Si le mercato des joueurs est bien lancé et restera ouvert jusqu’au 31 août minuit, celui des entraîneurs est bouclé. Les changements dans les grands clubs ont déjà eu lieu. La préparation des équipes ayant commencé en juillet pour l’essentiel. Et cet été, on assisté à quelques grands bouleversements. Les vedettes de ce changement sont l’Italien Carlo Ancelotti, le Portugais José Mourinho, l’Italien Antonio Conte et les Espagnols Pep Guardiola et Unai Emery. Cinq parcours que l’on se délectera de suivre à partir de la mi-août grâce aux compétitions domestiques et aux coupes européennes.
Pep Guardiola: il refait le match avec Mourinho
Il n’y a pas eu de suspens pour l’Espagnol. Dès l’hiver, on a su qu’il quitterait le Bayern Munich pour rejoindre Manchester City et qu’il allait être remplacé par Carlo Ancelotti en Bavière. Certains, au Bayern et ailleurs, ont mal compris cette annonce précoce alors qu’il restait tout à faire pour les Bavarois en championnat comme en Champions League et ils n’ont pas manqué de faire un lien avec le petit trou d’air connu par les Munichois au printemps. Qui leur aurait coûté, selon eux, une meilleure performance sur le plan continental. Le bilan de Guardiola avec le Bayern est certes impressionnant au niveau national avec trois titres de champion et deux Coupes d’Allemagne, mais il n’a pas été a la hauteur en Champions League que le Catalan a été incapable de gagner comme il l’avait fait à deux reprises avec le FC Barcelone. En outre, le jeu qui fait la part belle à la possession de balle n’a pas fait que des heureux du côté de Munich. Y compris parmi les dirigeants historiques adeptes d’un football plus direct. Quant aux joueurs, certains ont attendu le départ du Catalan pour dire leur mécontentement. A l’image de Frank Ribery qui vient de se lâcher dans les colonnes du quotidien Kicker “Depuis qu’Ancelotti est arrivé, a-t-il confié, je me sens plus en confiance. C’est un grand coach. J’ai besoin de gens comme lui, Jupp Heynckes ou Ottmar Hitzfeld. J’ai besoin de cette confiance en moi, pour jouer au maximum avec mes qualités. Tout cela dépend de choses comme la confiance, le respect et la proximité. Avec ça, je ne me donnerai pas à 100%, mais à 150%. Avec Ancelotti, on peut réaliser quelque chose de grand”. Pas sûr que le Catalan appréciera la saillie de l’ancien marseillais.
Carlo Ancelotti : Main de velours et gant de fer
Le successeur de Pep Guardiola au Bayern est clairement condamné à faire au moins aussi bien que le Catalan. Cela ne devrait pas être difficile en Bundesliga où le club bavarois possède une sérieuse marge de sécurité sur ses concurrents, y compris sur le Borussia Dortmund. Mais c’est en Champions League que le Maestro est attendu. S’il n’a passé que deux saisons sur le banc du Real Madrid après son départ du Paris SG, l’ancien milanais avait réalisé presque le coup parfait en remportant la décima avec les Merengue dès sa première saison. Mais comme au Real on s’habitue très vite au succès, le natif de Reggiolo a été viré sans management en mai 2015 pour avoir été incapable de remporter la Liga et la Coupe du Roi et d’avoir échoué en demi-finale de la Champions League face à l’ennemi juré, l’Atletico Madrid. Comme Pep Guardiola en 2012, celui que l’on surnomme affectueusement « Carletto » a opté pour une année sabbatique avant de replonger dans l’enfer de la compétition de haut niveau. Au grand bonheur des fans de foot.L’Allemagne est le cinquième pays où il va officier. Il a tout gagné ou presque dans les quatre premiers: Italie, Angleterre, France, Espagne.
