Premier évènement majeur de l’année 2018 sur le continent africain, le CHAN débute ce samedi au Maroc. Trente-deux matches seront disputés jusqu’au 4 février afin de trouver un successeur à la RD Congo, sacrée en 2016 au Rwanda.
Difficile, en débarquant à l’aéroport Mohamed V, de prétendre que le CHAN qui s’ouvre ce samedi au Maroc est attendu avec impatience et gravité. Bien sûr, calicots, posters et autocollants ornent l’intérieur de l’aéroport. Mais rien de tapageur ou d’excessif. Pareil en ville, où des drapeaux des seize nations qualifiées flottent au vent.
Ce CHAN, le cinquième du nom, aurait dû se dérouler au Kenya si la nation est-africaine n’avait pas accumulé un retard considérable, sanctionné par la plus haute autorité de la CAF. L’instance faîtière africaine a décidé à la fin de l’été d’attribuer au Maroc son organisation. Un pays ami, dont la Fédération est dirigée par Fouzi Lekjaa, l’un des principaux soutiens du président Ahmad Ahmad, et qui a superbement organisé l’historique Symposium du Football africain à la mi-juillet 2017.
Auréolé d’une qualification au Mondial et d’une victoire en Ligue des champions, à mettre au crédit du Wydad de Casablanca, le football chérifien vit un moment de reconnaissance privilégiée, dont il compte bien profiter pour marquer des points auprès de la concurrence continentale.
La FRMF n’est pas sans ignorer qu’une mission d’inspection de la CAF est actuellement au Cameroun, prochain organisateur de la CAN 2019. Au cas où la CAF venait à retirer cette organisation au pays champion d’Afrique, le Maroc serait certainement bien placé en qualité de plan B. On n’en est évidemment pas là mais l’enjeu extra-sportif paraît évident.
Revenons à l’aspect sportif : en l’absence de la RD Congo, sacrée deux fois en quatre éditions (2009 et 2016) mais éliminée par l’autre Congo, mais aussi du Mali, finaliste 2016 sorti par la Mauritanie, la succession paraît très ouverte.
La sélection marocaine pilotée par Jamal Sellami apparaît pourtant comme la grande favorite de ce tournoi panafricain, et sa victoire (3-1) en match de préparation contre le Cameroun indique que l’équipe composée des meilleurs éléments du Raja, du FUS et du Wydad – Achraf Bencharki en tête – sera bien difficile à manœuvrer devant son public.
La Mauritanie, qui fait partie du même groupe, ouvrira justement le bal ce samedi soir au stade Mohamed V contre ce Maroc qu’on annonce si fort. Un match d’ouverture qui va mettre un coup d’éclairage mérité sur les Mourabitounes de Corentin Martins, dont ce sera la 2e participation après 2014.
A l’époque, la formation était dirigée par Patrice Neveu et avait laissé une belle impression dans le jeu, même si elle avait terminé dernière de sa poule. Le Soudan et la Guinée, qui complètent ce groupe, s’affronteront dimanche.
Quatrième puissance arabe présente dans cette compétition, la Libye d’Al-Marimi, qui s’est préparée au Kenya en disputant la CECAFA Challenge cup en décembre, aura fort à faire avec le Nigeria, dans le groupe C basé à Tanger. La Guinée Equatoriale et le Rwanda ne paraissent pas en mesure de contester les qualités d’une formation constituée quasiment que de joueurs de l’Ittihad Tripoli et du Ahly Tripoli, à sept exceptions près puisque Al-Tahaddi le champion délègue deux joueurs, Al-Madina trois et Al-Nasser deux.
Les groupes B et D ne manquent pas de qualité non plus. Côte d’Ivoire, Zambie et Ouganda devraient se battre pour les deux premières places du B, au contraire de la Namibie.
Le Burkina Faso a une jolie tête de leader potentiel dans la poule D, devant le Congo et le Cameroun de Rigobert Song. L’Angola ne paraît pas en mesure de devancer ces trois-là.
L’enjeu pour les nations arabes qui participent est de taille puisqu’aucune n’a fait mieux que quart de finaliste il y a deux ans à Kigali au Rwanda. Le Maroc avait été sorti dès le 1er tour et la Tunisie battue en quart.
Le dernier fait d’armes remonte donc au tournoi 2014 en Afrique du Sud qui avait vu la Libye de Javier Clementes’imposer à l’issue d’une impressionnante série de qualifications aux tirs au but, jusqu’à la victoire finale contre le Ghana.
La Tunisie, absente cette année, a également remporté le tournoi final au Soudan en 2011, pendant la Révolution de Jasmin, tandis que le Soudan prenait une surprenante troisième place après avoir disposé de l’Algérie, qui avait révélé cette année-là un certain Soudani…
C’est ce tournoi réservé aux seuls joueurs évoluant dans leurs championnats respectifs, qui est appelé à passionner le continent et le Maroc pour les trois semaines à venir. « Dima Africa » (Eternelle Afrique) proclament les affiches dans toutes les villes du Royaume concernées par l’évènement, de Casa à Agadir en passant par Tanger et Marrakech. A vos marques…
@ Fayçal Chehat et Samir Farasha, à Casablanca
Le palmarès
Podium 2009 (en Côte-d’Ivoire) : RDC, Ghana, Zambie.
La Libye 4e de son poule, éliminée au 1er tour.
Podium 2011 (au Soudan) : Tunisie, Angola, Soudan.
Algérie 4e, battue 1-0 par le Soudan en match de classement.
Podium 2014 (en Afrique du Sud) : Libye, Ghana, Nigeria.
Maroc quart de finaliste, Mauritanie 4e de sa poule, éliminée au 1er tour.
Podium 2016 (au Rwanda) : RDC, Mali, Côte d’Ivoire.
Tunisie quart de finaliste, Maroc 3e de sa poule, éliminé au 1ertour.