Dernière des nations arabes à débuter dans le tournoi russe, la Tunisie ouvre ce lundi soir à Volgograd contre l’ogre anglais. Une entrée en lice compliquée…
Vingt ans après le stade vélodrome de Marseille et le Mondial en France, l’histoire bégaie. Les Aigles de Carthage entrent en lice ce soir face à la redoutable Angleterre. Un choc que les hommes de Nabil Maaloul ont préparé avec minutie, du côté de Moscou où ils sont installés depuis une huitaine de jours.
De toutes les équipes arabes et africaines qui se sont préparées au Mondial 2018, la Tunisie est d’ailleurs celle qui a le plus convaincu. Sur le plan technique, tactique et même mental. Elle s’est libérée contre le Portugal (2-2) et la Turquie (2-2). Et n’a perdu que dans les toutes dernières minutes face à l’Espagne (0-1). Encourageant, donc.
Mieux, elle a subitement tourné le dos à un football plus calculateur, plus « italien », qui ne nous séduisait pas forcément, pour proposer un jeu nettement plus attrayant. Au grand plaisir du public et des observateurs. La prise de risque s’est avérée payante.
Reste que, face à l’Angleterre des Dele Ali, Harry Kane et Marcus Rashford, la Tunisie s’emploiera d’abord à bien défendre collectivement, le plus haut possible certainement. Elle procédera en contres, et elle ne manque pas d’arguments dans ce domaine non plus.
L’équipe qui sera alignée n’a évidemment aucune expérience de la Coupe du monde, et pour cause puisque le pays ne s’est plus qualifié depuis 1998, mais elle dispose d’un vécu collectif intéressant en Coupe d’Afrique des Nations.
Quelques interrogations subsistent pour l’heure sur la composition du onze de départ. Nos confrères de Kawarji annoncent la formation suivante : Mouez Hassen – Ali Maaloul, Yassine Meriah, Syam Ben Youssef, Dylan Bronn – Ferjani Sassi, Mohamed Amine Ben Amor – Anice Badri, Ellyes Skhiri, Naim Sliti – Wahbi Khazri. Leader offensif et redoutable tireur de coups de pied arrêtés, Khazri a observé depuis les tribunes ses coéquipiers lors des trois matches de préparation puisqu’il soignait une blessure au psoas, qui l’a contraint à s’arrêter depuis fin avril.
Interrogé par nos confrères français de Ouest France, Khazri a rassuré sur son compte : « Je vais bien. Ça va de mieux en mieux. Je ne suis peut-être pas capable de jouer 90 minutes, mais ce qui importe réellement, c’est que je puisse aider la Tunisie. Je ne suis pas le leader, c’est tout l’équipe qui a ce rôle ». Le joueur de Sunderland, prêté la saison dernière au Stade Rennais, ne cache pas ses ambitions avec son équipe nationale : « L’objectif est d’atteindre le second tour, ce serait quelque chose d’extraordinaire pour la Tunisie, pour un pays africain même. Notre force ? On est soudés, on aura aussi beaucoup d’insouciance. Il faut le prendre comme une force, pas comme un manque d’expérience ». Khazri joue également une partie importante sur le plan personnel puisque son club a été relégué de D2 en D3 il y a quelques semaines, et qu’il cherche un nouveau point de chute après la Coupe du monde. En France ou ailleurs en Europe.
Wahbi Khazri est apte au combat
Le numéro 10 tunisien n’est pas le seul joueur dont devra se méfier l’Angleterre. Les ailiers Naïm Sliti et Anice Badri se sont montrés particulièrement en forme lors de la phase de préparation. Le second a marqué deux buts. Reste à savoir qui, de Mouez Hassen ou de Mathlouthi, Maaloul alignera dans le but. Hassen a joué les deux premiers matches, et « Balbouli » a été titularisé contre l’Espagne, récupérant au passage son brassard de capitaine. Alors, l’expérience ou la fougue de la jeunesse pour défier la Perfide Albion ?
La présence dans la coulisse de Youssef Msakni, blessé mais aux côtés de ses copains, ne sera pas de trop pour motiver ces Aigles de Carthage dont on sait qu’ils ne sont pas du genre à paniquer ou à s’inquiéter. A eux désormais de transformer la confiance accumulée depuis mars en force.
L’Angleterre aurait bien tort de prendre de haut cette équipe sans star. La Tunisie puise son énergie dans cette force collective. Les binationaux qui ont rejoint le nid des Aigles se sont bien intégrés eux aussi, à l’image des Skhiri, Khaoui, Hassen et Srarfi.
Un match nul serait évidemment un résultat très positif, Maaloul signerait certainement pour cela ! Il serait alors porteur d’espoir pour ce groupe, et remonterait le moral d’un public arabe et africain qui, pour l’instant, n’a pas eu la moindre occasion de se réjouir depuis le début de la compétition…
@Samir Farasha