2022mag consacre depuis la semaine passée une série dédiée aux futures stars du football arabe. Aujourd’hui, place à l’Algérien Hicham Boudaoui, formé au Paradou AC et transféré à Nice où il a rejoint cette saison son aîné Atal.
C’est loin, très loin d’Alger ou des autres grands centres urbains qui ont vu naître tant de talents en Algérie (Sétif, Oran, Constantine, Tizi Ouzou) que Hicham Boudaoui a vu le jour en 1999. Très exactement à Béchar, à plus de 1000 kilomètres donc au sud de la capitale.
C’est fort naturellement que Hicham rejoint le club local, la Jeunesse de Béchar, dans les petites catégories, avant d’être repéré par les recruteurs du Paradou AC en 2012. Cela se passe lors d’un tournoi dans le grand Alger. Il passe les tests de sélection avant d’être admis au sein du centre de formation du club qui travaille selon la méthodologie de Jean-Marc Guillou.
Ses grands débuts interviendront bien plus tard. A 18 ans, ce milieu défensif aux belles qualités techniques entre en jeu lors d’un match de championnat contre l’USM Alger. Sa carrière est lancée et il commence alors à aligner les rencontres, jusqu’à être désigné meilleur espoir du championnat algérien 2018, où il succède au palmarès à Youcef Atal, autre ancien du Paradou. Un signe du destin.
Jeune et décomplexé, habile techniquement et intelligent tactiquement, il tape alors dans l’œil d’un homme en mission : le sélectionneur Djamel Belmadi, qui est en train de bâtir le groupe qui disputera la phase finale de la CAN 2019 en Egypte. International dans les catégories de jeunes (des U20 jusqu’aux U23), Boudaoui est appelé pour affronter le Qatar avec les A’ lors d’un match amical fin décembre 2018.
Fort logiquement, et compte tenu de sa progression linéaire, Belmadi le convoque pour le tournoi final en Egypte, écartant de fait des joueurs plus expérimentés, à l’instar de Nabil Bentaleb ou Saphir Taïder. Mais, à l’inverse du Tunisien Marc Lamti (aucun match disputé), le sélectionneur va lui donner du temps de jeu pendant cette belle épopée. Il va ainsi affronter la Tanzanie en match de poule, et goûtera encore aux joies de la compétition lors du huitième de finale victorieux face au Syli de Guinée (3-0). Il vivra donc le grand bonheur d’être sacré champion d’Afrique à 19 ans, en compagnie de Rami Bensebaïni et Youcef Atal, d’autres anciens de l’Académie du Paradou AC.
A la suite de cette victoire à la CAN, voici Hicham engagé avec le Paradou en Coupe de la Confédération africaine 2019-20, dont il ne vivra que le tout début de l’épopée. C’est qu’entretemps son club a décidé de le vendre à l’OGC Nice, où il est transféré lors du mercato d’été, moyennant une belle indemnité de quatre millions d’euros.
Depuis son arrivée chez les Aiglons, Boudaoui a été aligné à onze reprises (neuf en championnat dont six titularisations). Il a également marqué ses premiers buts, lui le milieu défensif, contre Toulouse lors de la 19e journée de L1 (3-0), lors de sa deuxième titularisation, puis en coupe de France contre Fréjus Saint-Raphaël. Sans oublier deux passes décisives. Un bilan contrasté puisque le jeune Algérien a d’abord connu quelques difficultés avant de s’installer dans le onze de Patrick Vieira, où sa progression fut interrompue par la pandémie de Covid-19. Vieira, qui a vu en lui un joueur polyvalent et parfaitement capable d’évoluer à plusieurs postes au milieu, l’a ainsi aligné dans l’axe mais aussi sur l’aile droite dans un registre offensif.
Seul accroc pour l’heure à son parcours professionnel, le carton rouge reçu début février 2020 à domicile contre Nîmes (1-3) et synonyme de quatre matches de suspension, dont trois fermes. Autre « affaire » auquel ce jeune talent a été indirectement mêlé, l’agression verbale dont il fit l’objet de la part d’un journaliste algérien en octobre dernier à Blida à l’issue du match amical entre l’Algérie et la RDC (1-1). Boudaoui, en zone mixte, ne s’était pas arrêté pour répondre et l’homme de presse, mécontent, l’accusa de se la jouer. Une scène filmée atteste de cette séquence. Boudaoui fondit en larmes dans le car de la sélection. Il n’en fallait pas plus pour que la Fédération prenne la défense de son joueur dans un communiqué officiel, parlant d’une « abjecte agression » sur l’un des « fleurons » du football algérien. Bref, mal en a pris à celui qui s’est attaqué à l’une des pépites du football algérien, qui n’en manque pas du reste, pour atteindre ses prochains objectifs, à commencer par une qualification pour la prochaine Coupe du monde, en 2022, au Qatar. Avec dans ses rangs le talentueux Boudaoui, très certainement.
@Samir Farasha
Vous retrouverez demain le neuvième et avant-dernière épisode de cette saga, qui sera consacré à l’attaquant égyptien Mostafa Mohamed, meilleur buteur du dernier tournoi préolympique africain.