Etre supporter marseillais aujourd’hui, c’est être susceptible de pleurer deux fois. La première en se rendant compte que le club phocéen est tombé depuis quelques années dans un relatif anonymat. La seconde en constatant que les éditions Hugo & Sport publie Dans le vestiaire de l’OM, les années Tapie. Un ouvrage écrit par Alexandre Fievée qui retrace la période la plus faste, entre 1986 et 1994, de l’histoire du club sudiste.
Cette réussite de l’OM, quatre titres de champion, une coupe de France et une victoire en C1 – une première pour une équipe française -, n’aurait pas été possible sans l’arrivée à sa tête de Bernard Tapie. Personnage central du livre, le Parisien a tellement marqué de son empreinte l’entité phocéenne et son environnement volcanique qu’il y a un avant et un après Tapie. Durant sa présidence, l’homme d’affaires a fait passer l’OM dans la cour des grands à la vitesse grand V en appliquant sa devise des trois R : « Rêve, Rire, Risque ».
Pour cela, il a su s’offrir des joueurs de renom au statut d’International, recruter des entraineurs charismatiques et faire frissonner le public. « Dans ses prises de paroles devant le groupe, il insistait surtout sur le coté émotionnel, l’attente des supporters… Il essayait de chercher en nous, au plus profond, la motivation », se souvient Jacky Bonnevay. Mais Bernard Tapie, c’est aussi ce personnage qui a très vite appris les rudiments du football. Au point de s’immiscer dans le domaine sportif en modifiant les onze de départ de ses coaches. « Voilà la composition d’équipe sauf si le chef change les choses », aimait à répéter le regretté Raymond Goethals.
Au fil des pages, on apprend également que Didier Deschamps était « l’oeil de Moscou » du Boss tandis les relations avec la presse passeront, selon les circonstances, de la séduction à l’intimidation. Président omnipotent, le dirigeant marseillais était si avide de victoires qu’il n’hésitait pas à flirter avec l’illégalité. Ses condamnations dans les affaire VA-OM et dans les comptes de l’OM finiront par le faire chuter de son piédestal. Adulé encore aujourd’hui du coté de la Canebière, Bernard Tapie pourrait bien être la cause principale du marasme qui frappe les Bleu et Blanc depuis bientôt un quart de siècle.
@Nasser Mabrouk