Victorieux (2-0) d’un adversaire coriace mais moins brillant techniquement, le Maroc a bien débuté l’ère Regragui. Au passage, le retour de Ziyech a confirmé toute l’importance du joueur, de retour dans la tanière après la fracture avec l’ancien sélectionneur, Vahid Halilhodzic.
Ce fut un soir de premières et une nuit festive, ternie par un envahissement de terrain prévisible et inutile. Première officielle pour le sélectionneur Walid Regragui, dans sa préparation à la CDM au Qatar et première victoire, le soir de ses 47 printemps. Pour débuter face au Chili, le nouveau tacticien déroule un 4-3-3 offensif, privé d’un Nayef Aguerd (indisponible), avec une charnière axiale Saïss-Dari, renforcée par la présence du « cadenas » Soufiane Amrabat, qui fait le lien entre le milieu et la ligne arrière. A l’arrivée donc et dans l’ordre, un clean sheet (2-0, 0-0 à la pause), un premier succès historique dans l’histoire de la sélection contre un adversaire sud-américain. Un premier but aussi pour sa première sélection, signé du néophyte Abdelhamid Sabiri, trois minutes seulement après être entré en jeu (2-0, 78e). Et un public record, plus de 25 200 spectateurs quasiment tous marocains, pour un match amical de la sélection en déplacement. Le précédent record était de 19 000.
A deux reprises seulement, le Maroc aura tremblé : dans le premier quart d’heure avec une tentative de ballon lobé qui oblige Bounou dans un réflexe exceptionnel, à dévier le ballon sur son poteau. Ensuite, à la 59e, alors que le résultat était encore de 0 à 0, sur une volée d’Arturo Vidal, repoussée par la transversale. Mais dans l’ensemble, les Lions de l’Atlas ont dominé leur sujet, avec en particulier une première demi-heure extrêmement rythmée. D’amical, le match n’avait pas grand-chose, et l’on s’est rapproché de ce qui attend le Maroc en phase finale de la Coupe du monde, dans moins de deux mois.
Le combat athlétique et l’intensité mise par le Chili aura obligé l’équipe à sortir le bleu de chauffe par instants. Ensuite, la supériorité technique des Lions leur a permis de se présenter régulièrement devant le but chilien. Mais Bryan Cortes, le gardien, était dans un grand soir, et le Maroc aura péché par moments en termes d’efficacité. Etre plus léthal, tel est l’un des enjeux du prochain match, mardi soir à Séville, contre le Paraguay. Les Lions ont voulu parfois trop bien faire, chercher le but parfait, la belle combinaison ou le beau geste technique. Il faudra gommer ces scories.
Après un but sur coup franc de Ziyech refusé pour une position de hors-jeu (52e) puis une sortie de Cortes dans les pieds d’En-Nesyri, qui a beaucoup donné (55e), le Maroc a fini par ouvrir la marque sur un penalty logique, et transformé par le préposé, Sofiane Boufal (1-0, 65e). Après l’heure de jeu, Regragui a fait entrer des joueurs frais, comme Cheddira, buteur lors du match d’entraînement contre Madagascar mercredi, mais aussi Harit, Sabiri, Aboukhlal, et en toute fin de rencontre, Abde Ez (Ezzalzouli, le régional de l’étape) et le Wydadi Yahya Attiat-Allah.
Au coup de sifflet final, la victoire du Maroc ne souffre aucune contestation, et elle porte la marque du grand retour de Ziyech, qui a démontré tout ce qu’il pouvait apporter tant offensivement que dans les phases de replis. Sa complicité avec Hakimi, lui aussi étincelant, saute aux yeux dans le couloir droit.
En conférence de presse post-match, Regragui a d’ailleurs lâché une phrase importante : « On ne peut pas se passer d’un joueur comme Hakim ». Boufal a lui aussi confirmé qu’il était en jambes dans son couloir. Reste à peaufiner l’entrejeu où l’on a vu Ounahi, Amrabat et Amallah (quel travailleur !) mais aussi les entrants Sabiri et Harit.
La défense, si elle a souffert par instants, a tenu. Bounou a été rassurant, les latéraux Hakimi et Mazraoui ont su remonter les ballons, et l’axe Saïss (gauche)-Dari (droite) a fait dans la sobriété. Tout n’est pas parfait, loin s’en faut. Mais cette sortie, très constructive, en appelle une autre encore plus aboutie. C’est le souhait du staff, Regragui en tête, qui ne dispose pas de beaucoup de temps pour transmettre ses valeurs, sa philosophie de jeu, bref sa méthode. On scrutera encore plus attentivement les Lions dès mardi soir à Séville, à Benito-Villamarin, l’antre du Betis. Quand on connaît un peu le sélectionneur, on peut d’ores et déjà avancer qu’il sera plus exigeant sur la performance collective -et pour certains, individuelle- puisqu’il lui faudra ensuite, affiner sa réflexion sur la liste définitive des partants pour le Mondial au Qatar. Il reste sans doute quelques places à prendre, et les derniers arrivés doivent le convaincre qu’il a eu raison de leur ouvrir les portes…
@Frank Simon à Barcelone et Séville
Le onze rentrant à Barcelone : Bounou – Hakimi, Dari, Saïss (cap), Mazraoui – Ounahi (Harit), Amrabat (Attiat-Allah), Amallah (Sabiri) – Ziyech (Ezzalzouli), En-Nesyri (Cheddira), Boufal (Aboukhlal).