José Mourinho : un Special One attendu au tournant
Le Special One n’est pas resté longtemps au chômage après la saison “ Horribilis” qu’il a connue à Chelsea en 2014-2015. C’était la première fois qu’il se faisait virer d’un club sur un échec puisqu’il a laissé les Blues dans le quartier des relégables en hiver avant que Guus Hiddink ne soit recruté pour sauver la maison bâtie par le milliardaire russe Abramovitch. Mais le Portugais à mis à peine six mois pour rebondir et revenir en Premier League par la grande porte. Celle qui donne sur le Théâtre des Rêves à Manchester United. Il rêvait en effet de succéder un jour sur le banc au légendaire Sir Alex Ferguson. Et il l’a fait avec deux années de retard. Chez les Red Devils, il a carte blanche et un budget XXL. Qui lui permet de faire venir des stars telles Zlatan Ibrahimovic et dont l’arrivée de Paul Pogba pour 125 millions d’euros pourrait être le diamant posé sur la couronne. Seul hic pour le triple champion d’Europe (Porto, Inter Milan , Chelsea), son équipe ne disputera pas la Champions League et sa mission première sera de replacer les Mancuniens sur le trône de la Premier League et de remporter donc le duel de géants et d’ego qui va l’opposer à son meilleur ennemi Pep Guardiola. Dans cette perspective, il a déjà remporté une victoire, petite, mais symbolique. En effet, un ancien du FC Barcelone, enfant de la Gardiola Team, l’attaquant Pedro, vient de lui prêter allégeance «J’ai changé d’avis sur lui. Cela change beaucoup de le connaître en face à face. Il a des valeurs, il respecte ses joueurs et exige beaucoup d’eux. Il te traite comme quelqu’un de sa famille”.
Antonio Conte: une âme de bâtisseur
Il a en commun avec Pep Guardiola et Carlo Ancelotti, c’est d’avoir connu sa nouvelle destination, comme entraîneur de club dès le mois d’avril. En effet, en souffrance en championnat malgré tous les efforts du Néerlandais Guus Hiddink, Chelsea avait jeté très tôt son dévolu sur Antonio Conte. A la différence que l’Italien n’a pas été débauché de chez un concurrent mais de l’équipe d’Italie avec laquelle il s’apprêtait à disputer la phase finale de l’Euro en France. Une mission d’ailleurs honorablement accomplie ( quart de finaliste) si l’on tient compte de la cascade de blessures qui avait décimé l’ossature de la Squadra Azurra. Les dirigeants des Blues ont dû apprécier le séduisant visage offert par l’Italie durant l’Euro et rêvent sans doute que Conte impose la même solidité défensive, le même liant et surtout le même état d’esprit combatif du côté de . Les premiers pas dans le marché des transferts vont dans ce sens avec le recrutement du milieu de terrain français de Leicester, Ngolo Kanté et celui du jeune attaquant de Marseille, le Belge MIchy Batshuayi. L’Italien n’est pas à la recherche du clinquant pour bâtir son groupe, voilà pourquoi il pense également au défenseur de Naples, Kalidou Koulibaly ou au défenseur polyvalent suédois Vitor Lindelöf de Benfica. Le chantier s’annonce difficile mais excitant face à une concurrence féroce animée par les deux Manchester, Arsenal, Tottenham sans oublier le champion sortant, Leicester.
Unai Emery :la grinta qui manquait à Paris
Au Paris Saint-Germain, il est la surprise du chef. Deux mois après avoir prolongé de deux saisons le contrat de Laurent Blanc, le président Nasser El Khelaifi déchire une page qui coûtera 22 millions d’euros au club pour faire signer le bouillant et brillant Unai Emery. L’Espagnol reste sur un triple succès consécutif et historique avec le FC Séville en Europa League. Des cinq entraîneurs cités dans ce papier, il est le seul à ne pas avoir une expérience et encore moins un CV en Champions League. Peu importe, le club parisien, qu’il vient de rejoindre, et lui, ont le même rêve: combler ce vide dans la plus prestigieuse des compétitions mondiales. Le natif de Fontarrabie arrive au moment ou le monument – qui aurait pu être encombrant – Zlatan Ibrahimovic a plié ses gaules pour rejoindre la Premier League. Le nouveau boss des Rouge et Bleu va avoir l’occasion d’imposer sa patte et ses hommes et surtout amener une grinta qui a terriblement manqué sous l’ère de Laurent Blanc en dépit de performances exceptionnelles sur le plan national avec deux quadruplés consécutifs.
@ Chehat Fayçal