Dans une semaine, le Maroc verra s’ouvrir devant lui un grand champ des possibilités : être sacré champion du monde, s’incliner en finale voire finir sur ou au pied du podium.
Dès aujourd’hui, on peut affirmer que l’issue sera exceptionnelle et largement méritée. En vérité, ce sera la conclusion d’une longue marche. Commencée il y a au moins deux lustres.
En effet, l’extraordinaire performance entamée par l’équipe nationale du Maroc le 22 décembre à Doha et toujours en cours, symbolisée par une qualification historique en demi-finale de la Coupe du monde, la première dans l’histoire du football africain et du monde arabe, n’est en fait que la conséquence logique d’un processus à taches multiples que l’on peut dater de la fin des années 2000.
Infrastructures, formation, scouting à l’étranger, direction technique et stabilité de l’institution faîtière etc.
Lorsque le Royaume chérifien à décidé d’investir puissamment pour offrir au sport en général et au football en particulier les moyens de l’ambition. Comment ? D’abord, en lançant des chantiers colossaux en matière d’infrastructures.
Ont poussé alors quelques temples dédiés à la pratique du haut niveau aux quatre coins du pays à l’image des stades de Marrakech, Tanger, Agadir, Rabat qui permettent aujourd’hui à la plupart des clubs de l’élite d’évoluer dans un environnement professionnel digne de ce nom.
De prendre de l’avance sur la concurrence et de collectionner les titres continentaux et régionaux grâce à de solides locomotives qui ont pour noms, Wydad et Raja Casablanca ou Renaissance de Berkane. Une régularité qui ne doit rien au hasard.
La formation et le scouting au coeur du projet
Un même effort a été fait dans le domaine de la formation avec la multiplication des académies. La royale de Rabat étant un modèle du genre qui a permis l’éclosion de vraies pépites au service des clubs locaux et parfois produits d’exportation rémunératrice vers l’Europe ou vers des championnats du sud en grande progression à l’image de la Première league égyptienne ou de la Saudi Pro League.
Le football marocain a su également bien travailler en tissant sa toile dans les pays européens où vivent de fortes communautés marocaines : France, Espagne, Belgique, Pays-Bas. Comme en témoigne la composante de la sélection qui brille actuellement de mille feux au Qatar.
Le Maroc a également fait un travail en profondeur au niveau des structures de développement comme la Direction technique nationale. Confiée depuis des années à des professionnels de qualité.
À l’image de Nasser Larguet resté aux commandes durant une dizaine d’années. Dont l’expertise est tellement riche qu’il s’était vu confié, le lendemain de sont départ de la DTN chérifienne, la direction du centre de formation de l‘Olympique de Marseille.
Avant d’être recruté en grande pompe par l’Arabie saoudite, il y a un an, pour l’aider à accélérer un ambitieux projet de développement du football qui court jusqu’en 2030.
Mais toutes ces actions n’ont pu être menées à bien sans la confiance permanente placée dans la place forte du football qu’est la Fédération, institution faîtière toute puissante, dirigée sans état d’âme par Faouzi Lekjaâ.
Un homme du sérail qui bénéficie de l’appui sans faille du pouvoir royal. Un dirigeant capable de prendre toutes les décisions. Même celles qui fâchent.
Regragui, le chaînon manquant
Comme lorsqu’il a décidé au coeur de l’été de se séparer du sélectionneur Vahid Halilhodzic, certes l’artisan de la qualification pour Qatar 2022 mais en grande difficulté relationnelle avec des cadres de la sélection.
En remplaçant le Bosnien par Walid Regragui, un enfant du pays, Lekjaa avait pris un risque calculé.
Car le nouvel homme fort placé sur le banc de l’équipe du Maroc st un technicien en train de s’affirmer avec force grâce à des performances incontestables partout où il est passé comme en témoigne son récent doublé Botola-Ligue des champions d’Afrique à la tête du Wydad Casablanca.
Un coach, relativement jeune qui connait les codes et la mentalité des footballeurs marocains. Main de fer dans un gant de velours, redoutable tacticien, Regragui a su mettre sur pied – en l’espace de quelques semaines – un commando prêt à se battre à la fois pour ses choix tactiques et pour les couleurs nationales.
Il est à l’évidence le chaînon qui manquait au décollage d’une fusée marocaine dont le puissant moteur ronronnait gentiment depuis quelques années.
@Fayçal CHEHAT