Voici la deuxième et dernière partie de l’entretien que nous a consacré le champion d’Afrique 2004 avec la Tunisie. Désormais entraîneur adjoint à Sochaux (L2 FRA) aux côtés d’Omar Daf, le grand Ali Boumnijel évoque, pêle-mêle, son expérience de technicien désormais, en Tunisie mais aussi en France, lui qui également coaché en Chine. Il revient aussi sur son passage au Club Africain, son dernier club pro en tant que joueur (2005-2007).
« Ali, Pourquoi avoir rejoint le Club Africain en 2004 ? Que vous a d’ailleurs apporté cette expérience dans le championnat national ?
Effectivement, ça s’est passé dans de drôles de circonstances. J’étais en contact avec deux clubs français, Ajaccio puis Lyon. Là-bas, Coupet venait de se blesser gravement, malheureusement pas fait. Je me suis retrouvé entre deux eaux. Au CA, mon entraîneur adjoint en sélection, Nabil Maaloul m’a appelé car il avait des problèmes de gardien de but. Je me suis dit que ce serait une expérience intéressante en fin de carrière. Je n’ai pas beaucoup hésité. J’ai commencé en janvier 2005, j’y suis resté deux ans.
En quoi ce passage vous a-t-il plu ?
Ca a été une expérience très enrichissante, à travers le jeu, le vestiaire, les dirigeants, l’impact des supporters. J’ai rarement vu des ambiances aussi chaudes comme celle du derby tunisois. En point d’orgue, le CA n’avait plus battu l’Espérance depuis dix ans, et on a gagné 1-0 ! J’en ai encore des frissons. J’ai vu les supporters pleurer de joie, certains jeunes n’avaient jamais vu le Club Africain battre Taraji !
Quel regard portez-vous sur la nouvelle génération des gardiens tunisiens ?
Quand j’étais là, j’ai vu Kasraoui arriver, « Balbouli » Matlouthi. Je trouvais qu’ils avaient beaucoup de qualités. A mon humble avis, il faut des coaches de gardiens formés à l’européenne et qui soient reconnus sur le plan national. Il faut imposer un savoir-faire pour permettre à une nouvelle génération d’éclore, et qu’on puisse la mener au plus haut niveau.
La faute à qui, à quoi ?
Ca ne vient pas des gardiens, mais de la manière dont ils sont entraînés et formés. Le coach spécifique n’est pas reconnu au pays, c’est dommage. J’ai entraîné les U20 tunisiens, et j’ai pu voir le niveau de nos gardiens. On l’a, la qualité en Tunisie. Mais j’en reviens à la charge de travail et à la qualité des entraînements.
Parlez-nous de votre reconversion en tant qu’entraîneur adjoint…
J’ai pensé très tôt à la reconversion. J’ai commencé à passer mes diplômes dès l’époque où j’étais à Gueugnon. Tout est parti de là.
Etes-vous resté en contact avec vos collègues champions d’Afrique 2004 ? Que deviennent-ils ? On pense aux Santos, Jazidi, Hagui, Jaïdi, Clayton, etc…
Bien sûr qu’on est resté en contact. On a même créé un groupe whatsapp entre champions d’Afrique 2004. On s’est réunis sur des circonstances bizarres. Un Marocain a voulu faire revivre la finale de 2004, en montant un match amical au Maroc, une sorte de revanche. Moi j’étais resté en contact avec la majorité, étant en Tunisie. Et puis régulièrement, on avait des matches de gala ou caritatifs entre anciens de la sélection.
Ca se passait comment ?
Dès qu’on pouvait répondre à une demande pour aider des associations, on le faisait. Hagui a fait son jubilé l’an dernier, je n’avais pas pu y être car j’étais retenu par des obligations professionnelles avec Sochaux. Mais Karim avait réussi à réunir presque tout le monde. Santos, lui, est au Brésil, Jaziri est devenu dirigeant à l’Etoile, Jaïdi était devenu coach en Angleterre, je crois qu’il est parti aux Etats-Unis, etc. On a gardé un lien fort et particulier, forcément, entre champions 2004.
Qu’auriez-vous fait si vous n’aviez pas fait carrière dans le foot ? Vous avez fait un BTS en industrie papetière. Etait-ce votre destin ?
J’étais dans cette filière de l’industrie papetière, au départ j’étais en laboratoire. Ca m’a beaucoup plu d’autant que les débouchés étaient importants dans ma région. La demande était forte. Mais c’est vrai que le destin est ce qu’il est. Je n’ai rien lâché dans le foot. Et je me suis retrouvé là.
Un dernier mot pour évoquer le FC Sochaux, où vous travaillez auprès d’Omar Daf…
Ca se passe bien. On a eu des moments difficiles la saison dernière, avec le maintien. On est arrivés dans des circonstances délicates. On y est parvenus, et ce fut une grande joie, lors de la victoire 3-1 contre Grenoble lors du dernier match. Le club a été repris en main par une autre société, l’achat a été validé. On était restreints sur le plan du recrutement et des contrats par la DNCG. Ca va se libérer.
Sochaux envisage-t-il de revenir un jour parmi l’élite ?
Sochaux entrevoit une nouvelle ère avec le nouveau repreneur qui table sur de nouveaux projets. Je suis heureux de travailler auprès d’Omar, un gros bosseur. On est embarqués dans une super aventure. Ca bosse d’arrache-pied pour ramener le club à la place qu’il mérite ».
Propos recueillis par @Samir Farasha