» Krimau bonjour, vous faites partie de la génération inoubliable de 1986. D’abord, votre sentiment après cette qualification historique pour les demies ?
Naturellement, on est heureux pour l’équipe nationale, le staff, la Fédération, le Président et bien entendu, le peuple marocain. Ca rentre dans l’histoire du football, quoi qu’il arrive.
En 1986, on avait réussi un exploit fêté comme il se doit par le peuple. Maintenant, on fête avec cette génération. Le travail est bien fait, on est soutenus et, Hamdoulilah, ca a payé.
Avant le tournoi, qu’espériez-vous de la part de cette sélection ? Aviez-vous foi en elle et si oui, pourquoi ?
Avant le tournoi, on savait qu’on était dans un groupe difficile. Ce qu’on voulait, c’était de passer le premier tour.
On l’a fait et bien en plus. Ensuite, on a eu ce match des huitièmes contre l’Espagne. On a bien géré tactiquement, avec une vraie discipline défensive.
On a conservé le même schéma. Le gardien Bounou a grandement contribué. Il y a une âme dans cette équipe. Ils sont très solidaires.
Selon vous, qu’est-ce qui la différencie de votre génération, qui a marqué l’histoire ?
Notre génération aussi avait du talent ! C’était des joueurs du crû basés au Maroc à part quelques-uns. Ca n’a rien à voir avec celle-ci.
Notre équipe avait grandi et joué ensemble de 1982 à 1989. Là, celle de 2022 vient de commencer. Ca fait quatre mois qu’ils travaillent avec Walid et avant ça, ils avaient été deux ans avec Halilhodzic.
Le point commun, c’est le talent. A l’époque, c’était Zaki, Dolmy, Bouderbala, moi et tant d’autres. Il y a le professionnalisme aussi.
De fait, l’équipe de 86 a trouvé ses successeurs, ses héritiers. Qu’est-ce que ça fait, après avoir porté ça pendant 36 ans ?
Fierté et bonheur ! Nous, on avait ouvert les portes en 1986 en ayant terminé premiers et battu le Portugal. On était fiers de nous à l’époque. Eux font plus que nous !
C’est le Maroc qui entre dans l’histoire. On espère que cette génération remportera une CAN, la prochaine pourquoi pas ?
Qu’est-ce qui fait que cette équipe, quart de finaliste de la CAN sous Vahid est devenue demi-finaliste mondiale ? Qu’est-ce qui a changé ?
Durant la période de Vahid sur le banc, il a ramené pas mal de joueurs en sélection, des bons mais aussi certains très moyens qu’on ne connaissait pas.
On ne voyait pas leur talent. Il a aussi oublié que le Maroc a un championnat. Du coup, il convoquait très rarement des joueurs de la Botola.
Aujourd’hui, il y en a quatre ou cinq avec Regragui. Mais je connais Vahid, c’est un têtu ! Il ne veut rien changer. La preuve, Ziyech et Mazraoui, ils ne voulaient pas les ramener !
Walid, lui, a discuté avec le Président et les a fait revenir. Vahid partout où il va, a toujours eu des problèmes…
Qu’est-ce que ce parcours en CDM dit de votre football ? Vos clubs masculins et féminin sont champions d’Afrique, les filles joueront la prochaine CDM en Australie, la FRMF organise les CAF Awards, la CAN féminine, le CHAN 18, etc etc…
La Fédération met clairement le paquet. Mr Lekjaâ fait beaucoup pour notre football, en matière de terrains, pour les féminines, pour le futsal, etc.
C’est quelqu’un d’ambitieux et on adhère à sa vision. Sa Majesté donne aussi les moyens. Aujourd’hui, on est demi-finalistes grâce au Président de la FRMF.
Et puis on dispose, avec la Maâmora, de l’un des meilleurs centres techniques du monde. C’est aussi une fierté.
Comment imaginez-vous la demie contre les Bleus de France ?
Je suis Marocain, né au Maroc, ayant joué en France. J’ai beaucoup de respect pour la France et je supporte les Bleus quand ils ne jouent pas contre mon pays !
Mais je suis derrière notre sélection marocaine évidemment. J’ai porté ce maillot toute ma vie. La France reste mon deuxième pays.
Que le meilleur gagne, même si je préfère que ce soit le Maroc qui aille le plus loin. Et possiblement, qu’il remporte la Coupe du monde au Qatar ! »
Propos recueillis par @Frank Simon