Les représentants arabes des éliminatoires de la zone Afrique du Mondial 2018 jouent tous très gros aujourd’hui à l’occasion de la 4e journée. Sauront-ils imiter la Libye, incroyable vainqueur de la Guinée hier soir(1-0) ?
Groupe A : la Tunisie en pole position
Après leur victoire (2-1) à Radès face à une RD Congo accrocheuse, les Aigles de Carthage affrontent de nouveau ce même adversaire ce soir à Kinshasa. Trois points séparent les joueurs de Nabil Maaloul de la bande à Cédric Bakambu, buteur en Tunisie. Pour s’assurer la mainmise du groupe et prendre une option quasi définitive sur la qualification, les Tunisiens auront-ils la bonne idée de s’imposer en terre congolaise ? Cette option est envisageable. Le challenge est périlleux car il est très difficile de faire un résultat à Kin. La dernière formation à s’y être imposée fut d’ailleurs la Côte d’Ivoire d’Hervé Renard, le 11 octobre 2014 (2-1) en éliminatoires de la CAN 2015.De plus, la victoire de la Libye contre la Guinée, lundi soir (1-0) a écarté un autre prétendant à la qualification finale, qui ne se jouera plus désormais qu’entre Tunisiens et Congolais.
On le sait depuis vendredi dernier, il y aura au moins un changement dans le onze rentrant par rapport au match de Radès : Hamdi Nagguez pourrait débuter en lieu et place de Yacine Taha Khenissi, le goleador espérantiste qui est suspendu pour ce match capital. Parmi les certitudes tunisiennes, il y a bien évidemment la solidité défensive, avec seulement un but encaissé (contre la RDC justement) en trois sorties. Et ce but, on s’en souvient, fut la conséquence d’un manque de communication entre le capitaine et gardien de but Mathlouthi et Rami Bedoui, toutes choses qui se corrigent donc.
Pour le reste, les Aigles de Carthage ont montré, après avoir marqué leur deuxième but contre la RDC, une certaine maîtrise dans le jeu. Ils n’ont jamais paniqué et s’ils ont essayé d’inscrire un troisième but, ils ne se sont pas totalement livrés aux contres adverses. Défensifs non, pragmatiques oui. Il leur faudra faire preuve d’une grosse maîtrise de leurs nerfs et d’un mental à toute épreuve pour résister à la pression congolaise, qui n’envisage rien d’autre qu’une victoire pour revenir à leur hauteur au classement.
Groupe B : l’Algérie près du gouffre
Après le désastre collectif de Lusaka et cette défaite 3-1 en terre zambienne, le retour des Fennecs à la maison n’a pas été de tout repos. Evidemment, il se dit que le règne du sélectionneur, l’Espagnol Lucas Alcaraz, pourrait être écourté rapidement après cette rencontre au stade Mohamed-Hamlaoui de Constantine. La conséquence de contreperformances terribles. On rappelle que le technicien ibérique officiait déjà sur le banc lors de l’élimination pour le CHAN contre la Libye…
Ce qui pose une fois encore problème chez les Fennecs, ce sont les largesses dont fait preuve le collectif sur le plan défensif. Avec sept buts encaissés (3 contre le Nigeria, 3 contre la Zambie, 1 contre le Cameroun), El-Khedra semble avoir perdu ce qui était l’une de ses forces du temps de Rabah Saadane et de la qualification pour le Mondial 2010 : sa solidité et sa rigueur en phase défensive. A l’époque, on vantait davantage les mérites du collectif algérien dans ce domaine que sa propension à développer un jeu léché.
La titularisation du jeune stoppeur Ilias Hassani en Zambie n’a pas convaincu. Le jeune homme n’a d’ailleurs eu droit qu’à 45 minutes avant d’être remplacé à la pause par Youcef Attal. Alcaraz a placé ce dernier à son poste de latéral droit et fait coulisser à l’intérieur Aïssa Mandi pour l’associer en charnière à Ramy Bensebaïni. Et ce binôme a été pris une fois à défaut, dans le temps additionnel, sur le troisième but zambien qui n’avait rien d’anodin puisque les Chipolopolo évoluaient à dix depuis déjà quarante minutes.
Privée de Mahrez, resté en Europe, le onze algérien a paru orphelin par instants de son leader technique. Bien sûr, Yacine Brahimi a livré un match correct, c’est d’ailleurs lui qui a offert un peu d’espoir en réduisant la marque à 2-1 juste avant l’heure de jeu. Mais les joueurs offensifs autour de lui ont livré des performances très insuffisantes, à commencer par le binôme Slimani-Soudani, pas du tout tranchant et souvent nerveux. Les entrées d’ Idriss Saadi et de Rachid Ghezzal ont apporté sang neuf et fluidité. En revanche, la prestation de Sofiane Hanni, d’ordinaire plus tranchant, a été très en-deçà de ce que le joueur d’Anderlecht peut apporter.
