Cette année-là…
Après le triste épisode zaïrois lors de l’édition allemande, tout le monde attend avec un sentiment de curiosité mêlé à de la crainte, la sortie de la Tunisie en Argentine. L’unique représentant africain et arabe au Mondial 1978. Mais les Aigles de Carthage vont dès le premier jour dissiper les doutes. Dirigés par leur emblématique et efficace gardien de but, Saddok Sassi, plus connu sous le pseudonyme de Attouga, ils frappent un énorme coup en battant l’équipe du Mexique (3-1). Une formation habituée des phases finales et plutôt sur ses terres en Argentine.
Pourtant, les affaires des Rouge et Blanc commencent mal. Dans un stade Rosario à moitié plein, les Mexicains souffrent devant la vivacité du jeu maghrébin, mais ils finissent par ouvrir la marque sur penalty à la dernière minute de la première période. Un vrai coup de massue signé Arturo Vasquez. Nullement abattue, la bande à Chetali revient dans le match dix minutes après la reprise grâce à Ali Kaabi (55’). Perturbés par l’outrecuidance tunisienne, et l’allant collectif et individuel de leurs adversaires, les Mexicains finissent par craquer. Sous les coups de boutoir, d’abord de Nejib Ghommidh (79’), puis de Mokhtar Douieb (87’). En fait, la Tunisie a été peu mise en danger par l’équipe dirigée par José Roca.
L’Allemagne en échec
Le résultat est une énorme sensation dans le ciel argentin. Saluée comme il se doit par la presse internationale et par les coups de Klaxon et les sons de la zorna dans les rues de Tunis et de toutes villes du Maghreb. Les footballs arabe et africain viennent de signer leur première victoire dans une Coupe du monde. Une première qui ouvre les portes de la performance à d’autres.
Comme sonnée par son propre exploit, la Tunisie lâche du lest lors du deuxième match face à la Pologne. Cette dernière, auréolée de sa troisième place obtenue quatre ans plus tôt et prévenue du danger que représente les Aigles de Carthage, ne lâce pas le morceau et s’impose en toute fin de la première mi-temps grâce à un but de son buteur maison, Grzegorz Lato (43’). Une habitude tunisienne en quelque sorte. Un peu désabusés et sans doute fatigués par les efforts faits pour mettre à la raison le Mexique, le meneur de jeu Tarek Dhiab et ses coéquipiers ne trouvent pas la solution face à des Polonais au sommet de leur art. Après cet échec, in fine logique et honorable, tout le monde imagine que la Tunisie a mangé son pain blanc. D’autant que se profile l’Allemagne, un sacré adversaire lors de la troisième journée. Avec trois points dans son escarcelle, les Aigles de Carthage ne sont pas éliminés de la compétition. Mais qu’allaient-ils pouvoir faire face aux champions du monde en titre ?
Dans un stade Cordoba plein à ras bord et plutôt acquis à leur cause, les Tunisiens vont finalement tenir la dragée haute à la Manshafft, après une prestation héroïque. L’armada offensive germanique, dirigée par les Hansi et Dieter Mueller et Karl-Heinz Rummenigge ne trouvent jamais la faille dans la défense tunisienne ou le gardien titulaire, Attouga, a laissé la place à Mokhtar Naili. L’exploit est colossal. Pourtant, même avec quatre points au compteur, la bande à Labidi doit rentrer à la maison. Elle est devancée par l’Allemagne seulement à la différence de buts ( +6 contre +1).Laissant, pas si logiquement que ça, l’Allemagne et la Pologne filer vers les quarts de finale. Qu’importe, grâce à sa prestation d’ensemble, la Tunisie a montré le chemin de l’audace et du possible aux futurs représentants de l’Afrique et du monde arabe.
Le groupe
Gardiens : Saddok Sassi « Attouga », Lamine Ben Aziza, Mokhtar Naili,
Défenseurs : Mokhtar Douieb, Ali Kaabi, Mohsen Labidi Ridha Ellouz, Kamel Chebali, Omar Jebali.
Milieux : Nejib Ghommidh , Agrebi Ben Rehaiem, Tarek Dhiab, Khemais Labidi, Khaled Gasmi,
Attaquants : Temime Lakhzami, Mohamed Akid, Nejib Liman,
Entraîneur: Abdelmajid Chetali
@Fayçal CHEHAT