2022mag consacre depuis quelques jours une série aux grands techniciens arabes d’hier et d’aujourd’hui. Après avoir débuté par le multi-titré Shehata et poursuivi avec Rachid Mekhloufi,, nous continuons avec le plus célèbre rouquin du football tunisien, M’rad Mahjoub.
De la carrière de joueur de M’rad Mahjoub, on sait peu de choses. Mais ce dernier a l’an dernier, dans un superbe entretien donné au quotidien « la Presse »qui l’ont conduit à entraîner. « En fait, j’étais Prof de sport au lycée Sadiki où il y avait un enseignant de Mathématiques, Hedi Annabi, qui était en même temps responsable à l’Etoile Sportive Radésienne. Il m’a demandé de prendre en main son équipe, ce que j’ai fait gratuitement. Nous allions arriver jusqu’en quarts ou en demi-finales de la coupe de Tunisie. Une performance impensable, au départ. Malgré le peu de moyens, nous avons abattu un travail gigantesque ». Voilà donc la carrière de technicien de M’rad lancée, avec ce club de D3 tunisienne qui vient se mêler en Coupe au gratin du football local, au début des années 1980. En 1982-83, il est nommé à la tête de l’Espérance de Tunis, l’immense Taraji mais, « trop jeune » selon ses propres mots, est remplacé après seulement quelques mois.
Dans la foulée, Mahjoub va rapidement être appelé à diriger les U20 tunisiens en 1985, qui deviennent vice-champions d’Afrique. Cette formation écarte successivement l’Algérie, le Maroc et la Côte d’Ivoire avant de se qualifier pour la finale contre le Nigeria (1-1, 1-2). Mahjoub part donc disputer la CDM 1985 en Russie (trois défaites). Qu’importe, puisque son équipe recèle de futurs cracks : Chokri El-Ouaer, Mohamed Ali Mahjoubi, Haithem Abid, Jamel Limam, Mourad Gharbi.
Quand la Tunisie se cherche un sélectionneur début 1990 pour succéder au Polonais Toni Piechniczek, elle confie naturellement les Aigles de Carthage à ce formateur à l’œil aiguisé. Avec dans l’idée de se qualifier pour la CAN 1992 au Sénégal. Malheureusement, Mahjoub ne parvient pas à qualifier son groupe pour ce tournoi, deuxième derrière l’Egypte à égalité de points mais doublée à la différence de buts… Il sera remplacé par Youssef Zaoui qui aura le redoutable privilège de diriger la sélection à la CAN 1994 organisée par la Tunisie…
Après cet échec, Mahjoub va beaucoup exercer loin de la Tunisie, comme à l’Ittifaq Dammam (Arabie Saoudite), Al-Aïn Club et Sharjah SC (Emirats), ou encore au Ahly de Doha (Qatar), une région dans laquelle sa réputation est intacte. Il revient en Tunisie au début des années 2000, où il entreprend une tournée des clubs locaux : Espérance de Zarzis (2002), Club Africain (2003), CS Sfaxien (2003-04) puis Etoile du Sahel (2004). Il sera également quelques mois sur le banc de l’Espérance de Tunis en 2005 avant de retourner au CS Sfaxien (2005-07). A l’automne 2006, il dispute avec le CSS la finale de la Ligue des champions d’Afrique contre le Ahly du Caire. Après le nul 1-1 à l’aller au Caire, les chances des noir et blanc sont intactes. Hélas, le Ahly s’impose au bout du temps additionnel sur un but d’Aboutreika (90e +2) à Radès… Après Sfax, le voici quelque temps au Stade Tunisien (2007) puis à La Marsa (2008) avant d’être nommé à la JS Kairouan (2009-10) où il est débarqué en cours de saison. Il hérite ensuite du Club Africain, un siège éjectable.
A désormais 75 ans, le rouquin vit désormais une retraite paisible en Tunisie. Depuis la Révolution de 2011 en Tunisie, Mahjoub a décidé de stopper sa carrière. Voilà ce qu’il en disait à nos confrères de la Presse : « Cela fait huit ans que j’ai disparu de la circulation, comme on dit. En 2010, j’ai eu de petits problèmes de santé qui ont nécessité une opération et un long repos. Depuis, quand je vois comment ça se passe dans le foot, je n’ai plus envie de reprendre du service. Je me dis alors que je ne m’investirai plus que pour un club doté d’un projet sportif sérieux. J’essaie à présent de me rendre utile par d’autres moyens, avec plus de spécificités. Autrement, je suis bien, je ne demande rien. Par exemple, des entraîneurs me sollicitent pour un conseil, et je le fais de bonne grâce ». Depuis qu’il a cessé d’entraîner, Mahjoub dit passer son temps « en famille. Je joue de la guitare, j’ai écrit des textes que mes amis trouvent révolutionnaires sur le thème de la Palestine, le conflit des générations, le bonheur… Comme un boomerang, le bruit de la justice résonne chaque fois que les usurpateurs amènent leur terrible hécatombe ». Si son palmarès reste modeste au regard de son vécu – une finale de LDC africaine (2006), une victoire en Ligue des champions arabes (2004) avec l’ESS, un titre de champion des Emirats (1987) mais aussi une Coupe de Tunisie (2004) – son parcours demeure digne d’éloges.
@Samir Farasha
Demain, le 4e épisode sera consacré au Marocain Lhoucine Ammouta.