Avec seulement un point en poche – celui décroché il y a près d’un an à Blida contre le Cameroun – la qualification est devenue quasi inaccessible, d’autant qu’elle est promise à un Nigeria plus que séduisant. Il faudra tout de même offrir un meilleur visage à Constantine ce mardi soir, ne serait-ce que pour se faire pardonner la première période catastrophique en Zambie, et la défaite qui en a découlé…
Groupe C : le Maroc à un tournant
Séduisants et enfin très efficaces, les Lions de l’Atlas ont su parfaitement exploiter les faiblesses d’un Mali sans âme vendredi soir (6-0). Mais la victoire ivoirienne au Gabon (3-0) les condamne à courir après les Eléphants, et à espérer un faux pas des champions d’Afrique 2015. Pour autant, ce succès a largement rassuré l’opinion publique, mais surtout l’encadrement technique qui se désespérait de voir un jour son formidable potentiel offensif se libérer totalement.
En attendant l’hypothétique finale du groupe face à Gervinho et ses frères, le 6 novembre à Bouaké, le Maroc serait bien inspiré de confirmer sa belle victoire de l’aller en s’imposant ce soir à Bamako. Les Aigles maliens ne sont évidemment pas de cet avis, eux qui ont été très vexés par leur incroyable déroute. Il leur faut impérativement redorer leur blason après cette lourde défaite qui n’est pas du tout passée chez les suiveurs de la sélection pilotée par Alain Giresse.
La rigueur et la patience dont ont fait preuve les Marocains à l’aller, mais surtout leur maîtrise technique, nous permettent d’imaginer quand même que ces Lions-là ont la maturité tactique pour s’imposer dans un environnement compliqué. La pression sera davantage sur les épaules maliennes que sur les leurs. Malgré tout, on attend de ce Maroc une victoire en déplacement. La dernière date de mars 2016 et c’était à Praia, en éliminatoires de la CAN 2017 face au Cap Vert (1-0).
Hervé Renard, qui n’est pas homme à baisser sa garde, même après une superbe démonstration collective, invitera certainement son groupe à la prudence sur le gazon inégal de Bamako. Les Lions, dont on connaît la vitesse en contre-attaque, devraient donc débuter sur un tempo plus lent que d’habitude.
Mais, ainsi que l’a répété le technicien français au soir du succès de Rabat, la victoire n’aura servi à rien si le Maroc de Ziyech, triplement décisif pour son retour sous le maillot national (deux buts, une passe décisive), repart de Bamako sans aucun point.
Absent d’une phase finale de Coupe du monde depuis 1998, le Maroc rêve depuis près de vingt ans d’un retour à la table mondiale. Pour continuer à y croire et s’offrir une finale à Abidjan, il lui faut réussir un gros coup à Bamako. Pas impossible…
Groupe E : l’Egypte pour reprendre la main
Dominée (1-0) à Namboole par une Ouganda qui l’avait déjà pas mal secouée, on s’en souvient, lors du 1er tour de la dernière CAN à Port-Gentil (victoire à la Pyrhus des Pharaons 1-0), l’Egypte accueille les Cranes avec la ferme intention de repasser en tête d’un groupe qu’elle espère bien coiffer dans deux mois. Cinq jours se sont écoulés depuis la défaite en terre est africaine, et la bande à Mohamed Salah se retrouve désormais dans la peau du chasseur.
L’Ouganda se présente à Borg El-Arab, dans la grande périphérie d’Alexandrie, en qualité de leader d’un groupe et forte de certaines certitudes sur le plan défensif. On le sait, il sera bien difficile de tromper la vigilance de Dennis Onyango, le dernier rempart ougandais, élu meilleur gardien d’Afrique par la CAF l’an passé dans la foulée de sa victoire en LDC avec les Mamelodi Sundowns (AFS) et de sa qualification pour la CAN 2017.
L’Egypte, dont l’équipe locale vient de se faire éliminer piteusement par le Maroc sur la route du CHAN, reste également sur deux revers internationaux : sa défaite 1-0 en juin dernier en Tunisie, et donc cette déroute 1-0 en Ouganda. Dans les deux cas, l’indigence des prestations égyptiennes peut inquiéter. L’équipe, en dépit de multiples blessures, avait su élever son niveau au plan collectif durant la dernière CAN, et avait même réalisé une heure de très bon football – la seule du tournoi, du reste- en finale de la CAN 2017 contre le Cameroun. Mais la conséquence en avait été une défaite (2-1) dans les dernières secondes de la rencontre.
Depuis, le madré Hector Cuper, sélectionneur des Pharaons depuis deux ans et demi, est revenu à un jeu plus prudent, plus stéréotypé aussi, qui privilégie la conservation du ballon mais s’expose à des contres rapides. Aujourd’hui pourtant, Cuper devra impérativement faire preuve d’un peu plus d’ouverture et préconiser un football plus offensif, un peu à la manière de ce que proposait l’un de ses prédécesseurs, l’Américain Bob Bradley.
Parmi les interrogations de ces dernières heures, subsistait la question du gardien de but, Essam el-hadary, titulaire en Ouganda, souffrant d’une blessure au genou contractée lors du match aller. En cas de désistement du vétéran de 44 ans, c’est Ahmed El-Shennawy, son jeune alter-ego du Zamalek, qui hériterait du poste. Une autre question subsiste quant aux attaquants ou à l’attaquant qui évoluera auprès de Mohamed Salah.
Désormais sous pression, l’Egypte devra véritablement hausser son niveau pour battre un adversaire qui rêve d’une première participation à la Coupe du monde. Les Pharaons de leurs côtés, espèrent évidemment mettre fin à 28 ans d’attente, leur dernière apparition au festin mondial remontant à Italie 1990…
@Samir Farasha