2022mag a consacré depuis la semaine dernière une série originale dédiée aux futures stars du football arabe. Aujourd’hui, le dernier épisode s’arrête sur le destin de l’Irakien Mohanad Ali.
On a l’impression de le connaître depuis longtemps et pourtant, Mohanad Ali n’a pas encore fêté ses vingt ans. Né en juin 2000 à Baghdad, cet enfant des années de guerre a frappé dans un ballon dès ses très jeunes années. A six ans, il rejoint l’école de foot Ammo Baba, après avoir impressionné les éducateurs, déjà, par ses qualités naturelles d’attaquant.
Il débute en club quelque temps plus tard au Al Quwa-al Jawiya. Son potentiel de buteur éclate très vite au grand jour et il est appelé en sélection nationale des U14, où il acquiert rapidement une réputation qui dépasse les frontières de son pays, puisqu’il fait régulièrement partie des buteurs des compétitions d’âge de l’AFC. A tel point qu’à 13 ans à peine, le grand club Al-Shorta lui offre un contrat de cinq ans ( ! ). A 13 ans et 279 jours, il effectuera même ses grands débuts en D1 irakienne, en entrant en jeu à quelques minutes de la fin du grand derby de Baghdad contre Al-Talaba. C’est le Brésilien Lorival Santos qui lui offre cette possibilité.
Il sera sacré champion national quelques mois plus tard, remportant donc son premier titre pro. Mohanad devra pourtant attendre jusqu’en septembre 2015 pour inscrire son premier but en compétition, face à Al-Sinaa, et de la tête. A 16 ans, la pépite Mohanad est prêtée au Al-Kahrabaa, un autre club de la capitale. Cette fois, la machine est en marche puisque loin de ses bases, il inscrit douze buts avec cette formation plus modeste de l’élite irakienne. De retour à Al-Shorta où il a prolongé jusqu’en 2020, il réalise une belle saison 2017-18. Inspiré par son leader offensif, Al-Shorta va se classer quatrième. Ses statistiques commencent à enfler : 17 buts et 8 passes décisives. Mais le meilleur est encore à venir. Sous la direction du Serbe Nejbosa Jovovic, Al-Shorta remporte le championnat 2019. Mohanad Ali en est le grand artisan avec vingt buts et dix assists, tout cela réalisé en 31 matches ! De quoi titiller l’intérêt du football occidental, qui a déjà entendu parler de ce jeune attaquant.
A 19 ans, il est tout simplement devenu la pépite de son pays et de sa sélection nationale, ce qui lui vaut des appels du pied de très nombreux clubs européens (Juventus, Genk, Galatasaray, AEK Athènes, etc). Pourtant, Al-Shorta repousse toutes les offres.
Contre toute attente, Mohanad Ali finit par rejoindre, pour une durée de cinq ans, les Qatariens d’ Nejbosa Jovovic,n juillet 2019, pour un montant estimé à 2M de dollars… C’est pourtant ce transfert qui lui ouvrira les portes de l’Europe puisqu’il a été prêté en janvier 2020 à Portimonense jusqu’à la fin de la saison au Portugal. Un club où il n’a effectué que trois apparitions en championnat, pour aucun but.
Son histoire avec l’équipe nationale constitue l’autre versant réussi de sa (déjà) riche carrière, même si une polémique sur son identité (il a autrefois été enregistré sous celle de son frère Hassan, de trois ans son aîné) lui a valu quelques petits soucis, réglés depuis. Mohanad a pu débuter chez les A à 17 ans officiellement, à l’occasion de la Coupe du Golfe, et a inscrit ses deux premiers buts en amical contre l’Arabie Saoudite en 2018 lors d’une victoire 4-1. La Confédération asiatique (AFC) l’a désigné à la fin de l’année 2019 « West Asian Footballer of the Year », en raison notamment de ses performances en éliminatoires du Mondial 2022 (4 buts inscrits, sur un total de huit en 2019). Le jeune homme présente il est vrai des statistiques soyeuses en sélection : 28 capes et 14 buts, série en cours ! Gageons que son histoire ne fait que commencer. Ambitieux en club comme en sélection, Mohanad Ali a encore le temps de prendre son envol dans un championnat qui saura pleinement lui accorder sa confiance. Pour devenir le premier Irakien à s’imposer loin de son pays. Il en a le mental et les qualités naturelles. Wait and see…
@Samir Farasha