Héros des JO 2012 et recruté par le FC Bâle, Salah s’est vite intégré au football européen. Chelsea s’empare du phénomène. Mais c’est en Italie, à la Fiorentina et à la Roma désormais, qu’il s’éclate.
Au tournant de l’hiver 2013, Mohamed Salah a la grande satisfaction d’être devenu un pilier du FC Bâle. Désigné meilleur joueur en Suisse, reconnu comme espoir numéro un par la CAF, les récompenses individuelles viennent honorer une progression régulière.Au plan international, il demeure marqué par un terrible échec avec les Pharaons. Invaincu pendant six matches et qualifié pour le dernier tour éliminatoire de Coupe du monde 2014 dans la zone Afrique, il a vécu l’impensable naufrage des siens face au Ghana à Kumasi (1-6). A l’issue de ce match de barrage aller, toute l’Egypte réclame la tête de son coach, l’Américain Bob Bradley. Au retour, un mois plus tard, il met un point d’honneur à aller chercher un succès au Caire (2-1), pour donner un peu de bonheur à ce jeune public sevré de matches. Un résultat trop court, certes, pour laver l’affront. Mais Salah n’en est qu’aux prémices de sa carrière et il se promet d’offrir un jour une qualification à son pays, et en particulier à son ami et mentor Aboutreika, qui a mis un terme à sa carrière internationale sans connaître le grand frisson d’un Mondial.
Toujours prêt à faire une place aux talents en friche, le football européen s’est entiché du jeune Egyptien qui, par deux fois, a fait chuter Chelsea en Ligue des champions 2013-14, et qui atteint la saison précédente les demies de la Ligue Europa. Liverpool se présente en première ligne dans la course à la signature de l’ancien prodige d’Arab Contractors. On parle même d’une indemnité de 14ME. Mais ce sera finalement Chelsea qui s’imposera. Plus convaincant, avec son image de club qui rafle tout sur son passage. Salah entre dans l’histoire comme le premier Egyptien recruté par un club du « Top Four ». La pression est immense sur les épaules du jeune homme qui a grillé les étapes depuis février 2012, et son départ d’Egypte à la suite du gel du championnat. Son talent n’est pas remis en cause, mais il lui faut rapidement s’adapter à un nouveau contexte sportif et surtout, à un nouveau championnat. Mourinho lui donnera une dizaine de matches pour s’exprimer et en mars, il inscrit son premier but en Premier League lors de la victoire (6-0) sur Arsenal. Le 5 avril, il est titularisé pour la première fois face à Stoke City. Il marque un but, donne une passe décisive et provoque un penalty (3-0). De quoi encourager son coach à le lancer d’entrée, ce qui sera le cas au cours des cinq derniers matchs de la saison. Très encourageant a priori…
Les débuts italiens de Salah vont être tonitruants. En l’espace d’un mois, il va marquer en championnat, en Coupe d’Italie dont son club dispute les demies ainsi qu’en Ligue Europa. Son bilan sera de 6 buts en 7 matches dans trois compétitions ! Au total, il joue 16 matches de Serie A pour 6 buts (26 matches, 9 buts toutes compétitions confondues). Son acclimatation aux rigueurs tactiques du football italien a été quasi immédiate. Sans surprise, car le garçon est brillant, intelligent tactiquement et avide d’apprendre. En quelques semaines, les supporters de la « Viola » ont adopté ce jeune Pharaon qu’ils ne connaissaient pas quelques jours plus tôt mais dont les prouesses se soldent systématiquement par un but ou une passe décisive. Pourtant, en dépit d’un séjour que l’on peut qualifier de réussi après les cinq derniers mois de blues chez les « Blues », il ne restera pas en Toscane au delà de ces six mois exceptionnels, à la grande déception de tous. La Fiorentina qui disposait d’une option d’achat de 16 ME plus 2 de bonus, l’a pourtant levée. Un effort logique consenti pour ce joueur au salaire estimé à 2,8 millions net par an. Dans le même temps, l’Inter a surenchéri, lui offrant un salaire supérieur (3 ME annuels) et en proposant 20 millions à Chelsea. Exit donc, l’offre de la Fiorentina, pour Roman Abramovitch. Mais le club toscan, qui s’estime lésé, va faire valoir une forme de priorité. Convoqué pour la reprise de l’entraînement en Toscane, Salah le sera aussi par Chelsea…
Après de longues semaines de discussions et d’hésitations, Mohamed Salah accepte de rester en Italie. Mais ce ne sera pas sous le maillot violet puisque Chelsea s’est mis entre temps d’accord avec la Roma du Français Rudi Garcia. Ce sera un nouveau prêt assorti d’une nouvelle belle option d’achat. Garcia, en fin connaisseur, le titularise dans son système et il sera d’ailleurs l’un des joueurs clés de la victoire (2-1) sur la Juventus, avec notamment un rôle défensif bien tenu face à Paul Pogba. En sélection nationale, l’Argentin Hector Cuper, à l’instar de Bradley avant lui, s’appuie sur son joueur évoluant au plus haut niveau. Buteur contre la Tanzanie en juin, dans le cadre des éliminatoires de la CAN 2017, il a récidivé il y a quelques jours face au Tchad (5-1). Mohamed Salah (23 ans) n’est qu’au tout début d’une carrière prometteuse. Il a déjà beaucoup voyagé, connu trois championnats européens, goûté à des titres en Suisse et en Angleterre, disputé une demie européenne. Depuis quelques jours, son transfert à la Roma fait l’objet d’une plainte déposée à la FIFA par la Fiorentina, et qui vise Chelsea. La Fiorentina fait valoir une « rupture de contrat unilatérale » de la part de Salah. Le joueur ne paraît en tout cas pas affecté par ce coup du destin. Il continue d’avancer. Sereinement et avec grâce.
@Samir Farasha