Cet après-midi, l’Algérie, la Tunisie, la Mauritanie, la Libye et l’Egypte tenteront de rejoindre le Maroc déjà qualifié pour le 3e tour des éliminatoires de la zone Afrique du Mondial 2018. Etat des lieux.
Depuis le week-end dernier, on en sait un peu plus sur les chances et le potentiel des uns et des autres. On sait déjà que le Soudan, effacé et sans mordant aucun, ne sera pas du 3e et dernier tour de la zone Afrique. Eliminé sans gloire (1-0, 2-0) par la Zambie, ce Soudan rajeuni ne s’est pas montré « raccord » avec ses meilleurs clubs, le Hilal et El-Merreikh, demi-finalistes de la récente Ligue des champions d’Afrique. A cela, plusieurs explications : la fatigue extrême de certains joueurs clés – la saison se termine au Soudan – mais aussi le fait que les éléments importants de ces clubs sont le plus souvent des étrangers. Comme bien souvent par le passé, il va falloir rebâtir un groupe compétitif. L’absence du Soudan à la prochaine CAN U23 à Dakar, mais également à la 4e édition du CHAN au Rwanda, début 2016, est un sérieux indicateur du chemin qu’il reste à parcourir à ce football pour s’immiscer de nouveau dans le concert des équipes nationales d’avenir.
ALGERIE – TANZANIE (2-2)
Après le match nul inespéré décroché samedi dernier à Dar-es-Salaam, les Fennecs ne savent que trop bien ce que l’on attend d’eux : une qualification nette et sans bavure. En Tanzanie, l’équipe a navigué à vue. Dans le jeu lorsqu’elle était en possession du ballon, mais surtout en défense. Imprécise et peu concernée dans ce secteur, elle a été tourmentée pendant plus d’une heure par le trio Ulimwengu-Maguri-Samatta, qui est venu rappeler qu’en Afrique de l’Est aussi, le football progresse et recèle de nombreux talents. On s’en était déjà aperçu, faut-il le rappeler, lors de la double confrontation USMA – TP Mazembe, où évoluent justement Ulimwengu et Samatta. Dotés d’une condition physique exceptionnelle et bons manieurs de ballon, il ont constamment perturbé l’axe Mandi-Medjani, le Rémois ayant carrément bu la tasse par moments. Si heureusement, Islam Slimani a –encore- prouvé qu’il pouvait jouer les sauveurs en inscrivant à l’extérieur deux buts plein d’opportunisme, Christian Gourcuff n’a pu se réjouir de la prestation insuffisante de son groupe. Hormis le caractère montré par un Walid Mesloub dans l’entrejeu par exemple, on n’a pas reconnu la fringante équipe des mois passées. A Blida, dans son antre de Mustapha-Tchaker, l’Algérie va passer un test important. Dans le comportement collectif, défensif, mais aussi dans son rendement offensif. A Dar-es-Salaam, Belfodil ne s’est pas montré sous son meilleur jour et il a fallu attendre longtemps pour que Mahrez, pourtant en pleine bourre avec Leicester en Premier League anglaise, fasse parler ses qualités de passeur décisif. La Tanzanie n’est que le premier obstacle d’El-Khedra sur le chemin qui doit la mener en Russie d’ici un peu plus de deux ans : à elle de hisser son niveau de jeu et surtout, de se mettre à l’abri le plus rapidement possible. On n’oubliera pas de mentionner les absences regrettées des cadres Feghouli, Brahimi et Soudani, tous à même de donner à cette équipe l’impulsion qui lui a manqué voici quelques jours.
Notre pronostic : victoire de l’Algérie 3-1
TUNISIE – MAURITANIE (2-1)
A Nouakchott, la Tunisie a montré deux visages distincts : poussif, brouillonne et sans grande inspiration pendant près d’une heure. Menée au score très rapidement par des Mourabitounes bien en place et désireux de poursuivre sur la lancée de leurs récentes performances, elle a bafouillé son football. A la pause, Henri Kasperczak a décidé de se passer de Ferjani Sassi, jugé improductif dans son secteur, pour le remplacer par Mohamed Ali Moncer, plus entreprenant. Un quart d’heure plus tard, les Aigles de Carthage sont revenus au score (Khazri sur service de Chikhaoui) avant que « captain » Chikhaoui lui permette de passer devant de façon définitive. En plus du match à l’extérieur, la Tunisie a remporté la bataille du milieu de terrain. Et c’est sans doute en partant de ce constat que le sélectionneur franco-polonais va façonner son onze de départ. Où l’on peut s’attendre à retrouver Mohamed Ali Moncer. On peut aussi craindre que la Tunisie décide de renforcer son entrejeu pour bloquer son adversaire. Bref, que la Tunisie décide uniquement d’opérer en contre, en profitant des espaces libérés par le onze de Corentin Martins. Car c’est bien la Mauritanie qui va devoir prendre les devants si elle veut aller plus loin. Courageuse et ambitieuse dans son dispositif, elle a tout donné chez elle et ne fut pas loin de décrocher un nul moins pénalisant que cette défaite (2-1) sur son sol. Pour autant, les Mourabitounes vont devoir faire le jeu, une configuration qui ne déplaira pas à son sélectionneur. Il lui faudra cependant être plus efficace devant le but. Et surtout, moins naïve dans sa propre surface de réparation. Quand on est en présence de chasseurs de buts tels que Chikhaoui et Khazri, il est indispensable de les museler par un marquage strict. Ce que ne sont pas parvenus à faire les coéquipiers d’Oumar N’Diaye, capitaine et buteur l’autre soir. Dans ce contexte, pas sûr que la rencontre accouche d’un grand match en terme de jeu. Avantage à la Tunisie.
