A quelques heures de la finale retour de Ligue des champions, le WAC part avec la faveur de la majorité des pronostics, grâce à son résultat (1-1) du match aller en Egypte. Cela suffira-t-il face au Ahly cairote ?
A une semaine d’un autre rendez-vous majeur pour le football marocain – la qualification attendue des Lions de l’Atlas pour la Coupe du monde en Russie, à l’occasion d’un déplacement en Côte d’Ivoire – il n’est pourtant question ces derniers jours que de cette finale continentale contre le Ahly. Et surtout, des chances du Wydad de lever le trophée, lui qui n’a plus remporté la C1 africaine depuis… 1992. Dans un autre siècle, du temps des Khalil Azmi, Daoudi et autres Moussa Ndaw.
Naturellement, et depuis le formidable résultat obtenu à Borg El-Arab (1-1, après avoir été mené 1-0), le WAC envisage cette finale retour avec optimisme. Un optimisme raisonnable du côté de l’entraîneur Houcine Ammouta et des joueurs, mais nettement plus accentué chez ses supporters.
Tout à l’heure, ils seront près de 45 000 au stade Mohamed V, pour un match à guichets fermés qui fait couler beaucoup d’encre et de salive depuis une semaine. Tout le Maroc se passionne pour ce match et plus encore depuis que le WAC a tenu en échec chez lui l’octuple vainqueur de la Ligue des champions d’Afrique.
Après la demi-finale retour entre l’Etoile du Sahel et le Ahly, une semaine plus tôt (6-2) qui coûta sa place au technicien français Hubert Velud, nombre d’observateurs imaginaient que le WAC subirait le même destin à Borg El-Arab. C’était oublier que les deux clubs s’étaient affrontés en phase de poule (victoire 2-0 pour chacun d’entre eux) et mésestimer la capacité du WAC à bien défendre.
Le 4 juin, le Ahly avait gagné grâce à des buts de Moemen Zakareya (24e) et du Nigérian Junior Ajayi (79e). Au retour, le 21 juin, le Congolais Fabrice Ondama (48e) puis Walid El-Karti (78e) avaient été les heureux buteurs de la victoire du WAC.
Non content de bien défendre à l’aller, le WAC a aussi démontré sa capacité à piquer son adversaire sur le plan offensif, avec l’égalisation d’Achraf Bencharki, qui a répondu dans le premier quart d’heure au superbe but inscrit par Moemen Zakareya, l’une des perles offensives de cet Ahly.
S’il rend près d’une dizaine d’années à son homologue ahlaoui El-Badry, Houssine Ammouta, le coach wydadi, fait partie des entraîneurs africains expérimentés. Vainqueur d’une Coupe africaine avec le FUS Rabat puis de la Supercoupe, cet ancien avant-centre n’a rien à envier à son adversaire. Il dispose d’un effectif expérimenté et talentueux, tourné vers le football offensif. La triplette El-Haddad-Bencharki-Ounnajem a démontré tout au long de l’année qu’elle était le principal atout du WAC. Et il sera bien difficile au président Saïd Naciri de conserver durablement ce trio (mais est-ce son intention ?) ces prochains mois. Surtout en cas de victoire et donc, de participation au Mondial des clubs le mois prochain aux Emirats. Mais nous n’en sommes encore pas là.
Comment le Ahly a -t-il digéré sa finale aller ? Habitué à remporter sans forcer ses matches sur le sol égyptien, le champion 2017 n’a évidemment pas apprécié ce nul au goût incertain. Il s’est procuré des occasions, a également confisqué le ballon par instants. Mais cela n’a pas suffi.
Depuis, le Ahly sait qu’il se présentera très diminué au stade Mohamed V. Son latéral gauche tunisien Ali Maâloul, instrumental tout au long de son parcours, est blessé, tout comme Saleh Gomaa, le milieu offensif et son compère Hossam Ashour. Trois pièces maîtresses du club cairote qui vont manquer terriblement à cette machine à jouer.
Le WAC, qui est bien renseigné et connaît parfaitement les faiblesses de son adversaire expérimenté, devra donc insister là où cela fait mal. Il connaît aussi les ratés récurrents du gardien de but Sherif Ekramy. Sans oublier ce complexe de supériorité qui habite parfois les « Diables Rouges » cairotes.
Tout cela n’est évidemment pas quantifiable à quelques heures du match mais cela aura son importance au moment de gérer certaines situations. L’appui du public tout acquis à sa cause devrait également pousser le Wydad dans les moments difficiles, ainsi que nous le disait Walid Regragui, le coach du FUS, qui voit dans le soutien de ce douzième homme un atout essentiel pour le WAC.
Ammouta, on le disait, est un technicien madré et il n’a pas manqué de flatter avant match « un adversaire qui est plus fort à l’extérieur que chez lui ». Il a aussi expliqué que son équipe ne pouvait se contenter d’attendre un nul 0-0 -synonyme de victoire en vertu du but marqué par le WAC en Egypte – compte tenu de la capacité du Ahly à développer son jeu offensif et à faire peser une vraie menace sur le but gardé par Laaroubi.
Hossam El-Badry fait quant à lui preuve d’optimisme: « Nous partons pour remporter ce match retour. Nous avons l’expérience de ce type de rendez-vous et savons gérer la pression inhérente. On espère juste que l’arbitrage sera à la hauteur, cette fois… »
Le Wydad peut évidemment se rassurer en scrutant ses résultats obtenus à la maison cette année en LDC : 1-0 contre Mounana, 2-0 contre Cotonsport, 2-0 vs Ahly, 1-0 face à Zanaco, 1-0 contre Mamelodi Sundowns et 3-1 face à l’USM Alger, seule formation à lui avoir inscrit un but à domicile.
Le Ahly, de son côté, reste fragile en déplacement puisqu’il a perdu à l’Etoile du Sahel et au WAC. Il n’a gagné qu’à Cotonsport (2-0) et à l’Espérance (2-1). En réalité, que vaudront finalement toutes ces statistiques au moment du coup d’envoi de la finale ? Un exploit de Walid Azaro côté Ahlaoui peut très bien les faire voler en éclats. A moins que le Ahly s’effondre et s’énerve face à la supériorité tranquille d’un WAC emmené par son capitaine Nekkache.
Réponse dans quelques heures avec l’assurance, pour le futur vainqueur, d’empocher 2,5 millions de dollars, avant de représenter le continent africain aux Emirats pour le Mondial des clubs. Faites vos pronostics, rien ne va plus !
@Samir Farasha