Le jeune technicien du FUS Rabat a accepté l’invitation de 2022mag à débattre, au lendemain de sa victoire en match de retard de la Botola contre le MA Tétouan (2-0). Volubile, Walid Regragui évoque dans cette première partie le WAC et ses chances, à la veille de cette finale retour de Ligue des champions d’Afrique, ainsi que son propre parcours avec le FUS.
« Walid, bonjour. Félicitations pour votre succès en déplacement à Tétouan qui permet à votre FUS de demeurer invaincu (3 matches, 3 victoires).
Merci. Avec ce troisième succès, on est bien, compte tenu de nos matches de retard accumulés avec notre parcours en Coupe de la Confédération africaine. Malheureusement, l’absence d’harmonisation des calendriers CAF et nationaux pose problème. Ce système n’aide ni les joueurs ni les techniciens. Nos joueurs n’ont jamais de trêve d’une saison à l’autre.
Expliquez-vous…
La saison passée, on a débuté le championnat avec six matches de retard par rapport à l’adversité parce qu’on était engagés en phase de poule sur le plan continental. C’est une période importante en Coupe d’Afrique. Le calendrier est infernal puisqu’il oblige à jouer ensuite tous les trois jours pendant six mois. Sans compter que nos meilleurs éléments sont sollicités en équipes nationales, chez les A, les locaux et les U20. La saison passée, cela nous a porté préjudice. On a terminé septième du championnat alors qu’on visait le top 3. Dès le mois de décembre, on savait qu’on ne pourrait pas lutter pour le titre en raison de la lourdeur de notre calendrier.
Vous sortez d’une élimination en Coupe de la Confédération africaine, sur la plus petite des marges (0-0, 1-0) par le TP Mazembe (RDC). Quel bilan faîtes-vous de ce parcours ?
A mes yeux, nous avons été éliminés par la meilleure formation de cette compétition. Il n’y a pas de regrets, contrairement à l’année passée où nous avions été également sortis en demie, par le MO Bejaia (ALG) qui nous a sortis sur un but de dernière minute. Le TP Mazembe nous était nettement supérieur, tant sur le plan de l’expérience collective qu’au niveau offensif. Par ailleurs, et compte tenu du fait qu’on a perdu beaucoup de joueurs à l’intersaison, renouvelé l’effectif et qu’il fallait gérer une liste CAF réduite à 18 éléments sur 30 possibles, ce n’est pas un mauvais résultat. On accepte et on apprend face à ce club qui est tenant du titre et certainement l’une des grosses cylindrées du football africain avec le Ahly du Caire. Je suis d’ailleurs persuadé qu’on retrouvera en Europe des joueurs tels que Ben Malango, l’une de leurs pépites offensives. A titre personnel, je considère que le FUS a réalisé une belle épopée africaine compte tenu du fait qu’on a renouvelé tout l’effectif cette saison et qu’on a abordé cette demie en étant diminué. Notre meilleur joueur a été vendu à Al Nassr après notre participation à la Coupe de l’UAFA en juillet en Egypte.
Vous évoquiez à l’instant le Ahly du Caire, l’un des géants du football arabe et africain, et adversaire du Wydad en finale retour de la LDC d’Afrique. Après le nul (1-1) de l’aller, le WAC peut-il créer l’exploit et remporter le titre samedi soir ?
Absolument ! Le Wydad s’est mis dans les meilleurs dispositions possibles avec ce résultat acquis lors de la finale aller. Le pire scénario aurait été de ne pas marquer à l’extérieur, mais ils y sont parvenus.
Pourquoi croyez-vous tant à leurs chances de l’emporter ?
Parce que le WAC sera poussé par son public. Avec le soutien de ce véritable « douzième homme », l’ambiance au stade Mohamed V sera volcanique ! Cela va rendre la tâche du Ahly très compliquée, même si l’on se souvient que les Cairotes sont allés chercher la qualification pour les demies à l’extérieur contre l’Espérance de Tunis.
Alors que vous êtes adversaire du WAC tout au long de l’année, on sent votre soutien total pour ce match si important pour le football marocain qui attend un succès en LDC depuis le Raja en 1999…
Oui, je suis très optimiste pour le WAC, que je crois parfaitement capable de l’emporter face à un club considéré comme le meilleur d’Afrique et habitué à gérer ce genre de rendez-vous. Je suis confiant pour le Wydad, ça fait plaisir de voir ce club aussi régulier depuis trois ans au plan africain. L’an passé, il avait échoué de peu en demie face au Zamalek (0-4, 5-2)…
Il se trouve que vous avez dominé le WAC en championnat lors de la première journée de la Botola (3-1) !
Eux comme nous étions engagés dans nos matches africains respectifs mais on a aligné nos meilleures équipes possibles. Depuis mon arrivée au FUS, on bat le WAC régulièrement, cinq victoires en sept matches ! On est un peu leur bête noire. On a fait preuve de solidité et on a été meilleurs qu’eux sur ce match. Le WAC est une équipe qui va vite vers l’avant, avec un bloc expérimenté et solide derrière avec Rabeh en défense, Saïdi et Nekkach au milieu. Et puis une ligne offensive redoutable avec El-Haddad, Ounajem et Bencharki. Ils ont progressé depuis cette défaite contre le FUS.
Sur le banc, il y a l’un de vos prédécesseurs sur le banc du FUS, Houssine Ammouta…
C’est un entraîneur expérimenté qui a remporté des titres dans sa carrière, un ancien du FUS. Il a énormément été critiqué mais les titres parlent pour lui. Je suis très heureux qu’il soit en finale, c’est un pied de nez à tous ceux qui le critiquent. Ca prouve aussi que les techniciens marocains ont le niveau. »
Propos recueillis par @Samir Farasha