Vainqueur 2-1 du Zamalek à l’issue d’une finale rythmée et spectaculaire, le Ahly a dû puiser dans ses ultimes ressources pour marquer le but décisif dans les derniers instants.
C’est le scenario classique des instants qui suivent une finale. L’extase des vainqueurs d’un côté, où se mêlent les embrassades et les larmes de joie. De l’autre, la tristesse et la prostration pour les malheureux vaincus. Ce choc fratricide entre Cairotes et remporté en toute fin de match (2-1) par un Ahly longtemps bousculé n’a pas échappé à ça. Et pourtant, le Zamalek aura été un bien beau finaliste, joueur et fluide, et les Chevaliers Blancs n’ont pas à rougir de leur prestation collective, eux qui n’étaient pas les favoris de ce sommet local, national et continental.
Avant la rencontre, la faveur des pronostics penchait naturellement pour le Ahly et ses huit titres en C1, contre cinq au Zamalek. Le champion égyptien 2020 avait pourtant été vaincu en aout (3-1) par un Zamalek fringant et les dernières sorties africaines des joueurs de Jaime Pacheco donnaient à penser que la tâche du Ahly serait effectivement très compliquée, malgré les absences (trois dans chaque camp) pour cause de Covid +.
Très rapidement et sans qu’il y ait de round d’observation, le Ahly se portait en tête au marquoir. Une action d’El-Shahat dans le couloir droit (4e) et une frappe repoussée par Abou Gabal. Corner rentrant d’Ali Maaloul, qui trouve la tête de Amr Al-Suleya. Ce dernier échappe au marquage zamalkaoui et trompe Abou Gabal (1-0, 5e). Le match est lancé, le Zamalek KO pour quelques instants.
Les Blancs cairotes auront besoin de dix minutes pour refaire surface et se réveiller. Par l’intermédiaire de la légende, Shikabala, 34 ans, titulaire en l’absence de Youssef Obama (Covid). Shikabala oblige Mohamed El-Shenawy à un arrêt sur sa ligne (15e) et démontre qu’il faudra le surveiller, lui qui joue les électrons libres, tantôt à gauche, parfois à droite, et souvent axial.
Etonnamment, le Ahly se met à déjouer, et abandonne la possession du ballon. Ca ronronne derrière, et le Zamalek en profite pour proposer un football léché, fait de passes courtes. Zizo excelle, Shikabala aussi. Justement, la légende, embusqué à droite en faux-pied, part dans un slalom et dribble un, deux puis trois adversaires avant d’enrouler du gauche et à l’entrée de la surface une frappe dans la lucarne d’El-Shenawy ! Un amour de but qui récompense le bon passage du Zamalek (1-1, 31e) et surtout l’influence de ce joueur devenu intermittent au Zamalek, âge oblige. Le Ahly, à son tour, est dans les cordes. Il le sera encore longtemps, jusqu’au retour des vestiaires en début de seconde période.
A la 50e, Mostafa Mohamed (9 buts dans la campagne de LDC) bénéficie enfin d’un bon ballon face au gardien mais frappe dans ses bras. Le Ahly, piqué au vif, réagit. Ali Maaloul, encore lui, déboule à gauche et centre au cordeau. Au second poteau, Hussein El-Shahat reprend et sa frappe percute le poteau avant de toucher Alaa qui, on ne sait trop comment, met le ballon en corner alors qu’il aurait très bien pu le dévier dans ses filets (54e). Dans la foulée, Pacheco sort Shikabala, juste avant l’heure. Ce dernier, qui semble amoindri, fait grise mine.
Après l’heure de jeu, le Zamalek répond enfin au Ahly. Cette fois, c’est l’intenable Zizo, qui ne se contente pas de son aile droite, qui expédie un boulet de canon… sur le poteau d’El-Shenawy (65e). Dix minutes plus tard, Bencharki s’écroule dans la surface. Le Marocain réclame un penalty que l’Algérien Ghorbal, excellent tout au long du match, ne lui accordera pas. A juste titre puisque Bencharki a accroché le bras de son adversaire. Alors que l’on entre dans les dix dernières minutes, la fatigue se fait sentir et aucune des équipes ne semble avoir les ressources pour marquer sur une action construite. La prolongation guette… jusqu’à un éclair de génie du petit Afsha. A la suite d’un ballon mal repoussé de la tête et dans l’axe par Alaa, Afsha reprend de volée et du droit. Sa frappe limpide trouve la lucarne d’Abou Gabal (2-1, 86e) ! Inespéré pour le Ahly. Pitso Mosimane demande à son groupe de défendre cet acquis, alors que cinq minutes de temps additionnel sont ajoutées. Le Zamalek n’a plus la force physique ou mentale pour aller égaliser. C’est fini. Ahly s’adjuge son neuvième titre en LDC à l’issue d’une finale qui n’aura pas déçu.
L’heure est à la joie. Bibo Al-Khatib, le président et ancien buteur du Ahly, est sur le podium où il félicite avec dignité et émotion ses troupes. El-Shenawy, le capitaine, lève enfin le trophée dans le ciel étoilé du Caire. Le Zamalek, n’aura pas démérité. Les deux équipes se retrouveront sans doute dans quelques semaines en finale de la Coupe d’Egypte. Ahly est d’ores et déjà qualifié pour la Coupe du monde des clubs en février. Il disputera aussi au Caire la Supercoupe d’Afrique face aux Marocains de la Renaissance de Berkane. Zamalek sera de retour en LDC 2021 pour tenter cette fois encore, de la remporter. Il ne lui aura pas manqué grand-chose pour remporter ce que les médias égyptiens avaient baptisé le « Derby du Siècle ». La nuit de liesse pouvait commencer pour les supporters du Ahly, privés de stade mais pas de défilé…
@Samir Farasha
La feuille de match
Au Caire (stade international),
Ahly – Zamalek 2-1 (1-1). Arbitre : M. Ghorbal (ALG). Buts : Al-Suleya (11e), Afsha (86e) pour le Ahly ; Shikabala (31e) pour le Zamalek.
Ahly : M. El-Shenawy – Hany, Ashraf, Ibrahim, Maaloul – H. Fathy, Al-Suleya – El-Shahat, Afsha (Ramy Rabia, 90e), Junior Ajayi (Geraldo, 67e) – M. Mohsen (Kahraba, 90e+2). Entraîneur : Mosimane.
Zamalek : Abou Gabal – Eid, Abdelghani, Alaa, I. Gaber (Omar El-Saïd, 90e) – Sassi, Hamed – Zizo, Shikabala (Kasongo, 55e), Bencharki – M. Mohamed. Entraîneur : Jaime Pacheco.