Notre pronostic : victoire de la Tunisie 1-0
EGYPTE – TCHAD (0-1)
Quand on rend une copie aussi médiocre que celle des Pharaons samedi passé à N’Djamena, on est en droit de s’interroger sur la motivation du groupe et son aspiration à développer du jeu. L’Egypte est totalement passée à côté de son sujet sur le synthétique de N’Djamena et jamais elle n’a paru en mesure de s’imposer. Centres ratés, circulation du ballon stéréotypée, passes imprécises, l’Egypte n’aura rien épargné à son sélectionneur argentin, Hector Cuper. Qui n’a pas dû comprendre ce même groupe avait infligé un terrible 5-1 au Tchad, sur ce même terrain, deux mois plus tôt. Comme le disait à l’époque feu Raymond Goethals, « c’était le jour et la nuit ». Reste que cette Egypte pourrait bénéficier d’un facteur que ne maîtrisait pourtant pas avant cette rencontre programmée à Borg El-Arab, à 30 kilomètres d’Alexandrie et devant 25 000 spectateurs : les Sao tchadiens étaient encore bloqués chez eux en milieu de matinée, à l’heure où nous écrivions, avant de voyager. Ou pas… De quoi affecter psychologiquement et physiquement un groupe certes talentueux mais pour lequel il sera certainement très compliqué de résister à des Pharaons revanchards. Revanchards mais affaiblis par des absences sur blessures. La dernière en date concerne le buteur en forme, Bassem Morsi (Zamalek), sorti blessé au Tchad et par conséquent incertain, laquelle s’ajoute à celle de Mohamed Salah (Roma). Par ailleurs, et compte tenu des pluies diluviennes qui se sont abattues récemment sur Alexandrie, on peut s’interroger sur les conditions météorologiques et la qualité du gazon. Toutes sortes d’éléments qui pourraient en revanche perturber l’Egypte dans sa quête de rachat. Sur sa valeur intrinsèque, l’Egypte doit pouvoir inverser la tendance. Mais, qui sait si le Tchad et ses joueurs, sur-motivés par un contexte défavorable, ne rangeront pas « un bus devant leur but » comme on le dit parfois, afin de bloquer les offensives égyptiennes. Un nul suffit ce soir au Tchad pour poursuivre son rêve. A condition toutefois que l’équipe rallie bien l’Egypte, sous peine d’être déclarée forfait…
Notre pronostic : victoire de l’Egypte 3-0
RWANDA – LIBYE (0-1)
Vainqueur sur terrain neutre – à Sfax, Tunisie – des Amavubi du Rwanda, la Libye aura certainement bien du mal à résister à cet adversaire survolté dès lors qu’il évolue à Kigali. Le petit but inscrit sur penalty après la mi-temps par Faisal al-Badri pourrait bien s’avérer insuffisant pour les hommes de Javier Clemente. La dernière fois que la Libye s’était déplacée à Kigali, le 31 mai 2014 en éliminatoires de la CAN 2015 – elle avait été laminée 3-0. Le jeune technicien nord-irlandais Johnny McKinstry, qui préside aux destinées des Amavubi, a cerné depuis longtemps déjà le mal qui ronge son équipe : elle ne marque plus. Et cela fait déjà cinq matches. Pas simple lorsqu’on affronte un adversaire dont la solidité défensive n’est plus à prouver lorsqu’on se souvient de son parcours jusqu’à la victoire finale lors du dernier CHAN en Afrique du Sud (série de nuls). A son avantage, le Rwanda jouera en altitude et sur son synthétique de Nyamirambo. Des éléments contrariants sans doute pour la jeune formation libyenne qui est arrivée à Kigali dès dimanche, preuve qu’elle prend cette confrontation avec grand sérieux. Si l’on se fie aux dernières performances des uns et des autres, il est peu probable que la rencontre accouche d’un match prolifique. Bref, la Libye a la place pour s’immiscer au 3e tour…
Notre pronostic : nul 0-0
@ Samir Farasha