A l’orée de l’année 2019 qui s’annonce un peu plus calme après celle qui vient de s’écouler marqué par le Mondial 2018, le football continue de donner matière à écrire. Nous avons retenu trois ouvrages dont le très intéressant La Mano Negra qui dresse un portrait peu reluisant du cercle des agents et autres sociétés écrans qui gèrent le monde sans frontières des transactions en tous genres: joueurs, achats de clubs…
La Mano Negra
Percer les dessous du football business n’est pas une sinécure. A fortiori quand les les multiples ramifications louches d’agents ou d’intermédiaires et les inextricables sociétés écran se trouvent derrière les rachats de certains clubs ou à l’origine de transferts de joueurs. Cette tâche plus qu’ardue a pourtant été tentée par le journaliste indépendant Romain Molina qui publie La Mano Negra aux éditions Hugo&Doc. Face à la difficulté de remonter les filières criminelles qui opèrent dans les coulisses marécageuses du sport numéro un, on peut aisément comprendre que l’auteur de l’ouvrage ait plus orienté le contenu de son livre vers une série de portraits des véritables parrains, très discrets, du football global plutôt que de se lancer dans une improbable enquête.
Un des constats qui saute aux yeux, c’est que l’Uruguayen Juan Figer (84 ans) ou l’Israélien Pini Zahavi (75 ou 76 ans) continuent de tenir le haut du pavé plusieurs décennies après avoir inventé les métiers connexes qui dirigent les affaires financières du ballon rond. Pas une transaction d’envergure n’échappe à l’un des deux protagonistes quand il s’agit d’aller prendre sa généreuse commission auprès des nouveaux milliardaires du foot. L’opus ne s’arrête pourtant pas sur les mercato qui font la une des manchettes. Il met aussi en exergue les combines qui s’opèrent à plus petite échelle comme par exemple l’optimisation fiscale concernant des footballeurs de troisième catégorie. On apprend ainsi que certains joueurs anonymes passent administrativement d’un club à un autre, voire à deux entités en quelques heures, sans avoir jamais posé ne serait ce que le moindre orteil dans les vestiaires des équipes censées les accueillir.
Nonobstant l’extrême complexité des montages juridico-financiers opérant en marge du rectangle vert, le pari réussi de Romain Molina est d’avoir su expliquer les abscons circuits pécuniaires et les connexions alambiquées d’un football qui ne connait plus de frontières, et dont l’arrivée de nouveaux acteurs (asiatiques, arabes, voire africains à l’avenir) indiquent clairement que le magma footballistique n’est pas près de s’éteindre. En guise de conclusion, on regrettera seulement que l’auteur n’ait pas pu consigner la parole des représentants officiels des grandes instances tutélaires du football européen ou mondial.
La Mano Negra, Hugo & Doc éditions. 281 pages. 17 euros.
Paris United
Le premier tome du collectif Paris United (aux éditions Amphora) consacré aux coulisses du Paris Saint Germain, et sorti au printemps dernier, était aussi attendu par beaucoup de fans du PSG qu’une accession à une demie finale de ligue des champions du club de la capitale. Et le moins que l’on puisse dire c’est, qu’avec quasiment 20 000 exemplaires vendus, le succès de librairie a été au rendez vous. Pour ce deuxième opus, il est peu probable que les ventes atteignent de tels sommets. En effet, on doit honnêtement avouer qu’on reste un peu sur sa faim. Autant pour la première version les anecdotes croustillantes foisonnaient.Autant cette fois ci, il faut attendre le huitième chapitre avant d’avoir quelques informations sorties de derrière les fagots. C’est d’ailleurs la fin du livre qui est la plus intéressante. Et plus particulièrement les paragraphes consacrés à Neymar, Tuchel, Henrique, dépeint assez négativement, ou bien le devenir de la formation parisienne. Généralement bien informé, le collectif Paris United annonce par ailleurs, avec insistance, que Neymar voire Cavani et Mbappé ainsi que de nombreux cadres (Henrique et ses adjoints, le Dr Rolland….) pourraient grandement faire leur valise dès juin prochain. Un tsunami qui, s’il se vérifiait, changerait radicalement le projet initial des Qataris. Et par ricochet leur rêve de soulever la C1.
PSG, révélations d’une révolution. Amphora éditions. 344 pages. 18,95 euros.
Le onze de légende
Composer le plus beau onze dans l’histoire d’un club est toujours un casse-tête. A fortiori quand il s’agit du Paris Saint Germain, l’équipe française qui a récolté le plus de titres nationaux en a peine un demi siècle d’existence. C’est pourtant le pari tenté par Arnaud Ramsay et Greg qui publient aux éditions Solar un très beau livre sobrement intitulé « Onze de légende ». Et qui dit formation d’une « équipe type » dit forcément subjectivité dans le choix des joueurs qui la composent. Ainsi sur les 11 portraits présentés, 9 relèvent du secteur offensif . On comprend aisément qu’à travers cette sélection, joliment illustrée par des reprises d’affiches ou de photos de l’époque ou par le talent du dessinateur, c’est davantage le coeur qui a parlé. On ne reprochera pas aux auteurs, chronologie oblige, d’avoir ouvert leur série sur Mustapha Dahleb. Le « Zlatan » de son époque dixit Luis Fernandez qui a passé 10 années à Paris et qui sera la première idole du Parc. Joueur le plus cher de son temps (1,05 millions d’euros en 1974), l’Algérien, s’il avait été un peu moins altruiste, aurait pu connaitre selon son Président Daniel Hechter « la carrière d’un Michel Platini ». Pour Raymond Domenech qui l’a côtoyé durant la saison 1981-82, il s’agit tout simplement du « meilleur joueur de l’histoire du PSG ». S’ensuivent l’emblématique Luis Fernandez, l’élégant Safet Susic, le bondissant Bernard Lama en passant par le dynamiteur George Weah, Raï« le joueur du siècle » pour les supporters ou le fantasque Ronadhino. Les joueurs actuels ne sont pas oubliés puisque Edinson Cavani (le meilleur buteur de l’histoire du club), Mbappé ou Neymar ont aussi droit de faire partie de ce onze of fame. A noter que la préface de l’ouvrage a été rédigée par Jean et Youri Djorkaeff. Le père qui a été le premier capitaine du PSG et le fils qui confie, malgré une seule année de présence au club, avoir « l’adn du Parc » en lui.
Le Onze de légende. Solar éditions. 168 pages. 29 euros.
@ Nasser Mabrouk