C ’est fait ! Les Aigles de Carthage et les Lions de l’Atlas ont rejoint l’Egypte parmi les qualifiés de la zone Afrique. Récit d’un bel après-midi.
Il a enfilé un maillot marocain par-dessus sa célèbre chemise blanche. Il y a quelques secondes à peine, Hervé Renard et les Lions de l’Atlas se sont qualifiés pour leur première phase finale de Coupe du monde depuis… 1998. Porté en triomphe par les gens de l’encadrement, le Français savoure intérieurement, sans tapage. Son Maroc , plus solide que jamais, a dominé (2-0) des Eléphants motivés mais trop brouillons pour renverser une adversité sereine. On a beaucoup parlé, beaucoup écrit avant ce choc d’Abidjan. En tête du groupe devant la Côte d’Ivoire et invaincu (aucun but encaissé), le Maroc a préparé avec intelligence et professionnalisme le déplacement au bord de la lagune Ebrié, quand les Ivoiriens en étaient encore à sonner le rappel des troupes.
Et sur le terrain, hormis un premier quart d’heure équilibré au cours duquel la Côte d’Ivoire aurait pu marquer, sur un contre de Gervinho conclu par une frappe dans les nuages (17e), les coéquipiers du jeune Ashraf Hakimi (Real Madrid) ont géré parfaitement les débats.
Ils ouvraient même le score sur un but curieux : Nabil Dirar, dans le couloir gauche, se mettait sur son pied gauche et enroulait un ballon destiné à Khalid BoutaÏb dans la surface. Ce dernier effleurait le centre qui venait se loger dans le petit filet de Gbohouo (0-1, 22e).
Un but qui confortait le statut du Maroc – rappelons qu’il n’avait besoin que d’un nul – et obligeait les Ivoiriens à se projeter totalement vers le but adverse. Mais ni Seydou Doumbia, dans l’axe, ni les excentrés Zaha (droite) et Gervinho (gauche) ne surprenaient l’axe dominé par la paire Benatia-Saïss.
Quelques minutes plus tard, un coup franc à ras de terre de Ziyech, certainement le Marocain le plus entreprenant et le plus dangereux, obligeait Gbohouo à détourner en corner. Un coup de pied de coin botté par Boussoufa qui trouvait le pied droit du capitaine Benatia, qui coupait et expédiait le ballon sous la barre (2-0, 30e) !Ce deuxième but mettait KO les Ivoiriens, qui rentraient au vestiaire sans avoir pu inquiéter Munir dans le but. Au retour sur le terrain, le Maroc bénéficiait de plusieurs opportunités en contres pour inscrire un troisième but.
La Côte d’Ivoire, brouillonne et très nerveuse, se perdait dans un petit jeu sans plan établi. Les Marocains eux, géraient les temps morts et contrôlaient les débats grâce à une supériorité technique et leur maturité tactique. Inéluctablement, le Maroc s’avançait vers sa qualification, et Renard gérait avec flegme ses remplacements : le wydadi Ashraf Bencharki, Amrabat et Fajr entraient tous les trois dans le dernier quart d’heure pour soulager un secteur offensif très combattif.
En 1997, le Raja Casablanca avait remporté la Ligue des champions première édition quelques mois après la qualification pour le Mondial 98. Vingt ans plus tard, les Lions de l’Atlas ont validé leur ticket pour Russie 2018, une semaine après le succès du WAC en finale de la Ligue des champions. Une qualification méritée, maîtrisée et préparée, avec l’émergence d’une jeune génération ( Ziyech bien sûr, mais aussi Hakimi, produit du Real) emmenée par quelques cadres (Benatia, Boussoufa, Belhanda). Le football marocain, emmené par son président Fouzi Lekjaâ, a le vent en poupe et confirme son renouveau, lui qui accueillera dans deux mois le CHAN.
La Tunisie sans vraiment trembler
Tout comme le Maroc, la Tunisie n’avait besoin que d’un point pour valider son billet pour la Russie et ce quelle que soit la performance réalisée par la RD Congo face à la Guinée. Ce fut le bon scénario. Mais il faut reconnaitre que la Libye, qui n’avait plus rien à jouer sauf un orgueil a défendre, n’a pas facilité la tache aux protégés de Nabil Maaloul. Et si les coéquipiers de Mohamed Ghannoudi n’ont pas vraiment fait trembler leurs hôtes, ils les ont maintenus sous pression durant 95 minutes. Les Tunisiens étaient partagés entre la tentation de réaliser le KO et la raison qui leur commandait de rester prudents et de ne pas tenter le diable. Leurs rares occasions de marquer ont trouvé un gardien libyen en état de grâce. En effet, Mohamed Nachnouche a bien négocié les belles tentatives respectives de Yassine Meriah, Youssef Msakni, Ghailane Chaalali, Anis Badri. In fine, les Aigles de Carthage ont respecté les consignes données par leur entraîneur avant le match: rigueur, discipline, solidarité et concentration. La nette victoire de la RD Congo devant la Guinée (3-1) n’a pas changé la donne du groupe A. La Tunisie retrouve l’élite mondiale, douze ans après sa dernière participation à une Coupe du monde. C’était en 2006 en Allemagne.
@Samir Farasha