L’Algérie, emmené par son nouveau sélectionneur Georges Leekens, joue une partie de son destin de mondialiste en rendant visite ce samedi au leader du groupe B, le Nigeria, pour le compte de la deuxième journée des éliminatoires à la coupe du monde 2018. Les Fennecs, qui ont déjà brulé deux points sur leur parcours en faisant match nul avec le Cameroun (1-1) en octobre dernier à Blida, se doivent de revenir d’Uyo avec un résultat positif s’ils veulent conserver une chance de qualification. Reste que plusieurs inconnues accompagnent le déplacement de l’Algérie sur les terres peu accommodantes des Super Eagles.
Un baptême du feu spécial pour Leekens
On imagine sans peine que Georges Leekens aurait préféré connaitre de meilleures conditions de travail au moment où il a été intronisé à la tête de la sélection algérienne de football, le 27 octobre dernier. Nommé deux semaines avant le périlleux et décisif match face aux Nigérians, le Belge de 67 ans n’aura disposé que de quelques jours, lors du court rassemblement de Sidi Moussa, pour découvrir son groupe et tenter de concocter un plan de bataille visant à contrecarrer les camarades d’Iheanacho. Pour le rendez-vous de samedi après midi (17h30 heures algériennes), le Flamand, faute de temps, devrait logiquement s’appuyer sur le travail tactique effectué par ses prédécesseurs, Vahid Hallilodzic et Cristian Gourcuff. Il devra surtout axer la préparation du match sur l’aspect mental en redonnant confiance à une équipe qui a subi trop de changements (entraineurs comme joueurs) depuis leur fabuleux parcours au mondial brésilien, et en libérant ses poulains d’une pression entourant une rencontre annoncée comme cruciale. Nonobstant cette adversité, le natif de Meeuwen présente l’avantage d’être un familier de la mentalité du joueur arabe puisqu’il fût un bref sélectionneur d’El Khadra (six mois en 2003) et de la Tunisie (avril 2014 à juillet 2015). Ces deux expériences maghrébines et la maitrise du français, défaut reproché à l’infortuné Milovan Rajevac, peuvent se révéler positifs quand il s’agira de trouver les mots justes pour rebooster ses troupes.
Un lot d’absents et d’incertitudes
En allant défier le leader sur ses terres, l’ancien entraineur de Lokeren sait toutefois que la mission sera difficile. Elle le sera d’autant plus qu’il devra composer avec plusieurs impondérables. Une bonne partie du potentiel offensif algérien ne sera pas du déplacement. Ainsi manqueront à l’appel Rachid Ghezzal, Ryad Boudebouz et El Arbi Hilal Soudani qui ont décliné la convocation en raison de blessures. Dans le secteur défensif, Faouzi Ghoulam, pièce ô combien essentielle et rassurante chez les Fennecs, demeure quant à lui incertain bien qu’il ait fait le déplacement avec le reste de l’équipe. Si le Napolitain participe au match de samedi, il est à espérer que le latéral gauche pourra livrer une prestation à la hauteur de l’adversité qu’il croisera sur le terrain. Aux forfaits déjà actés, Georges Leekens devra imaginer un onze de départ physiquement compétitif avec certains joueurs cadres dont le statut de remplaçant en club n’est pas très rassurant. Quel sera le rendement de Rais M’bolhi, de Sofiane Feghouli ou de Carl Medjani qui ne jouent pas régulièrement dans leur équipe respective ? Face à des Nigérians hyper-motivés et dans un environnement humide et chaud, où le public pèsera de tout son poids, la titularisation d’éléments en manque de rythme peut se retourner contre son décideur.
Un Nigeria ambitieux
Si le ciel s’est un peu assombri au dessus de Riad Mahrez et de ses camarades, il est en revanche d’un bleu éclatant du coté des Super Eagles. Les partenaires d’Obi Mikel ont su prendre le chemin des éliminatoires à la coupe du monde 2018 par le bon bout. En allant s’imposer sur le terrain de la Zambie lors du premier match (1-2), la formation nigériane a non seulement pris un ascendant psychologique sur son groupe mais elle est désormais en capacité d’écarter quasi définitivement son adversaire direct le plus dangereux. Si elle venait à battre l’Algérie à l’Akwa Ibom Stadium, elle repousserait la troisième meilleure nation africaine au ranking FIFA à cinq longueurs. Une différence comptable qui serait alors difficile à rattraper quand on sait que les Algériens devront encore se déplacer au Cameroun et recevoir le Nigeria à domicile dans un match à forte pression si la qualification devait encore en dépendre. Gernot Rohr l’a d’ailleurs très bien compris en déclarant en conférence de presse d’avant-match l’importance que revêt cette opposition au sommet. « «On se prépare comme il se doit pour cette rencontre. Les joueurs se sont vraiment donnés à fond. Il y a une très lourde responsabilité sur nos épaules. Face à l’Algérie, il n’y aura pas de sentiments. Il va falloir gagner, c’est clair», a précisé le technicien allemand.Pour concrétiser son objectif , l’ex-défenseur des Girondins de Bordeaux pourra compter sur un effectif au complet avec les retours de blessure de Balogun, Ideye et Shehu. Seule l’absence prévue du gardien titulaire, Carl Ikeme Onora, viendra un peu gâcher ce tableau idyllique.
Si le Nigeria fait office de favori dans cette partie, l’Algérie ne part pas pour autant avec le statut de victime expiatoire. Quand on sait que la bande à Sofiane Feghouli ambitionne d’être la première génération à qualifier trois de suite les Verts pour un mondial, on peut penser que les Fennecs vont vendre chèrement leur maillot. En mars 2016, l’Egypte avait montré la voie en allant prendre un point chez le géant d’Afrique (1-1) – résultat qu’elle aurait pu par ailleurs bonifier si elle avait été un peu plus audacieuse – lors des qualificatifs pour la CAN 2017. Avec des caractéristiques de jeu quasi similaires, les Algériens seraient donc bien inspirés de suivre l’exemple égyptien.