Nommé voici quelques jours à la tête de l’équipe nationale de Libye, Adel Amrouche, le technicien algéro-belge a accepté d’évoquer en exclusivité pour 2022mag la tâche que lui a confiée la Fédération. Il succède à Omar El-Maryami, l’homme qui avait conduit la sélection en demie du CHAN au Maroc en janvier dernier.
Adel bonjour, comment ça se passe à Tripoli ?` Ecoutez, j’ai fait l’aller-retour. J’étais parti pour signer le contrat, je suis rentré en Belgique depuis. J’ai signé pour deux ans, en fait pour une année renouvelable. Je sais que mes dirigeants auraient préféré que je signe sur du long terme, mais je pense qu’on ajustera en fonction de l’avancée du travail.
Quels sont vos prérogatives à la tête de la Libye ? Je prends l’équipe première en charge, mais j’aurais aussi un oeil sur toutes les catégories d’âge. L’ancien coach Al-Maryami va rester. Je ferais peut-être venir des gens dans l’encadrement. Le président de la Fédération souhaite par ailleurs la mise en place d’une philosophie au niveau des jeunes. Moi, je représente l’école belge, la formation telle qu’elle est dispensée. C’est ce programme qu’on veut mettre en route en Libye, où j’ai déjà remarqué durant mon séjour énormément de qualité chez les jeunes. J’ai vu les U15, les U19, il y a du talent ici.
Sélectionneur,c’est un métier, une fonction que vous connaissez bien… Vous avez exercé sur le banc du Burundi et du Kenya, en particulier… Et je suis heureux de reprendre dans cette fonction même si ça a été difficile. Accusé d’avoir craché sur le quatrième arbitre, j’avais été injustement suspendu pour six matches par la CAF à la suite du match entre les Comores et le Kenya en mai 2014 en éliminatoires de la CAN 2015. (Il a été gracié par la CAF en février 2016 alors qu’il lui restait quatre matches à purger, NDLR).
On vous sent toujours très amer par rapport à cette sanction… J’ai pris cela comme une injustice. Il faut savoir que j’étais sur une très belle lancée avec les Harambee Stars du Kenya, et cela m’a cassé. Je ne peux pas pardonner au président de la CAF de l’époque. J’ai perdu des années à cause de ça alors que j’ai apporté la preuve que je n’avais pas craché. Je ne nie pas en revanche que j’avais rouspété.
Vous avez beaucoup travaillé en Afrique subsaharienne avant de rebondir en Libye…` Oui, j’ai notamment dirigée en club le Daring Club Motema Pembe de Kinshasa, même si j’ai aussi coaché très récemment l’USM Alger. J’ai dirigé le Burundi (2007-2012) qui était alors une sélection méconnue. Après mon passage, j’ai eu la satisfaction de voir des joueurs sortir. C’est une satisfaction et un honneur d’y avoir contribué. Avec le Kenya aussi, j’ai obtenu des résultats. je pense à la CECAFA cup, la coupe d’Afrique des nations de l’est et du centre que j’ai remportée en décembre 2013. Ca faisait douze ans que le pays n’avait pas décroché ce titre sous-régional.
Vous voici désormais à la tête de la Libye, une formation qui a remporté le CHAN 2014, son dernier titre continental d’importance. Quel est votre priorité ? Je ne vous surprendrai pas en disant la qualification pour la phase finale de la CAN en juin 2019 au Cameroun. Il y a moyen de la disputer ! Et puis, ce serait formidable pour ramener, qui sait, la paix totale au pays ! Il faut aller chercher cette place parmi les 24 pour apaiser les coeurs. C’est un beau challenge, non ? Je vais m’y donner à fond, ils le méritent.
Allez-vous résider à Tripoli ? Si on veut réaliser un travail de qualité, il faut être sur place. Pour les stages de préparation, on ira dans les pays voisins, histoire de gagner en concentration. Mais je n’oublie pas qu’on a un atout majeur.
Lequel ? Notre public ! Il est incroyable, formidable même. Avez-vous des images des matches où il soutient les clubs aussi ? Ca m’a rappelé ce que j’avais vécu en RD Congo, au stade des Martyrs, avec le DC Motema Pembe, c’est vous dire. Alors on pousse du côté de la FIFA pour pouvoir vite rejouer à la maison, et non plus sur terrain neutre.
Qu’allez-vous faire d’ici à la reprise des éliminatoires de la CAN 2019, début septembre ? Je dois rencontrer les joueurs expatriés en Europe. il y en a quelques-uns. Echanger avec eux, faire en sorte qu’ils participent à cette opération pour la CAN 2019. On va également essayer de disputer un match amical, certainement en Turquie ou à côté.
Et votre stage d’avant-septembre, avant de revenir aux éliminatoires (la Libye figure dans le groupe E avec l’Afrique du Sud, le Nigeria mondialiste et les Seychelles) ? J’aimerais bien l’effectuer en France ! Il y a un endroit que j’affectionne tout particulièrement, le centre technique Henri-Guérin de Ploufragan en Bretagne, où je suis déjà allé avec l’USM Alger. Le cadre de travail est parfait, les conditions exceptionnelles. C’est là que j’aimerais venir me préparer avec la Libye. »