Vainqueurs 2-1 de la Slovaquie, les Lions de l’Atlas ont franchi un nouveau pallier dans leur préparation à la Coupe du monde. A moins de dix jours du début du tournoi, ils ont tout simplement rassuré.
Quelques jours seulement après son premier test plutôt positif et encourageant sur le plan collectif contre l’Ukraine (0-0), un match qui avait donné une idée assez claire de l’état de forme des uns et des autres, le Maroc a confirmé à Genève, dans l’enceinte d’ordinaire occupée par le Servette, qu’il était en jambes.
Hervé Renard n’a procédé qu’à deux changements dans le onze de départ, avec la titularisation de Bounou dans le but, en lieu et place de Munir, et celle de Hakimi (Real Madrid) pour Da Costa. Le Maroc a débuté dans ce qui ressemblait à un 4-2-3-1, avec pour unique pointe Khalid Boutaïb.
Face à ces Lions, la Slovaquie de Marek Hamsik (Naples) que connait bien Medhi Benatia, puisque les deux hommes sont adversaires en Serie A italienne. Un adversaire dont on connaissait finalement peu d’éléments hormis le défenseur Tomas Hubocan (prêté à Trabzonspor cette saison par l’OM).
Dès les premières secondes, on a compris que la rencontre ressemblerait en grande partie à une attaque-défense avec le Maroc dans le rôle du chasseur. Sa supériorité technique sautait aux yeux, de même que sa capacité à jouer vite à une voire deux touches pour prendre de vitesse un adversaire attentiste, à la limite de la passivité.
Dès la 6e, une action collective menée dans le couloir droit, le côté fort de ces Lions, entre Hakimi, Amrabat et Ziyech, se terminait par un centre dangereux pour Boutaïb que le gardien Sulla, auteur d’une remarquable partie, venait capter.Ziyech, intenable, profitait du moindre espace pour tester ce gardien. A la 8e, il expédiait une superbe frappe des 25 mètres repoussée par la base du poteau, alors que Sulla avait bien suivi.
Le Maroc gratifiait le public, entièrement acquis à sa cause, d’un football ambitieux, essentiellement à deux touches, basé sur des débordements dans les couloirs et des centres pour Boutaïb ou Ziyech. La possession du ballon était chérifienne, la Slovaquie subissait et s’en remettait parfois à la dureté du géant Skriniar, pas un tendre celui-là, pour empêcher les Marocains de passer.
Au quart d’heure de jeu, c’était le sur-actif Boussoufa qui expédiait un boulet de canon tendu qui obligeait Sulla à une superbe horizontale. Le deuxième quart d’heure ressemblait en tout point au premier avec une domination constante de ces Lions, avec un Sulla qui veille, et des maladresses devant le but, où les Slovaques venaient défendre en masse.
Encouragé par ces frappes imprévisibles que les Slovaques ne parvenaient pas à contrer, Ziyech tentait une nouvelle fois sa chance à la 31e, mais le ballon rasait le poteau de Sulla. Quelques instants plus tard, les Slovaques réagissaient enfin, et sur leur premier contre, n’étaient pas loin d’ouvrir la marque. Hamsik reprenait le ballon mais ne cadrait pas. Une première alerte qui sifflait la fin de la récréation, le Maroc terminant cette première période, un peu essoufflé.
Ayoub El-Kaabi, ce redoutable chasseur de buts
En deuxième mi-temps, Hervé Renard procédait à de nombreux changements ainsi qu’à un changement de système : on repassait à trois défenseurs derrière, avec Hakimi basculant couloir gauche, et l’entrée de Harit au milieu. Peu avant l’heure de jeu, le Maroc se faisait surprendre sur un contre. Gregus, laissé absolument libre, adressait dans la course une frappe croisée à ras de terre qui trompait Bounou (1-0, 58e).
Piqués au vif, les Lions de l’Atlas partaient alors à l’assaut du but de Sulla. L’instant choisi par Hervé Renard pour faire entrer Ayoub El-Kaabi, le meilleur buteur et joueur du CHAN, en lieu et place de Boutaïb, qu’on n’avait très peu vu jusque-là.
Boussoufa, de la tête, obligeait Sulla à une parade exceptionnelle sous la barre. Moins de quatre minutes après son entrée en jeu et sur le corner de Ziyech qui avait suivi cette occasion, EL-Kaabi égalisait de la tête au second poteau (1-1, 63e) ! Voilà qui venait confirmer le sens du but inné du numéro 9 de la Renaissance de Berkane. Et justifier pleinement sa présence parmi les 23.
Totalement relancés, les Lions de l’Atlas assiégeaient désormais le but slovaque. Le défenseur axial Da Costa, dont on connaît la qualité de frappe, adressait un missile sous la transversale qui obligeait Sulla à une nouvelle parade (68e). La réaction collective était totale, et les Marocains avaient la possession du ballon en permanence ou presque.
Sur une nouvelle action menée devant le but, Belhanda se couchait dans la surface et reprenait de volée, à ras de terre (2-1, 74e). Nanti de ce but d’avance, le Maroc a ensuite essayé d’inscrire le but du break. Renard a continué à faire tourner l’effectif, mais les dernières minutes, comme en première période, ont été difficiles. La Slovaquie s’est lâchée pour égaliser tandis que les coéquipiers d’Amine Harit, dont l’entrée a encore apporté un plus en termes de mobilité, essayaient de marquer le but du KO.
Au coup de sifflet final, après deux minutes et demi de temps additionnel, des centaines de supporters envahissaient le terrain pour venir féliciter les vainqueurs du jour. Des vainqueurs logiques, qui ont concrétisé quelques occasions mais auraient pu repartir avec trois buts d’écart.
Dernier test, avant la Coupe du monde, samedi à Tallinn face à l’Estonie pou engranger, on l’imagine, un surplus de confiance avant de débuter le 15 juin contre l’Iran. On a aimé la faculté de cette équipe à passer d’un système à l’autre sans grand flottement. Les entrées de Harit et El-Kaabi ont apporté un plus indéniable. En revanche, on n’a pas été convaincus par la prestation de Bounou dans le but, coupable de quelques relances imprécises notamment.
L’état d’esprit, l’implication du groupe et la solidité défensive dont les onze présents sur le terrain ont fait preuve constituent en revanche autant de points forts au moment d’aborder la dernière ligne droite de cette préparation.
@Samir Farasha
Le Maroc alignait :
Bounou – Hakimi, Benatia (cap), Saïss (Da Costa, 46e), Mendyl (Harit, 46e) – El-Ahmadi (Aït Benasser, 83e), Boussoufa (Fajr, 76e) – N. Amrabat, Ziyech (Carcela, 75e), Belhanda – Boutaïb (El-Kaabi, 60e). Entraîneur : Hervé Renard.