Le stade Mohamed V de Casablanca accueille dans quelques heures la finale de la LDC continentale. D’un côté, le Ahly champion sortant et grand favori, en quête de Decima. Et de l’autre, les inattendus Sud-africains de Kaizer Chiefs, qui disputent leur première finale dans l’épreuve…
A Soweto et un peu partout ailleurs en Afrique du Sud, on s’est réveillés ce samedi en souhaitant deux choses : une accalmie dans la vague de violence qui touche le pays depuis une semaine, dans le Gauteng et le KwaZulu Natal. Et puis, la victoire des « AmaKhosi » en finale de la Ligue des champions, eux qui comptent des millions de sympathisants répartis un peu partout dans le pays.
Un succès du club sud-africain n’est évidemment pas impossible, au regard de la qualité de son effectif et surtout, de l’exceptionnel parcours qui l’a vu bouger des montagnes pour atteindre ce sommet absolu du football continental. Pour autant, il lui faudra battre les imbattables du Ahly. Neuf fois champions d’Afrique, la dernière en 2020, conduits par l’un des maîtres techniciens du moment, Pitso Mosimane… Sud-Africain lui aussi, et qui connaît particulièrement bien cette équipe des Chiefs. Vainqueur de la Supercoupe d’Afrique il y a quelques mois à Doha, le Ahly est un cannibale qui ne laisse jamais de miettes à l’adversité. Il s’appuie sur une colonne vertébrale redoutable et redoutée parce qu’efficace en tout temps : le gardien de but et capitaine Mohamed El-Shenawy est le numéro un à son poste dans la compétition. Au milieu, le binôme Aliou Dieng – Amr El-Suleya récupère proprement et nourrit le secteur offensif. Devant, le goleador Mohamed Sherif est nourri souvent par le petit mais malicieux Magdi Afsha, une rampe de lancement qui fait ses preuves depuis un an. Le tout encadré par Mosimane, déjà vainqueur de la LDC en 2016 (avec les Mamelodi Sundowns) et donc en 2020. Et qui aimerait bien faire la passe de trois.
Face à lui, il va retrouver ce soir Stuart Baxter, le technicien britannique qui a dirigé à deux reprises l’Afrique du Sud et qui revient sur le banc sowetan. Les deux hommes se connaissent et s’estiment, mais dans leur duel personnel, Mosimane compte quelques jolis succès qui lui donnent un avantage psychologique. Ce n’est pas suffisant. L’un et l’autre connaissent parfaitement la stratégie et les intentions tactiques de celui d’en face. Et c’est donc une bien belle partie d’échec qui se déroulera à partir de 20h locales du côté du Maroc.
Le Ahly, qui continue de faire la course derrière le Zamalek en championnat, ne songe pour l’heure qu’ à cette dixième couronne, « Al-Achra » comme disent les Cairotes. Ils l’ont dit et répété lors de la conférence d’avant-match. Difficile de prédire quel type de scenario attend cette finale même si, on le sait, les organismes des uns et des autres sont essorés par une longue saison. Le Ahly, pragmatique, peut accélérer et piquer à tout moment, tout en gérant le match. Les Chiefs sont également redoutables en contres et surtout, sur coups de pied arrêtés. C’est certainement dans ce secteur clé que se jouera la victoire à Casablanca.
Sur ce que l’on a vu tout au long de cette saison, le Ahly possède évidemment la faveur de nos pronostics. Il a dominé l’adversité le plus souvent – à l’exception d’une défaite à Simba, en Tanzanie (0-1) en phase de poule – et s’est révélé d’une efficacité clinique dans les matches les plus serrés. Les Chiefs ont cru en leur destin quand personne ne les voyait performer bien loin dans une compétition que les clubs de leur pays n’ont jamais honorée, hormis les Orlando Pirates (1995) et les Mamelodi Sundowns (2016). A Casa, devant le nouveau boss sud-africain de la CAF et ex-président des Sundowns, ils auront forcément à cœur d’aller chercher le trophée avant de le rapporter à la maison. Une maison, on l’a dit en introduction, secouée de spasmes violents depuis près d’une semaine, et que la victoire en Ligue des champions pourrait apaiser. Peut-être. Le vainqueur disputera la prochaine édition de la Supercoupe d’Afrique face au Raja de Casablanca, qui s’est adjugé la semaine passée la Coupe de la Confédération aux dépens de la JS Kabylie (2-1). Puis sera engagé en Coupe du monde des clubs au Japon.
@Samir Farasha