Première partie. Il sera l’une des stars arabes à suivre en Italie et en Champions League cette saison.Propulsé à l’âge de 17 ans sur l’avant-scène de la D1 égyptienne par Arab Contractors, il est devenu en l’espace de quelques années le meilleur joueur de son pays, et s’est établi dans le football européen. Première partie de ce magazine consacré au successeur désigné de Mohamed Aboutreika.
Au commencement était… Basyoun, une petite ville du gouvernorat d’Al Gharbeya, située à 90 kilomètres au nord de la capitale, Le Caire. Enfant de la balle, comme tant d’autres autour de lui, Mohamed Salah Ghaly, son nom complet, est issu d’une famille de trois enfants, avec une mère au foyer et un père employé administratif dans un hôpital. A douze ans, il évolue avec les jeunes de l’équipe d’Arab Contractors basée à Tanta, tout près de chez lui. Fan absolu de Zidane et du grand Ronaldo, sa passion dévorante l’oblige, dès ses quatorze ans, à effectuer quotidiennement un trajet de quatre heures (deux aller-retour) entre sa maison et la capitale pour y poursuivre sa formation à l’Arab Contractors, avant de retourner à l’école. Une existence qui lui impose une certaine discipline afin de mener à bien son projet : devenir footballeur professionnel ! A 17 ans, le jeune homme incarne déjà l’avenir de son club, et le coach Mohamed Amer, qui a suivi ses progrès, lui offre ses débuts le 3 mai 2010 contre Mansoura (1-1), un mois avant qu’il ne fête son 18e anniversaire. Au total, il effectue trois apparitions au cours de la saison 2009-10.
A 19 ans,le FC Bâle lui ouvre les portes de la renommée
La saison suivante va lui offrir l’occasion de démontrer son potentiel, avec enfin quelques titularisations. Son nouveau coach Hamza Gamal, tout d’abord, lui permet de se montrer. Mais c’est sous la houlette du technicien français d’origine serbe Yves (Ivica) Todorov qu’il débute enfin les matches. Dans la foulée, il inscrit son premier but en championnat le 25 décembre 2010, lors d’un mémorable match nul contre le grand Ahly (1-1). Mais l’instabilité menace à Al Moqaouloun (Arab Contractors) et le club ne tarde pas à remplacer Todorov par un nouvel entraîneur, le troisième de la saison, Mohamed Redwan. A l’occasion d’un match contre Smouha, Salah réalise un joli doublé. Il boucle l’exercice avec 20 apparitions et 4 buts. De quoi convaincre le sélectionneur des U20 égyptiens, Diaa El-Sayed, de l’intégrer en équipe nationale. Il décroche le bronze lors de la CAN de la catégorie, et une qualification pour la phase finale en Colombie.La presse égyptienne remarque que lors de cette compétition, Salah ne sort pas du rang. Il est devancé par d’autres talents comme le latéral du Zamalek Omar Gaber ou encore le futur gardien de but des Pharaons. Mais c’est quand même lui qui inscrit le but des siens lors du huitième de finale perdu contre l’Argentine (2-1).
Quand débute la saison 2011-12, Salah apparaît comme l’un des atouts des Contractors et de Mohamed Radwan. Une promesse qu’il va pleinement justifier : il marque sept buts (plus trois passes décisives) en quinze matches, avant que le championnat ne soit annulé par les autorités égyptiennes après la terrible tragédie de Port Saïd. Ce qui impressionne le plus avec ce joueur pétri de talent, c’est sa vitesse balle au pied. Justement, le club suisse du FC Bâle –qui l’a repéré- propose à l’équipe nationale olympique d’Egypte, à laquelle Salah appartient, de disputer un match amical, le 16 mars 2012. Son destin va définitivement basculer ce jour-là, en Suisse… Jusqu’alors, les observateurs du football égyptien l’imaginaient rejoindre, comme c’est souvent le cas, l’un des deux géants cairotes, Ahly ou Zamalek. Mais Mohamed Salah, qui est resté sur le banc en première période lors de cet amical en Suisse, réalise une folle seconde mi-temps. Il inscrit un doublé et permet à l’Egypte de s’imposer (4-3). Bâle tient son diamant brut et lui fait signer un contrat professionnel de quatre ans le 10 avril, pour 2,5 ME.
Aux JO de Londres, il est coéquipier de son modèle Aboutreika
A 19 ans, il a entre temps débuté en équipe nationale A, le 3 septembre contre la Sierra Leone. Un mois plus tard, il inscrit son premier but chez les Pharaons contre le Niger. L’Américain Bob Bradley l’a intégré au groupe qui va débuter la campagne éliminatoire pour le Mondial 2014. Avant de rejoindre la Suisse et son championnat, Mohamed Salah part à Londres pour y disputer le tournoi olympique. Pour son plus grand bonheur, il y côtoie celui qui est son modèle, et deviendra très vite son ami et mentor, Mohamed Aboutreika. Le légendaire milieu offensif du Ahly a vite perçu dans ce jeune homme l’avenir radieux du football égyptien. Pendant le tournoi, il lui offre des buts sur un plateau lors des matches contre le Brésil, la Nouvelle Zélande et le Belarus. Une étoile est née. Deux ans après ses débuts parmi l’élite égyptienne, elle va briller en Europe.
A Bâle, Salah ne met guère de temps à s’imposer : sa vitesse et son profil d’excentré passeur ou finisseur ont séduit d’emblée. Cinq buts (en 29 apparitions) viendront récompenser son adaptation rapide. L’Egyptien goûte aussi très rapidement à la Ligue Europa dans laquelle son équipe a été reversée. Au printemps 2013, lors du quart de finale retour contre Tottenham, « Ghaly » (le précieux, en arabe) marque le but qui permet à son équipe de jouer les tirs au but. Bâle s’impose 4 à 1 et se qualifie pour les demies de la compétition continentale, où il doit affronter l’épouvantail Chelsea. A St Jakob’s Park, lors de la demie aller, Salah paraît submergé par la pression et impressionné par ses adversaires. Au retour, toute criante digérée, il marquera le but de consolation des siens, battus 3-1 à Stamford Bridge. Parallèlement à son parcours en club, Salah marque but sur but dans la campagne éliminatoire des Pharaons, qui remportent six matches sur six. Il est alors leur meilleur réalisateur (6 buts au total).
Quand débute la saison 2013-14, d’autres défis attendent le jeune Egyptien. Sacré champion quelques semaines plus tôt, il dispute la Ligue des champions grâce à ses buts lors des matches de barrage. La première rencontre de poule lui offre un nouveau déplacement au Bridge contre un adversaire qu’il connaît bien désormais bien : Chelsea. Irrésistible ce soir-là, il inscrit le but victorieux (2-1) à l’issue d’une longue course. Il récidive à l’automne pour le match retour (1-0) mais ce nouveau succès est insuffisant pour se qualifier au tour suivant. Salah est désigné meilleur joueur en Suisse, un an après que la CAF lui ait octroyé le prix de Meilleur Espoir africain. Un titre amplement mérité au vu de ses exploits en club comme en sélection. Chelsea, qu’il a mystifié en Ligue des champions, ne va pas tarder à se manifester au mercato d’hiver 2013-14…
@Samir Farasha
La suite mardi 15 septembre