Qualifiés depuis la 5e journée, les Pharaons sont allés chercher un résultat positif au Ghana (1-1) avec une équipe totalement remaniée. Une vraie satisfaction pour Cuper.
Evidemment, c’était un match « pour du beurre ». Le Ghana éliminé avait d’ailleurs décidé de recevoir à Cape Coast, et alignait un groupe avec seulement trois visages très connus : le latéral droit Harrison Afful, capitaine du jour et ancien de l’Espérance de Tunis ; le milieu Mubarak Wakaso de retour, enfin le défenseur Amartey, coéquipier de Mahrez à Leicester.
Un match loin d’être amical
Côté Pharaons, et puisque le ticket pour le Mondial 2018 était en poche depuis l’avant-dernière journée des éliminatoires, l’Argentin Cuper avait lui aussi décidé de procéder à une très large revue d’effectif, en l’absence de la star nationale Mohamed Salah, non convoqué. Le brassard était confié au gardien du Ahly Ekramy et c’est Amr Marei, l’attaquant à la longue crinière de l’Etoile du Sahel, qui se retrouvait seul en pointe pour sa première cape, appuyé sur les côtés par Trezeguet à droite et Sobhi à gauche. Juste derrière lui, le vétéran Shikabala, et derrière cette ligne de trois, Neny et Sam Morsy (Wigan). Ali Gabr, le « Ministre de la défense », récupérait l’axe central en l’absence de Hegazy, en partenariat avec Rabia. Et Karim Hafez, le latéral gauche de Lens (L2 FRA) était titularisé lui aussi.
La rencontre, loin d’être si amicale, voyait le Ghana bien décidé à terminer sur une note positive. Mais l’Egypte, fidèle à une stratégie bien maîtrisée, tenait son adversaire à distance du but. Et la plus belle occasion de but, juste avant la pause, était l’œuvre de Trezeguet qui débordait avant d’adresser une frappe tendue détournée par Richard Ofori.
Le Ghana était encore tout proche d’ouvrir la marque à la 49e sur une frappe de Shikabala, qui a retrouvé des couleurs en Arabie saoudite (Al-Raed) et se montrait très dangereux dans ce rôle de meneur axial.
A l’heure de jeu, c’est donc logiquement que les Pharaons prenaient l’avantage sur une belle action : côté droit, Trezeguet centrait en retrait vers le point de penalty. Shikabala récupérait le ballon, évitait le stoppeur ghanéen et décochait une frappe croisée tendue à mi-hauteur sur laquelle Ofori ne pouvait rien (1-0, 61e). Un avantage logique et mérité, mais de courte durée.
Quelques instants plus tard, l’excentré Edwin Gyasi égalisait d’une vingtaine de mètres, sur une frappe légèrement détournée par le dos d’un de ses coéquipiers, et qui prenait Ekramy à contrepied (1-1, 64e). Les Black Stars, sentant leurs adversaires dans les cordes, tentaient alors d’inscrire le but du KO très rapidement. Mais les Pharaons, acculés dans leurs trente mètres, repoussaient sans prendre de risque et surtout, sans paniquer. A mesure que le match s’approchait de la fin, les débats se rééquilibraient et chaque équipe procédait à ses derniers changements. Mais le Ghana ne voulait pas sortir de cette campagne éliminatoire sans avoir pris sa revanche sur l’équipe qui l’écarte de sa quatrième Coupe du monde d’affilée. Les protégés de Kwesi Appiah, battus 2-0 à Borg El-Arab en début d’éliminatoires (2016) puis 1-0 au 1er tour de la dernière CAN, se ruaient sur le but d’Ekramy.
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Des Pharaons bien armés pour la suite
Ce dernier, dans le temps additionnel, réalisait une double parade, fruit de réflexes incroyables. Il repoussait une première frappe sur une belle horizontale puis boxait le ballon qui revenait vers le but, alors que les attaquants ghanéens allaient le pousser au fond. Un défenseur égyptien écartait enfin de la tête ce ballon si près de donner la victoire aux locaux (90e+4).
L’Egypte est donc repartie de Cape Coast avec ce résultat positif, et quelques certitudes sur les entrants du jour. Hector Cuper a pu noter que Shikabala était redevenu lui-même après trois ans d’absence en sélection. Les Pharaons, s’ils n’ont pas forcément brillé, ont livré une rencontre sérieuse, en faisant preuve d’une grande discipline sur le plan tactique. Les entrants ont su faire oublier Hegazy, Salah, Abdulshafi entre autres.
De retour en phase finale de Coupe du monde après 27 ans d’absence, les Pharaons ont rassuré leur staff et leur public. Les vice-champions d’Afrique ont terminé sur une note optimiste cette campagne alors que nombre d’observateurs annonçaient une fois encore, mais à tort, une qualification du Ghana. Ils ont désormais six mois pour préparer sereinement le grand festin international. Sur ce qu’ils démontrent depuis deux ans, armés de cette solidité défensive et surtout une culture tactique que leur envient de nombreux adversaires sur le continent africain, ils devraient rendre une copie encourageante en Russie.
@Samir Farasha