’international togolais a accepté de se dévoiler pour nous. Une exclusivité 2022mag.
« Kodjo bonjour. Avant toutes choses, on aimerait connaître la genèse de votre carrière. Dans quelles circonstances avez-vous débuté dans le football ?
J’ai débuté à Lomé, pieds nus. J’ai eu la chance d’intégrer l’AS Jeanne d’Arc, mon club formateur. On évoluait en D3, c’était un club formateur. Ensuite, j’ai étudié et j’ai décroché mon bac littéraire. J’ai rejoint la fac où j’ai disputé le championnat universitaire. J’ai d’ailleurs terminé le meilleur buteur et ça a suscité de l’intérêt, c’était en 2012-13. Plusieurs clubs m’ont contacté, et puis j’ai intégré l’Agaza Lomé, j’y ai joué une saison. Après, j’ai été appelé par Anges de Notse, qui jouait la LDC, je n’ai pas hésité. J’ai fait un an là-bas, j’ai marqué contre Enyimba en LDC. C’est à partir de là que j’ai été convoqué en sélection par Tchanilé Tchakala.
Dans la foulée, vous rejoignez le Gabon…
Exactement, j’ai signé à l’US Bitam entraînée par le Camerounais François Omam Biyik, un entraîneur formidable. Il m’a beaucoup appris. Après les séances collectives, on continuait à bosser. Je l’appelle papa, car il m’a beaucoup transmis. Je partais chez lui et il me conseillait dans mon jeu d’attaquant. C’était très bénéfique. Je suis arrivé après sept journées mais j’ai quand même fini 3e meilleur buteur, derrière Casimir Ninga qui était le numéro un. La saison suivante, je suis rentré à Lomé mais je n’avais pas de club. Je suis retourné jouer au Gabon. Et puis le Maroc s’est manifesté. Il y a eu le Raja, et la Renaissance de Berkane. Même si ce n’était pas un très grand club, le projet m’a plu. Je ne savais pas que c’était le club du président Fouzi Lekjaa, président de la FRMF. C’était en 2016-17.
La saison 2016-17 a été très positive pour la RSB, non ?
Effectivement, puisque nous avons terminé quatrième de la Botola sous Rachid Taoussi. J’ai marqué quatre buts seulement parce que j’ai été souvent blessé. Ca a même failli remettre en cause ma participation à la CAN 2017. J’y suis quand même allé et j’ai marqué mon premier but dans une CAN. Le truc rigolo, c’est que le Togo était basé à Bitam, là où j’avais joué quelques années plus tôt ! Je disais à mes coéquipiers en blaguant que je reviendrais à Bitam, et puis ça s’est fait.
En sélection aussi, vous profitez des conseils d’un technicien expérimenté…
J’ai eu la chance aussi d’avoir Claude Le Roy qui m’a donné une confiance énorme, et à chaque fois j’essaie de ne pas décevoir.
Depuis le début 2018, on parle beaucoup de la renaissance avec toi et El-Kaabi…
J’ai vu arriver Ayoub l’été dernier. Il venait d’être meilleur buteur de D2. Je lui ai souhaité la bienvenue. On se comprend bien sur le terrain. On joue à deux en pointe, ou parfois l’un d’entre nous est sur le côté. Je pense que ça marche à merveille. A chaque match, on pèse. Quand on parle de Renaissance maintenant, on respecte l’équipe. Il y a aussi le Burkinabé Issouf Dayo. On a également un Bosnien, Sipovic.
Vous vous êtes qualifiés contre Mbour petite Côte puis Club Africain de Tunis : la compétition continentale vous profite bien !
Maintenant, on joue de nouveau des Sénégalais avec Génération Foot ! Notre objectif, c’était de se qualifier pour les poules. Avoir une visibilité en Coupe CAF. J’ai marqué contre Mbour à la maison, puis contre le Club Africain au tour suivant (3-1). J’en suis à deux buts et une passe décisive plus quelques buts en Botola et deux en Coupe du Roi. Ce n’est pas mal !
En sélection, vous êtes assez prolifique, non ?
Oui, j’ai réussi un quadruplé contre Maurice (6-0) fin 2017. C’était une première en match officiel pour moi. En sélection, je compte dix-huit capes pour dix buts depuis 2014. Avec le temps de jeu, les buts sont venus.
Parlez-nous de votre relation et complicité avec Ayoub El-Kaabi… Entre nous, je dirais que le courant passe bien, c’est un gars calme, gentil et respectueux. Moi je suis dans mon coin aussi. Ayoub a des qualités énormes et à son contact, j’essaie de voir ce que je peux ajouter à ma panoplie.
En sélection, vous évoluez avec un monument, Sheyi Adebayor… J’apprends de toutes les personnes même d’un jeune qui tente un geste. Parlant du grand capitaine, j’ai beaucoup appris de lui aussi. Souvent, après les entraînements, on cause sur les déplacements, etc. Avant quand je le suivais à la télé, je priais qu’il fasse un bon match et marque, du temps de Monaco. Dès qu’on le sortait je m’énervais. Avec la sélection, je rentrais du lycée pour aller le voir jouer au stade. Je m’étais promis à l’époque de chanter l’hymne national un jour.
Quels sont vos objectifs cette année ?
Avec la Renaissance que dirige le coach Jaouani, l’ancien adjoint de Taoussi, je bosse dur pour améliorer mes performances. Et atteindre les poules de la Coupe CAF. En sélection, c’est simple : on veut se qualifier pour la CAN 2019.
Au fait, comment vous appelle-t-on au Maroc ?
Kodjo Laba ou Togolais ! Depuis le Gabon, Kodjo est resté.
Aspirez-vous à une carrière pro en Euripe ? Mon objectif c’est évidemment de rallier l’Europe. Je viens d’avoir 26 ans, je dois tout faire pour aller y jouer. Pour le moment c’est là-bas que je veux jouer. Je reste patient et serein dans le travail. »
Propos recueillis par @Samir Farasha, à Senlis