2022mag consacre depuis quelques jours une série aux grands techniciens arabes d’hier et d’aujourd’hui. Après avoir débuté par le multi-titré Shehata, Rachid Mekhloufi, M’rad Mahjoub et Lhoussine Ammouta, place aujourd’hui au « Cheikh » Saâdane, l’homme du renouveau de l’EN algérienne.
S’il n’avait pas eu un accident de voiture qui mit fin, prématurément, à sa carrière de joueur, le Batnéen serait-il entré si jeune dans la carrière d’entraîneur, avec les résultats que l’on sait ? International à une reprise (1971) sous Rachid Mekhloufi, Rabah Saâdane a joué successivement au MSP Batna, au MO Constantine, à la JS El- Biar puis à l’USM Blida avant de s’arrêter brutalement à 27 ans, accident oblige. Six ans plus tard, le jeune technicien, qui a notamment reçu l’enseignement de Georges Boulogne en France, est devenu l’adjoint d’Abdelhamid Kermali chez les juniors (U20) algériens. Le binôme qualifie cette génération pour la Coupe du monde de la catégorie au Japon (1979), un tournoi qui verra les jeunes Algériens s’arrêter en quarts de finale devant l’Argentine d’un certain Diego Maradona (0-5). Ils se nomment Bouiche, Menad, Yahi, Osmani et ne vont pas tarder à faire parler d’eux. Dans la foulée de cet évènement, Saâdane est appelé à la tête de la sélection olympique pour les JO 1980 de Moscou. Deuxième de son groupe derrière la RDA mais devant l’Espagne, l’Algérie s’incline en quarts de finale (0-3) contre la Yougoslavie. La Fédération (FAF) décide naturellement d’intégrer le technicien au staff élargi des Fennecs en vue de la qualification à la CDM 1982 en Espagne. Il vit donc l’épopée des « Espagnols » au plus près de Mekhloufi et de Khalef.
Fin 1984, il est rappelé au chevet de la sélection nationale, en remplacement de Mahieddine Khalef, afin de qualifier l’EN pour la Coupe du monde au Mexique. Une mission dont il va parfaitement s’acquitter en tant que numéro un cette fois. Mais la compétition tourne au désastre et Saâdane abandonne la sélection en route.
Il choisit alors les chemins de l’exil et s’installe à Casablanca où on lui a confié la responsabilité du Raja à partir de 1988. A sa tête, Saâdane conquiert la Coupe des clubs champions 1989. La finale n’est pas anodine pour lui puisqu’elle l’oppose au club algérien MP Oran (1-0, 0-1). Le Raja s’imposera aux tirs au but. On le retrouve quelques années plus tard à l’Etoile du Sahel (1994-95), en Tunisie. En 1999, il est rappelé, le temps d’un match, sur le banc de la sélection en éliminatoires de la CAN 2000. Mais l’heure de la rédemption ne va pas tarder à sonner. Juillet 2003 : l’Algérie rappelle le technicien qui qualifie l’équipe pour la CAN 2004.
Sous sa conduite, elle bat l’Egypte (2-1) et partage les points vec le Cameroun (1-1) en phase de poule et se qualifie pour les quarts de finale, laissant une excellente impression malgré son élimination par le Maroc (3-1 ap.prol.). Dans la foulée de son passage réussi, le Yemen lui confie son équipe nationale. Mais il était dit qu’il reviendrait pour de bon en Algérie. De retour sur un banc de club (Sétif), il remporte la Ligue des champions arabes 2007. En octobre 2007, il succède au Français Jean-Michel Cavalli, écarté après l’élimination de la course à la CAN 2008.
Saâdane est donc chargé de reconstruire, et il va s’y employer sans compter. Il qualifie d’abord la sélection pour la CAN 2010, avant de réussir son chef d’œuvre : la qualification pour la le Mondial 2010, à l’issue d’un barrage au Soudan contre l’Egypte (1-0) championne d’Afrique 2006 et 2008. En dépit d’une CAN 2010 mitigée sur le plan du jeu et du comportement collectif (demi-finaliste et victoire sur la Côte d’Ivoire), Saâdane conserve ses responsabilités et conduit l’EN en Afrique du Sud. Il démissionnera quelques mois plus tard, après un mauvais début de campagne éliminatoire de CAN 2012. On le retrouvera à la tête de l’ES Sétif en décembre 2013 pour ce qui constitue à ce jour son dernier poste, quarante ans après la fin de sa carrière de joueur. Figure tutélaire du football algérien, il sera ensuite nommé DTN en octobre 2017, poste dont il démissionnera un an plus tard dans des circonstances pour le moins tristes. A bientôt 74 ans, l’homme de Batna est toujours un observateur avisé mais retraité des choses du football.
@Samir Farasha
Retrouvez demain le 6e épisode de cette série qui sera consacré à l’Egyptien Mahmoud El-Gohary.