La période du mercato d’été, bien qu’officiellement non ouverte, frémit déjà de discussions et de supputations en tous genres. Finies les analyses technico-tactiques, les sempiternelles palabres autour des erreurs d’arbitrage, les petites phrases qui font l’écho médiatique. Place aux chiffres, aux montants des transferts stratosphériques, aux salaires indécents et démesurés qui donnent le tournis aux jeunes pratiquants anonymes tout en suscitant l’émerveillement du grand public. Cette réalité, c’est celle d’un microcosme professionnel. Celle d’une élite qui a les faveurs des projecteurs et des décideurs économiques. Ce n’est pas celle à laquelle nous invite Romain Molina dans son passionnant livre, Galère Football Club (éditions Hugo Sport).
Amoureux de la boule de cuir, le journaliste nous embarque au fil des pages dans les méandres d’un univers impitoyable et insoupçonné des fans de foot. Une plongée, hors champs, au sein de réalités sociales et sociétales iconoclastes, cruelles ou parfois drôles. A travers les parcours cabossés et instables de ces footballeurs livrés à eux-mêmes, le tragique côtoie le magnifique. Joslain subit séquestration et chantage en Israël avant de voir débarquer, à Paris, son président de club mallette à la main remplie de biftons. Christian se fait courser à trois heures du matin par des supporters d’Hibernian. Ismaël fête le titre en compagnie d’un lion sur la pelouse de Galatasaray. Douze portraits, onze joueurs et un entraineur, de baroudeurs jusqu’au-boutistes animés par la seule envie d’assouvir leur passion. Proche des ses confidents, l’auteur rend ainsi hommage à l’homme qui se cache sous le footballeur. Une série d’aventures humaines beaucoup plus enrichissantes qu’un bon gros transfert sonnant et trébuchant.
@Nasser Mabrouk