Existe-t-il un entraineur idéal? Celui qui obtiendrait à la fois des résultats tout en offrant des prestations de haute volée à ses supporters. Celui qui cumulerait toutes les qualités pour manager avec efficacité la diversité des personnalités qui peuplent son vestiaire. Celui qui valoriserait ses joueurs en leur faisant franchir un palier.
La réponse est bien évidemment négative tant l’interrogation de départ n’est qu’une vue de l’esprit. Il faudrait pour cela fusionner tous les noms qui ont jalonné l’histoire du football pour faire émerger une figure hybride proche de la perfection. En attendant que l’intelligence artificielle nous concocte ce type de coach, les éditions Hugo&Sport ont publié un livre sobrement intitulé « L’entraineur idéal ».Un opus qui passe en revue les méthodes de travail des coaches qui ont fait l’actualité de ce sport. Une mine d’informations qui peuvent servir à n’importe quel technicien dans son approche de la fonction. Au fil des quelque 247 pages, on s’aperçoit que si le football continue à se jouer à onze, il apparait comme une science de plus en plus complexe à appréhender.On suivra donc Leonardo Jardim, adepte de la pensée d’Edgar Morin, qui affirme que c’est la vision holistique qui doit primer dans l’analyse d’un résultat.
Il faut comprendre par là que la production sur le rectangle vert est le fruit de paramètres divers qui agissent sur et en dehors du terrain. Si la conviction ne garantit pas le succès dans ce métier, elle reste néanmoins une condition sine qua none pour faire adhérer un groupe à un projet.« Si tu n’es pas sûr de ce que tu es en train de faire, les joueurs le ressentent et ne te suivent plus », détaille Eusebio di Francesco (Sassuolo). En matière de capacité à convaincre, José Mourinho est sans doute l’un des plus doués. Le Portugais, passé maitre dans la pratique de l’intelligence émotionnelle, a bien compris que pour diriger de nos jours, il fallait posséder des compétences élargies. » Le joueur est mieux instruit et plus exigeant. L’entraineur doit être mieux préparé qu’avant. S’il ne connait que le football,il ne peut pas survivre », prévient le Special One.
Fin psychologue s’il en est, Marcelo Bielsa a, quant, lui saisi l’importance d’un bon relationnel à l’heure où la pression est exacerbé dans le landernau du ballon rond. El Loco concède avec franchise qu’avec le temps il s’est rendu compte que « pardonner et aimer le footballeur le rendait meilleur ». Aussi talentueux qu’il soit, le chef d’orchestre du banc de touche dépendra toujours de ses solistes. Stefan Kovacs, ancien sélectionneur de l’équipe de France, annonça, un jour, cette limite indépassable pour tout coach : «l’intelligence de l’entraineur ne remplacera jamais celle des joueurs ».
@Nasser Mabrouk