Dernier représentant du football arabe à ne pas avoir encore débuté, la Tunisie affrontait l’Angleterre, l’un des possibles outsiders du tournoi russe. Elle s’est inclinée dans le temps additionnel. Une performance décevante qui pose question sur la manière.
Comme l’Egypte avant elle, comme le Maroc aussi, elle a encaissé le but qui validait sa défaite dans les tous derniers instants de la rencontre. Comme ceux-là, elle a concédé ses buts sur coups de pied arrêtés, une constante chez les représentants arabes et africains. Comme eux enfin, cette Tunisie n’a jamais montré son vrai visage, celui qu’on avait entr’aperçu et apprécié lors des derniers matches de préparation, contre la Turquie et le Portugal (2-2) .
L’Angleterre est donc repartie vainqueur (2-1) de sa première apparition dans le tournoi et sur ce que l’on a vu, c’était amplement mérité. Les hommes de Southgate ont pris le contrôle de la rencontre d’entrée, avec Dele Alli et Lingard dans l’entrejeu pour donner le tempo.
La Tunisie, elle, a subi. Beaucoup. En première période, premier coup du sort, elle perd son gardien, Moez Hassen, titularisé à la place de Mathlouthi, et blessé à l’épaule gauche. Héroïque, il encaisse un but du « prince » Harry Kane en deux temps (11e) avant d’être remplacé quelques instants plus tard par… Ben Mustapha.
L’Angleterre, au jeu vif, à une ou deux touches, donne le tournis à la défense des Aigles de Carthage qui repoussent comme ils peuvent. Ben Mustapha s’emploie à plusieurs reprises, de même que Syam Ben Youssef. Meriah, son alter ego dans l’axe, souffre, de mêlme qu’Ali Maaloul dans son couloir gauche. On peine à reconnaitre les fringants Tunisiens.
Le jeu offensif des Aigles est quasi inexistant. Titularisé après sa longue blessure au psoas qui l’a contraint aux soins et au repos pendant de longues semaines, Wahbi Khazri peine à donner l’impulsion à ses coéquipiers. Anice Badri, si attendu, est invisible. Derrière eux, heureusement, Skhiri et surtout Ferjani Sassi veillent. Ils grattent quelques ballons et n’hésitent pas à commettre des fautes aux trente mètres pour casser les offensives anglaises.
Alors que l’Angleterre multiplie les occasions et manque l’immanquable, notamment par Sterling, décevant, Fakhreddine Ben Youssef, alias « Errougi », obtient un penalty sur une faute idiote dans la surface de Walker. Sassi transforme la sanction à ras de terre, que le gardien Pickford ne peut qu’effleurer (35e, 1-1). Un résultat inespéré, d’autant que Lingard, sur un contre dans le couloir droit, devance tout le monde, y compris le gardien tunisien, et place un ballon… sur la base du poteau gauche (45e). Le nul à la pause est généreux pour les Tunisiens.
Pas de joker face à la Belgique
En seconde période, et à la demande de Nabil Maaloul, les Aigles de Carthage tentent de fortifier un peu plus les abords de la surface de réparation. Ben Youssef, le buteur, se retrouve le plus souvent en position de latéral droit pour colmater les brèches, et il le fait plutôt bien.
L’Angleterre bute aux abords des 18 mètres, et Southgate fait quelques changements afin de trouver la solution. La Tunisie, repliée sur elle-même, ne prend pratiquement aucun risque sur le plan offensif. Remonter le ballon est, il est vrai, presque impossible. Khazri n’a pas le rythme. Seul Naïm Sliti, par ses dribbles et sa fougue, aura tenté quelque chose mais il était trop esseulé pour espérer récolter quoi que ce soit.
Le temps passe, inexorablement et les Aigles de Carthage s’accrochent à ce nul plus que flatteur, sans rien offrir de positif sur le plan offensif. Dans ce cas-là, il faut être exemplaire dans le repli et le marquage défensif. Ce ne sera pas le cas sur le dernier corner, dans le temps additionnel. Harry Kane, de la tête et seul au second poteau, reprend une première tête de l’excellent Maguire (90e+1, 2-1). La Perfide Albion est récompensée de ses efforts, elle qui a tant dominé ce match qu’elle aurait dû « tuer » en première période. Comme face à l’Espagne lors de son dernier match de préparation, une dernière faute de concentration et de marquage dans les ultimes minutes lui aura coûté très cher. A méditer.
La Tunisie subit le même sort que l’Egypte et le Maroc, battus d’un seul but pour leurs débuts. Difficile de parler de regrets quand on a si peu démontré sur le plan offensif. Bien entendu, on a retrouvé le mental et le caractère de cette formation. Mais elle a joué contre nature sans rien proposer. Un nul était déjà un résultat exceptionnel en soi. Pour ne pas avoir essayé plus, elle est punie par meilleure qu’elle. Plus que le résultat, c’est encore la manière qui aura fait défaut chez les Aigles de Carthage, qui devront montrer toute autre chose dimanche en début d’après-midi face à la Belgique, vainqueur 3-0 du Panama. Une nouvelle défaite, et c’est le retour assuré à Tunis…
@Samir Farasha